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Cérémonie d'hommage aux victimes des attentats: pourquoi avoir choisi le lieu des "Invalides", que symbolise-t-il?

Deux semaines jour pour jour après les attentats de Paris et de Saint-Denis, la France rend un hommage "national et solennel", vendredi, aux 130 morts et quelque 350 blessés des attaques jihadistes. Le lieu choisi, la cour de l'Hôtel des Invalides, est tout sauf anecdotique. Il présente les victimes des attaques comme des victimes de guerre.

Plus de 2.000 personnes sont attendues dans la cour d'honneur de l'Hôtel national des Invalides pour une cérémonie d'hommage aux victimes des attentats du 13 septembre, à commencer par les familles des victimes et des blessés. L'Elysée a souhaité une cérémonie de près d'une heure, "sobre, grave et solennelle". Une vaste tribune a également été érigée dans la cour pour accueillir, outre les proches des victimes et les blessés, les membres du gouvernement et le représentants de "l'ensemble des autorités de l'Etat prévues par le protocole de la République", selon la présidence.


Que représente l'Hôtel des Invalides ?

L’hôtel des Invalides est un monument parisien dont la construction fut ordonnée par Louis XIV. Cet édifice était destiné à abriter les invalides de ses armées. Aujourd'hui, il accueille toujours des invalides, mais également plusieurs musées et une nécropole militaire.

Le choix de la Cour des Invalides pour cette cérémonie d'hommage à des citoyens est totalement inédit, comme le rappelle Patrick Garcia, professeur d'histoire à l'université de Cergy-Pontoise, dans Le Figaro. "C'est complètement nouveau! On n'a jamais fait d'hommage aux victimes d'attentats de cette façon. En même temps, on n'a jamais connu une telle expérience et une telle réaction de la République. C'est le lieu le plus solennel, le plus symboliquement chargé. Il s'imposait dans cette logique de mêler tradition d'hommage et personnes d'une nouvelle catégorie", indique-t-il.

Mais outre l'aspect novateur, le professeur d'histoire relève, toujours dans Le Figaro, une connotation symbolique forte. "Les Invalides ont longtemps été le lieu de ceux qui ont donné leur vie pour la nation, des blessés militaires. C'est cette symbolique qui est reprise. Les victimes du 13 novembre sont élevées à un rang semblable à celui de héros militaires: des héros ordinaires. Cela ne revient pas à les transformer en combattants, mais il y a quand même un peu de cela: ces attentats constituaient un acte de guerre, c'est la guerre, donc ces victimes sont des victimes de guerre. C'est en tout cas tout le sens du discours tenu par François Hollande".


"C'est un mode de vie qu'ils ont voulu assassiner"

Le président de la République fera son entrée aux Invalides à 10H30 précises. Après les honneurs militaires et une Marseillaise, les noms des 130 personnes tuées dans les attentats seront égrenés. Leurs photos seront projetées sur les écrans géants. "Il est important que l'on prononce le nom de chacune des victimes (...) dont les visages, dont la vie, incarnaient cet idéal de culture, cet idéal de fête, cet idéal de partage, cet idéal d'amour", a souligné vendredi Jack Lang, l'ancien ministre de la Culture de François Mitterrand.

Puis François Hollande prendra la parole pendant une vingtaine de minutes pour "rendre hommage aux personnes décédées et blessées et, à travers elles, à la génération qu'elles représentaient", explique-t-on à l'Elysée. "Même s'il y a une grande diversité d'âges, d'origines et de parcours, ce qui ressort, c'est leur jeunesse", 35 ans en moyenne, souligne un proche du président.

"C'est le droit à la vie, c'est la liberté, c'est la culture, c'est une certaine forme de mode de vie, de civilisation, que (les auteurs des attentats) ont voulu assassiner", a encore souligné vendredi Jack Lang.


Quelques fausses notes

François Hollande a invité tous les Français à se joindre à cet hommage national en pavoisant leur domicile avec le drapeau tricolore dont le gouvernement a mis en ligne une version "haute définition" pour que tous ceux qui n'en possèdent pas puissent l'imprimer et l'afficher.

Quelques fausses notes toutefois dans cette unanimité : une poignée de familles de victimes ont refusé de s'associer à cet hommage, tel le journaliste Jean-Marie de Peretti, qui a déploré l'absence de "décisions fortes" au lendemain de l'attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier.


Frapper "ces terroristes au coeur"

Sur la scène internationale, François Hollande a poursuivi jeudi une offensive diplomatique visant à renforcer la coalition militaire internationale contre le groupe Etat islamique (EI), qui a revendiqué ces attentats. A Moscou, lui-même et son homologue russe Vladimir Poutine sont convenus de "coordonner et intensifier" leurs bombardements aériens en Syrie contre l'EI.

Dès jeudi, Berlin a proposé de déployer une frégate et des avions de reconnaissance et de ravitaillement pour participer au combat contre l'EI en Syrie. A Londres, le Premier ministre britannique David Cameron a exhorté son Parlement à autoriser l'aviation militaire britannique à frapper "ces terroristes au coeur".

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