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Attentat en Isère: le destinataire du selfie a demandé à l'Etat islamique l'autorisation de le diffuser

L'attentat commis par Yassin Salhi est bien de nature terroriste et "correspond très exactement aux mots d'ordre de Daech", l'organisation Etat Islamique, a estimé mardi le procureur de la République de Paris, François Molins. La tentative de faire exploser une usine chimique en Isère "ressemble à une opération martyr", a encore dit M. Molins lors d'un point de presse, estimant que ce caractère terroriste était ainsi établi, en dépit des affirmations de Salhi selon lequel ses actions avaient une motivation personnelle.


Un geste prémédité

La mise en scène de la décapitation et l'envoi de photos pour une éventuelle revendication, correspondent également aux actions de l'EI, a estimé le procureur. Il a précisé que Salhi était "visiblement régulièrement en relation" avec un Français parti en Syrie, "Younes", auquel il avait envoyé un selfie macabre pris avec la tête de son employeur, qu'il avait décapité avant son action dans l'usine chimique. Il avait accroché la tête de sa victime au grillage de l'usine, entourée de drapeaux reproduisant la profession de foi musulmane, qu'il a dit avoir "achetés la veille" de l'attentat, a précisé M. Molins. Le procureur a fait état d'un "témoignage indirect" selon lequel Younes aurait "demandé l'autorisation à l'EI de diffuser ces clichés". Faisant preuve d'une "mémoire sélective", Salhi a assuré aux enquêteurs n'avoir aucun souvenir de la mise en scène macabre ni de l'envoi de la photo, selon le procureur. "Tout son comportement démontre que dès la veille au soir il avait conçu son projet criminel terroriste", a-t-il poursuivi. Une information judiciaire pour assassinat en lien avec une entreprise terroriste a en conséquence été ouverte, a indiqué le procureur, dont le parquet a une compétence nationale en matière de terrorisme.


Une mise en scène digne du groupe terroriste de l'Etat islamique

Originaire de Pontarlier, dans le Doubs, Salhi est connu depuis le milieu des années 2000 comme appartenant à la mouvance salafiste radicale. Il gravitait alors dans l'entourage de Frédéric Jean Salvi, un délinquant converti à l'islam en prison et radicalisé, que les Indonésiens soupçonnent d'avoir préparé un attentat à la voiture piégée dans leur pays en 2010. Salvi, qui vit dorénavant au Royaume-Uni "en toute légalité", ne fréquente plus Salhi depuis 2003, a fait savoir son avocat Jérôme Pichoff. Le crime du 26 juin a été entouré d'un symbolisme macabre qui rappelle les mises en scène de l'organisation de l'Etat islamique (EI) dans les zones de jihad en Irak et en Syrie.  Hervé Cornara a été décapité, sans que l'autopsie n'ait permis jusqu'à présent d'établir avec certitude si l'acte avait précédé ou suivi sa mort.

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