Accueil Actu

Brésil: les accusations contre Temer passent le cap de la Cour suprême

Une nouvelle étape a été franchie mercredi vers l'ouverture d'un procès contre le président Michel Temer, avec le rejet par la cour suprême d'un appel de ses avocats pour bloquer la procédure, qui a toutefois peu de chances d'aboutir.

La séance a été suspendue quand le score était de 7 à 1 contre ce recours, ce qui permet de soumettre cette demande de mise en examen à la Chambre des députés, seule habilitée à autoriser un procès.

Jeudi, les débats reprendront à Brasilia et trois juges doivent encore voter. Les autres pourraient en théorie changer leur vote, un scénario fort improbable.

"La parole est à la Chambre des députés", a annoncé le juge Roberto Barroso, au moment de justifier son vote.

Il s'agit d'un nouveau revers pour M. Temer, 76 ans, qui a multiplié les recours pour tenter de freiner une procédure qui pourrait lui coûter son mandat.

Si les deux-tiers des parlementaires considèrent cette demande recevable, le président sera alors écarté du pouvoir pour six mois, le temps d'être jugé. Cette éventualité est néanmoins jugée peu probable par la plupart des analystes en raison du fort soutien dont dispose M. Temer à la chambre basse.

En juin, une autre demande de mise en examen avait été présentée pour "corruption passive", mais le président était parvenu à sauver son mandat en obtenant une large majorité au Parlement.

La seconde demande concerne deux autres chefs d'accusation, pour "obstruction à la justice et participation à une organisation criminelle".

- Preuves contestées -

Le président est accusé d'être le "leader d'une organisation criminelle" qui aurait détourné 587 millions de réais (environ 158 millions d'euros au taux de change actuel).

Des dessous de table auraient été versés notamment dans l'objectif d'obtenir des faveurs pour des entreprises privées cherchant à décrocher des contrats avec des compagnies d'État, comme le géant pétrolier Petrobras.

Les avocats de M. Temer avaient présenté un recours pour empêcher bloquer la procédure le de déterminer si l'obtention de preuves a été entachée d'irrégularités.

Mais la majorité des juges de la Cour suprême décidé mercredi que le dossier devait être soumis au Parlement avant que cette question ne soit tranchée.

L'accusation est fondée principalement sur les révélations de Joesley Batista, un des propriétaires de l'entreprise, qui a déclenché un véritable séisme politique en remettant aux autorités un enregistrement sonore au contenu hautement compromettant pour M. Temer.

Dans cet enregistrement clandestin, rendu public en mai, le chef de l'État semble donner son accord pour l'achat du silence d'un ancien député aujourd'hui en prison.

Mais l'accord noué par les cadres de JBS en échange d'immunité a depuis été annulé et Joesley Batista placé en détention provisoire, soupçonné d'avoir omis de fournir des éléments aux enquêteurs.

Les avocats du président ont aussi déposé un autre recours, arguant que les accusations sont liées à des faits qui auraient été commis avant le début de son mandat.

Ce recours a été rejeté mardi par Edson Fachin, un des juges de la Cour suprême, mais la défense du président a demandé à ce qu'il soit analysé par l'ensemble des magistrats.

Michel Temer est arrivé à la tête du Brésil en mai 2016, remplaçant Dilma Rousseff (gauche), dont il était le vice-président, destituée pour maquillage des comptes publics.

Son mandat a été entaché de nombreux scandales de corruption qui éclaboussent aussi un grand nombre de ses proches collaborateurs, mais il est parvenu à s'accrocher au pouvoir contre vents et marées.

Fortement impopulaire, le président dispose néanmoins d'un atout de taille: le soutien des marchés, qui voient d'un bon oeil ses mesures d'austérité pour assainir les comptes publics dans un pays qui émerge lentement de la récession.

À la une

Sélectionné pour vous