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Bernard Squarcini, un as du renseignement à la réputation sulfureuse

Bernard Squarcini, 60 ans, puissant patron du renseignement intérieur sous Nicolas Sarkozy, dont il est très proche, est considéré comme un as dans ce domaine, mais sa réputation a souvent été écornée par des accusations de "cabinet noir".

Il a été mis en examen mercredi, notamment pour trafic d'influence et détournement de fonds publics dans une enquête en lien avec le groupe de luxe LVMH.

Nommé en 2008 à la tête de la toute nouvelle Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), "bébé" de Nicolas Sarkozy, il en avait été évincé en 2012 par la gauche revenue aux affaires. Il est aujourd'hui consultant privé de sécurité.

La DCRI, fusion de la Direction de la surveillance du territoire (DST) chargée de l'antiterrorisme et des Renseignements généraux (RG) qui ont disparu, avait été créée par le gouvernement Sarkozy se voulant un FBI à la française.

Devenue direction générale (DGSI) sous François Hollande et relevant directement du ministre de l'Intérieur, elle est, depuis sa création, le bras armé policier du gouvernement dans la lutte antiterroriste.

Surnommé "le Squale" ou "Squarc" dans la police, M. Squarcini, au physique plus proche des films de Michel Audiard que de ceux tirés de l'oeuvre de John le Carré, est fils de policier et petit-fils de berger corse.

Il a été nommé à la tête de la DST en juin 2007 après avoir été n°2 des RG, souvent qualifiés de "police politique" par ses détracteurs.

Il y a acquis sa réputation d'"as du renseignement", saluée par tous parfois sans nuances.

Aux RG, Bernard Squarcini était reconnu comme le spécialiste incontesté du terrorisme, qu'il soit basque, islamiste ou corse. Il est notamment le "tombeur" d'Yvan Colonna, l'assassin présumé du préfet Claude Erignac quand M. Sarkozy était à l'Intérieur.

- 'Premier cercle' de Sarkozy -

Jovial, rond, affable, le verbe facile - "rare pour un homme du renseignement", selon ses interlocuteurs -, mais connaissant le prix de la discrétion, M. Squarcini a notamment été adjoint au directeur régional des RG de Corse, de 1983 à 1988.

Très au fait des arcanes de l'île, il y passe régulièrement ses vacances et le sujet le passionne quitte à "fréquenter des gens infréquentables", selon un policier spécialiste des affaires corses.

C'est par cette connaissance du terrain corse qu'il se fait remarquer par M. Sarkozy rejoignant par la suite le "premier cercle" de ses hommes de confiance issus des rangs policiers, selon ses proches.

Ces "grands flics" sont encore aujourd'hui quasiment tous dans son entourage tel Frédéric Péchenard, ex-patron de la police nationale et actuel directeur général du parti Les Républicains.

Durant la campagne présidentielle de 2007, en dépit de problèmes de santé, M. Squarcini a "joué les démineurs" pour le futur chef de l'Etat, selon plusieurs témoignages, afin de "parer les coups".

Récompensé en prenant la tête de la DCRI, il n'a pas échappé aux critiques: le service antiterroriste, dont ce n'est pas la vocation, s'est retrouvé mêlé à plusieurs affaires d'espionnite et de "fadettes" visant notamment des journalistes enquêtant sur le dossier Bettencourt. Ou de "cabinet noir", un terme souvent accolé au patron de la DCRI durant sa carrière, qu'il réfute.

A la DCRI, il a su user de son habileté pour réussir ce "chantier sarkozien" et tisser des liens avec les services secrets du monde entier jusqu'en Libye.

"C'est un teigneux, un patient", disent ses proches, soulignant son amour des maquettes en bois et du bricolage.

Il s'est servi, observent des sources policières, de ses contacts lorsqu'il a créé en 2013 sa propre société d'intelligence économique, Kyrnos (Corse pour les Grecs anciens), dont le principal client est LVMH.

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