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Aveyron: accusé d'avoir tué une Britannique, le jardinier clame son innocence

Accusé d'avoir assassiné son amante britannique en 2012 dans l'Aveyron, Jean-Louis Cayrou, un typographe devenu jardinier, s'est défendu lundi au premier jour de son procès aux Assises de Rodez, clamant à nouveau vigoureusement son innocence.

M. Cayrou, 54 ans, est accusé d'avoir tué puis d'avoir fait disparaître le corps de Patricia Wilson. Ancienne cadre dans la publicité, cette dernière a été vue pour la dernière fois le 17 août 2012 à son domicile situé près de Vabre-Tizac, commune rurale de l'Aveyron, au retour d'un voyage au Royaume-Uni.

Dans l'ancien corps de ferme, acheté par l'expatriée avec son compagnon britannique en 2008, de nombreuses traces de sang avaient été relevées par les enquêteurs, les menant à conclure à son décès présumé. Malgré d'importantes recherches, la quinquagénaire n'a jamais été retrouvée.

Ecroué en août 2012, M. Cayrou n'a eu de cesse de clamer son innocence, ce qu'il a continué à faire lundi à la barre.

"Ce n'est qu'un tissu de mensonges", a-t-il lancé après la lecture de l'acte d'accusation. Chemise bleue sous un pull gris, rasé de près, l'homme, qui risque la prison à perpétuité, s'est longuement exprimé sur son parcours.

Deuxième d'une fratrie de neuf enfants, M. Cayrou est né le 1er novembre 1961 d'un père maçon et d'une mère femme au foyer, à La Fouillade, un village de l'Aveyron.

Il passe un CAP de typographe et travaille dans différentes imprimeries de la région toulousaine pendant 15 ans. C'est après son divorce, en 1998, qui l'a selon ses termes "cisaillé", qu'il décide de quitter Toulouse. Lors d'une période qu'il décrit comme "très difficile", il coupe les ponts avec ses enfants et sa famille.

"C'est de là que je suis passé de la feuille de papier à la feuille de l'arbre", a résumé M. Cayrou.

Gérant d'un domaine viticole dans le Tarn, puis employé aux espaces verts de deux communes, il se met finalement à son compte et travaille comme jardinier pour le voisinage. Il rencontre alors Mme Wilson dont il deviendra le jardinier puis l'amant.

- "Maîtrise des émotions" -

L'accusé évoque à plusieurs reprises sa foi catholique, et quand on lui demande de se résumer en quelques mots, il parle de quelqu'un de "pondéré" mais de "pessimiste dans l'âme".

D'anciennes compagnes de M. Cayrou ont cependant évoqué lors de l'enquête un homme pouvant être violent et jaloux, ce que l'accusé a rejeté en bloc.

Selon l'accusation, M. Cayrou pourrait être passé à l'acte suite à la rupture imposée par Mme Wilson, fin juillet 2012.

"Ce qui m'a frappé, c'est l'absence d'émotion et d'anxiété", a estimé à la barre Marcel Danan, un expert-psychiatre qui a rencontré l'accusé en détention en janvier 2013.

"Il m'a paru avoir dans sa présentation une bonne maîtrise des émotions, qui ne laissait rien apparaître d'intime et de profond, que ce soit dans ses propos ou son attitude".

Soulignant que pour lui M. Cayrou n'avait pas de "trouble psychique", le médecin a parlé d'un "homme qui banalise tout" mais qui "n'a pas l'allure d'un jaloux" ni "d'un passionné".

Roselyne Tessier, une autre experte, a rejoint son confrère en évoquant à la barre "un air placide, qui contrastait avec la gravité des faits reprochés".

Parlant d'une "personnalité clivée", "capable de donner le change" mais "camouflant une intériorité tumultueuse avec des failles subjectives", Mme Tessier a évoqué une certaine "disqualification de la femme", provoquant de vives contestations de la part de l'avocat de la défense, Me Jacques Levy.

La mère de la disparue n'était pas présente, mais Donald Marcus, qui a été le compagnon de Mme Wilson et qui s'est réinstallé dans la maison de Vabre-Tizac où elle vivait, était sur les bancs des parties civiles.

Plusieurs dizaines de témoins doivent s'exprimer à la barre, dont des anglophones pour le compte desquels une interprète a prêté serment. Les débats, initialement prévus pour durer jusqu'à vendredi, ont été prolongés jusqu'au mardi 31 mai.

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