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Britannique disparue en Aveyron: les éléments à charge détaillés

Traces de sang dans la voiture, allers-retours "inhabituels" et aveux rapportés en détention: les enquêteurs ont détaillé mardi aux Assises de l'Aveyron les éléments à charge contre un jardinier accusé d'avoir assassiné une Britannique en 2012.

Jean-Louis Cayrou, 54 ans, clame son innocence depuis le début de l'enquête, qui n'a pas permis de retrouver le corps de Patricia Wilson, 58 ans, disparue un soir d'août 2012 à son domicile près de Vabre-Tizac, dans l'Aveyron.

Les gendarmes ont détaillé, mardi à la barre, les éléments qui ont mené à incriminer Jean-Louis Cayrou, le jardinier et ancien amant de Mme Wilson.

Dans la maison de la Britannique, où d'importantes traces de sang ont été retrouvées, ils relèvent 15 traces papillaires de l'accusé tachées de sang. Dans la voiture de ce dernier, le sang de Mme Wilson est retrouvé sur plusieurs objets, et d'autres traces de sang apparaissent, nettoyées, sur la portière, le volant et dans le coffre.

Les gendarmes ont par ailleurs consigné des allers-retours "inhabituels" de M. Cayrou entre l'Aveyron et le département voisin du Tarn dans les jours qui suivent la disparition, ainsi que des achats "suspects" de chaussures et d'une montre.

Eric Carbonnel, directeur de l'enquête, a aussi évoqué les "aveux" rapporté par deux codétenus de M. Cayrou en septembre 2012, au cours desquels il aurait dit avoir rejeté violemment Mme Wilson, avant de paniquer et de faire disparaître le corps.

"Pour moi, Jean-Louis Cayrou a tué Patricia Wilson, et c'est à lui de s'expliquer sur la raison et sur ce qu'il a fait du corps", a estimé M. Carbonnel. "Je pense qu'on a suffisamment d'éléments dans notre enquête pour le dire."

- "Erreur judiciaire" -

Placé en garde à vue de son propre chef en août 2012, M. Cayrou a changé à plusieurs reprises de version, affirmant d'abord ne pas s'être rendu sur les lieux le 17 août, avant d'expliquer avoir trouvé les lieux en l'état et avoir touché des objets par inadvertance.

La défense a vivement contesté ces éléments d'enquête, brandissant la perspective d'une "erreur judiciaire".

Soulevant des soupçons sur les codétenus "dont l'un était en instance de libération conditionnelle", l'absence de reconstitution dans l'enquête et le manque selon lui d'investigations sur un cambriolage de la maison environ un mois après la disparition, Me Jacques Lévy a interpellé l'enquêteur au sujet d'un véhicule C15, que l'accusé a déclaré avoir vu le soir de la disparition.

"Chercher une C15 en Aveyron" revient à "chercher un taxi à Londres", a répliqué M. Carbonnel, ajoutant que cette déclaration était arrivé "en fin d'enquête".

"Vous l'appelez le +malfaisant+ dans votre rapport, ce n'est pas un terme sympa, vous ne devez pas l'aimer beaucoup", a ironisé Me Lévy.

"Vous avez décidé depuis le début que c'était lui le coupable, et c'est tout le cœur de ce dossier, au lieu d'aller chercher à droite et à gauche, on a dit c'est lui", a-t-il lancé, suscitant l'approbation de M. Cayrou dans le box.

Mardi matin, à la barre, trois anciennes compagnes de l'accusé avaient évoqué un homme qui pouvait être "violent" et "jaloux", un portrait contrastant avec les témoignages de la famille et des anciens employeurs de M. Cayrou.

Son ex-femme, qui a eu deux enfants avec lui, a déclaré qu'elle le pensait "capable" des faits qui lui sont reprochés, "mais que s'il l'avait fait, c'était par accident."

Au contraire, la veille, des témoins avaient parlé d'un homme "serviable", "généreux" et "travailleur".

Un médecin, qui avait confié son domaine à M. Cayrou et l'avait aidé à retrouver un travail après son divorce a affirmé son "intime conviction" qu'une "pareille affaire n'est pas possible."

"Il y a quelque chose qui n'est pas clair, net, qui ne correspond pas à son tempérament", avait martelé le témoin, alors que l'accusé pleurait dans le box.

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