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Caroline était au Bataclan le 13 novembre 2015: "J'y ai perdu une partie de moi-même"

Le 13 novembre 2015, les attentats de Paris ont fait 130 morts et plus de 400 blessés. Caroline Langlade était au Bataclan ce soir-là et a toujours du mal à s'en remettre... Dans un livre intitulé "Sortie de secours", cette rescapée raconte SON 13 novembre. Dominique Demoulin, Catherine Van Zeveren et Denis Caudron l’ont rencontrée à Paris.

Le 13 novembre 2015, Caroline Langlade est au Bataclan. Il est 21h34, voici ce qu'elle écrit: "Soudain, un bruit de pêtard retentit. En bas, dans la fosse, les gens ressemblent à un champ de blés soufflés par le vent."

Et ce n'est pas le vent. La jeune femme se réfugie dans une loge. L'un des terroristes tente de forcer la porte. Le cauchemar dure 3 heures 30.

"Jusqu'ici, ces 3 heures 30, je n'en avais pas parlé par choix. La première année pour moi, ce n'était pas le bon moment. La deuxième, oui. J'ai commencé à avoir de plus en plus de recul sur ce que j'avais vécu et puis, il y avait plein de choses que j'avais déjà dépassées, comme des peurs, des angoisses, donc j'étais plus à même de pouvoir les analyser et les mettre par écrit", confie la jeune femme.

"Cette nuit-là, je me suis perdue moi-même", écrit Caroline.

L'homme peut être très très violent

"J'apparente cela à une fracture de l'âme. Pour moi, j'ai perdu une partie de moi-même. Au début, je pensais que javais perdu ma veste au Bataclan. Mais non, j'y ai perdu mon innocence, ma candeur, ma naïveté sur le monde. C'est ma capacité à croire fondamentalement que l'homme est bon. Ce soir-là, j'ai découvert que l'homme peut être aussi très très mauvais, très très dur et très très violent.."

Un mois plus tard, avec une autre survivante, elles créent l'association "Life for Paris", qui regroupe 250 victimes.

"Il y avait ce vrai besoin de retrouver les gens qui étaient avec nous, à côté de nous, le soir du 13 novembre, pour prendre des nouvelles, savoir comment ils allaient. Donc, cela a été vraiment hyper salvateur", raconte Caroline.

La jeune femme s'investit dans la défense des droits des victimes, en particulier, celles aux blessures invisibles mais toujours si réelles.

"J'ai des gros problèmes d'estomac où je perds beaucoup de sang, régulièrement dès que je stresse. J'ai des problèmes neurologiques traduits par des fourmillements ou des crampes où je suis dans le corps d'une personne âgée, donc voilà je découvre au quotidien tout ce que je ne peux plus faire. J'ai des acouphènes, à cause des explosions", énumère-t-elle. Et de compléter: "Chaque jour, je mesure un peu plus tout l'impact qu'à encore sur moi cet événement, aujourd'hui, au quotidien".

"J'ai beaucoup de mal à me projeter dans l'avenir"

Aujourd'hui, elle passe la main à la tête de son association. Elle s'intéresse aussi au stress post-traumatique et continue à avancer pas à pas.

"Après, je ne vous cache pas que je vis aussi beaucoup au jour-le jour depuis deux ans. J'ai beaucoup de mal à me projeter dans l'avenir. Je pense que d'avoir conscience que tout peut s'arrêter demain, cela a obscurci ma capacité de projection. Aujourd'hui, j'apprends à vivre au quotidien et c'est plutôt pas mal aussi", se contente-t-elle.

La jeune femme a écrit un livre intitulé "Sorties de secours", qu'elle a fini par trouver..

"Sorties de secours", un livre écrit par Caroline Langlade.

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