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Bahreïn: 72 citoyens déchus de leur nationalité pour violences

Bahreïn a annoncé samedi avoir retiré leur nationalité à 72 citoyens qui "ont nui aux intérêts du royaume", théâtre depuis 2011 de troubles animés par la majorité chiite qui réclame une monarchie constitutionnelle, a rapporté l'agence officielle BNA.

Selon l'agence, cette décision, qui a fait l'objet d'un décret, s'inscrit dans le cadre des mesures prises pour "préserver la sécurité et la stabilité et lutter contre les dangers et les menaces terroristes".

Les noms des 72 personnes ont été publiés par BNA.

"Les autorités compétentes au ministère de l'Intérieur prendront les dispositions nécessaires pour mettre en œuvre" la décision gouvernementale, explique BNA, sans plus de précision sur l'application de cette mesure.

Le ministre de l'Information, Issa al-Hammadi, a indiqué que "la plupart" de ceux déchus de leur nationalité "se trouvent à l'étranger et peuvent faire opposition auprès de la justice".

"Ils ne représentent pas un seul courant terroriste", laissant entendre qu'ils n'appartiendraient pas à une seule confession, a-t-il ajouté.

Parmi les raisons ayant motivé le retrait de la nationalité aux 72 Bahreïnis, le ministre a cité notamment "l'appartenance à des cellules et des groupes terroristes" et "le financement d'actes terroristes" mais aussi "l'incitation à un changement du régime par la force" et "la propagation des idéologies déviantes", une référence aux groupes islamistes extrémistes.

Il s'agit du plus grand nombre de Bahreïnis déchus collectivement de leur nationalité depuis l'entrée en vigueur d'une loi adoptée en 2013 et prévoyant cette sanction pour les auteurs d'actes qualifiés de "terroristes".

Le principal groupe de l'opposition chiite, Al-Wefaq, a dénoncé le retrait de la nationalité, devenue "une arme" que le régime utilise pour "punir les opposants".

"La plupart de ceux qui ont été déchus de leur nationalité samedi sont des opposants en exil", a ajouté le Wefaq dans un communiqué, estimant à une cinquantaine le nombre de ces opposants qui militent pour "une transition démocratique à Bahreïn".

Mais la liste comporte aussi les noms "de combattants à l'étranger qui auraient des liens avec Daesh", l'acronyme arabe de l'organisation Etat islamique (EI) opérant en Irak et en Syrie, relève le Wefaq dont le chef, Ali Salmane, arrêté fin décembre, est jugé pour avoir tenté de "changer le régime par la force".

En novembre, trois chiites bahreïnis avaient été condamnés à dix ans de prison chacun et déchu de leur nationalité pour avoir planifié un attentat contre la police. Peu auparavant, 18 autres Bahreïnis avaient été déchus de leur nationalité dans deux affaires différentes de violences.

En 2012, les autorités de Bahreïn avaient déjà déchu de leur nationalité 31 chiites pour "atteinte à la sûreté de l'Etat", sans décision de justice.

Petit pays dirigé par la dynastie sunnite des Al-Khalifa, Bahreïn --qui abrite la Ve Flotte américaine-- est secoué depuis février 2011 par un mouvement de contestation animé par la majorité chiite, qui réclame une véritable monarchie constitutionnelle.

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