Accueil Actu

Campagne de Sarkozy en 2012: quatre mises en examen pour de nouvelles dépenses, distinctes de Bygmalion

Trains, salles de meetings, tracts, sondages: les doutes des enquêteurs sur les dépenses de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012 dépassent désormais largement les fausses factures de la société Bygmalion.

Déjà mis en examen pour leur rôle, qu'ils contestent, dans le volet Bygmalion, quatre acteurs de la campagne l'ont été début janvier pour ces nouvelles dépenses, ont annoncé lundi à l'AFP des sources judiciaire et proches de l'enquête.

Il s'agit du directeur de campagne Guillaume Lambert, de son trésorier, le député Les Républicains Philippe Briand, de l'un des avocats de l'UMP (devenue LR), Philippe Blanchetier, et de l'un des deux experts-comptables.

"Me Blanchetier est intervenu comme avocat pour dire ce qui était légal. Il n'a jamais eu connaissance de ce qui était éventuellement illégal", a réagi son conseil Alexandre Varaut.

Jusqu'à l'automne, les enquêteurs se concentraient sur les 18,5 millions d'euros de fausses factures émises par la filiale événementielle de Bygmalion, Event et Cie, dont ils pensent qu'elles ont servi à masquer une explosion du plafond légal de dépenses (22,5 millions d'euros) provoquée par l'inflation de meetings dans la campagne.

Les enquêteurs se penchent désormais sur beaucoup d'autres factures. Ils s'interrogent notamment sur une ligne "présidentielle" dans le budget 2012 du parti, indiquant 13,5 millions d'euros de dépenses engagées, alors que trois millions d'euros seulement ont été communiqués dans le compte de campagne.

"C'est extravagant", a réagi l'avocat de M. Lambert, Christophe Ingrain. "Il s'agit de factures pour des prestations qu'il n'a pas demandées, payées avec des fonds qu'il ne détenait pas, exécutées par des sous-traitants qu'il ne connaissait pas et intégrées à une comptabilité, celle de l'UMP, à laquelle il n'avait pas accès", a argumenté l'avocat.

Lors de l'audition le 4 janvier de l'expert-comptable mis en examen, le magistrat s'était étonné de la baisse du coût du meeting de Villepinte, passé de six à trois millions d'euros "après la disparition d'un certain nombre de factures", a rapporté à l'AFP une des sources proches de l'enquête. Plaidant l'ignorance sur ces omissions, l'expert-comptable a jugé "légitime de s'interroger sur certaines d'entre elles compte tenu de ce que vous me montrez aujourd'hui".

- "Je préfère ne pas l'avoir vu" -

"Si toutes (les factures) n'y figurent pas, je répète encore une fois que je n'ai pas participé à l'élaboration du compte de campagne", a répondu de son côté un comptable de l'UMP, entendu comme témoin le 12 novembre. "Je dirais même que vu ce que vous me dites, je préfère ne pas l'avoir vu", souffle-t-il.

Évoquant une facture de 70.000 euros, le comptable lâche encore: "Si elle n'y est pas (dans le compte de campagne), c'est inquiétant".

Parmi les factures oubliées sur lesquelles les juges s'interrogent, celles de la SNCF pour des transports en train "pour le meeting de Villepinte" (51.338 euros) et "pour le meeting du Trocadéro" (329.352 euros); ou encore ces 206.637 euros réglés à un professionnel du BTP pour "l'aménagement du QG de campagne" qui a également donné lieu à des honoraires d'architecte (14.352 euros) et à des frais d'agence pour la location (13.503 euros).

Réservations de salles de meetings, sondages et études d'opinion, campagnes de "phoning", tracts... Le total des dépenses qui auraient été omises n'a pas été calculé à ce stade, selon une source proche de l'enquête. Leur caractère électoral pourrait être discuté par les mis en examen.

Seul politique à avoir reconnu la mise en place d'un système de fausse facturation pour dissimuler un dépassement, Jérôme Lavrilleux, ancien bras droit du patron de l'UMP de l'époque Jean-François Copé, avait affirmé cet automne que les comptes de campagne avaient "débordé de tous les côtés", bien au-delà du volet Bygmalion.

Nicolas Sarkozy, qui n'est pas judiciairement mis en cause, a qualifié de "farce" cette thèse d'un maquillage comptable dans le but d'éviter une invalidation de ses comptes de campagne. Quant à Guillaume Lambert, il conteste les coûts des meetings avancés par Bygmalion pour justifier la fraude. Les juges d'instruction attendent une expertise sur ce point.

À la une

Sélectionné pour vous