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Les frères Kouachi ne savaient pas qu'ils détenaient un otage dans l'imprimerie: Lilian a passé la journée caché sous un carton, en contact avec la police

Les frères Kouachi prenaient une personne en otage dans l'imprimerie de Dammartin-en-Goële dans le nord-est de Paris depuis le début de la journée. L'assaut a élé finalement lancé par le GIGN vers 17h00. Les deux terroristes ont été tués dans l'opération, tandis que l'otage a été libéré.

Les frères Kouachi, auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo, étaient retranchés dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële, une ville située dans le nord-est de Paris, ce vendredi. Des négociations non fructueuses ont eu lieu par téléphone alors que les tueurs avaient pris en otage une personne. "Nous souhaitons mourir en martyrs", avait précisé l'un des deux terroristes lors des négociations.


L'assaut donné

A 16h57, le GIGN (gendarmes d'élite) a finalement lancé l'assaut sur le bâtiment. Des tirs et exposions ont été entendus. De la fumée puis du feu sortant du bâtiment ont été vus en direct. Il y a eu deux salves de tirs en tout. Les échanges de tirs ont duré 10 minutes en tout. Des tireurs d'élite ont été aperçus sur le toit où s'est ensuite posé un hélicoptère de la protection civile. En fait, les deux terroristes sont sortis en tirant à la Kalachnikov sur les forces de l'ordre, ce qui a entrainé leur neutralisation immédiate.


L'otage n'en était pas un: ils n'ont jamais su qu'il se cachait là... mais lui pensait ses collègues morts

Finalement, à 17h18, l'information officielle tombait: les frères Kouachi sont morts durant l'opération. Celle-ci est un réel succès puisque l'otage, un employé de l'imprimerie, est sain et sauf. "L'otage, un homme de 26 ans, qui s'était cloîtré depuis le début dans une des pièces de l'entreprise, est indemne", a déclaré une source proche de l'enquête. Lilian, un graphiste de la société, a passé la journée caché dans un carton et en contact avec les gendarmes à qui il donnait de précieux conseils. Selon notre journaliste sur place Edouard de Mareschal, les deux terroristes ne savaient même pas qu'un homme se cachait dans le bâtiment qu'ils avaient investi! La famille avait tenté de le joindre entre 9h et 11h en vain. Son père, très angoissé, avait finalement reçu un texto de son fils qui disait: "Je me suis caché au premier étage. Je crois qu'ils ont tué tout le monde. Dites à la police d'intervenir". A la fin de l'opération, il a été emmené par les gendarmes vers la cellule psychologique où il a retrouvé ses parents.


Un gendarme blessé

A la fin de l'opération, des dizaines d'ambulances et voitures de police se sont rendues sur les lieux. Un membre du GIGN a été blessé dans l'opération. Ses jours ne sont pas en danger, même si une source différente parle, elle, d'un gendarme grièvement blessé.

Plus tôt dans la journée


Ils avaient car-jacké une voiture et ont été pris en chasse

Les deux hommes ont fait irruption dans cette imprimerie "Création tendance découverte", située au 27 rue Clément Ader, car ils tentaient de fuir la police. Quelques minutes plus tôt, un échange nourri de coups de feu avait eu lieu avec des policiers qui avaient repéré, à un barrage, une Peugeot 206 volée à une femme à quelques kilomètres au nord, à Montagny-Sainte-Félicité. Cette femme dit avoir reconnu les frères Kouachi, lourdement armés. "Il y a à peu près une heure et demi de ça, j’ai entendu deux coups de feu", rapportait à Europe 1 Mohamed qui se trouvait dans la zone industrielle où a lieu la prise d'otage. Il a vu dans la foulée arriver les forces de l’ordre qui "ont quadrillé tout le périmètre" et "ont bloqué la route des deux côtés." Le Parisien avait annoncé deux morts et vingt blessés, mais le parquet a démenti cette information.


Les habitants confinés chez eux: "C'est une zone de guerre!"

Les habitants de la ville ont été confinés chez eux, à la demande des forces de l'ordre. Les habitants de Dammartin-en-Goële et les personnes qui travaillaient sur la zone industrielle ont reçu ordre de s'écarter des fenêtres. "C'est carrément une zone de guerre", a témoigné sur BFMTV un homme qui habite à proximité de la zone industrielle. "On entend les hélicoptères voler au-dessus de nous". Le GIGN, le Raid et des commandos de l'armée ont été mobilisés. La sortie vers l'autoroute à Dammartin-en-Goële a été bloquée. Des dizaines de fourgons policiers ont été aperçus roulant à 100 km/h sur les deux bandes de l'autoroute vers Dammartin. Selon des témoins, au moins cinq hélicoptères ont survolé la zone.


La police les traquait dans cette zone

Depuis jeudi, les recherches des forces d'élite s'étaient concentrées dans une vaste zone rurale et boisée à quelque 80 km au nord-est de Paris, à cheval entre l'Aisne et l'Oise. Ce territoire picard offre de nombreuses possibilités de planques avait reconnu Yann qui habite le village de Corcy. "Ici, c'est compliqué pour retrouver quelqu'un, car il y a beaucoup de grottes. Le gars qui veut se cacher ici, il a toutes les opportunités. Il y a beaucoup de maisons inhabitées. Ils peuvent se réfugier n'importe où."


Lourdement armés

L'imposant dispositif des policiers du Raid et des gendarmes du GIGN, qui ont passé au peigne fin plusieurs recoins, avait été allégé durant la nuit. Mais les hélicoptères ont tournoyé encore plusieurs heures dans l'obscurité, et les membres des forces de l'ordre, armés et cagoulés, ont continué de contrôler de nombreux axes de la région. C'est dans cette zone que Chérif et Saïd Kouachi, 32 et 34 ans, avaient été formellement reconnus jeudi matin par le gérant d'une station-essence qu'ils ont agressé près de Villers-Cotterêts. Visage découvert, ils étaient armés de Kalachnikov et disposaient d'un lance-roquette dans leur voiture, selon la vidéosurveillance.


Radicalisés

Chérif était bien connu des services français: surnommé Abou Issen, il avait fait partie de la "filière des Buttes-Chaumont" pour envoyer des jihadistes en Irak, où lui-même entendait se rendre en 2005 avant d'être interpellé. Il avait été condamné pour ces faits en 2008 à trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis.

Saïd semblait plus discret. Mais selon un responsable américain et une source française proche du dossier, il s'était rendu au Yémen en 2011 pour s'entraîner avec Al-Qaïda au maniement des armes.


"Attentats de grande ampleur"

Au total, neuf personnes ont été placées en garde à vue dans l'enquête sur l'attentat. La tuerie dans les locaux de l'hebdomadaire satirique, régulièrement menacé depuis 2006 et la publication de caricatures de Mahomet, n'a pas été revendiquée. Mais ses auteurs, qui ont crié "Allah akbar" et "on a vengé le prophète" lors de l'attaque, ont été salués commes des "héros" par le groupe jihadiste Etat islamique actif en Syrie et en Irak.

De grands noms de la caricature tués

Les groupes jihadistes sont considérés comme une vraie menace par les autorités occidentales. "Un groupe de terroristes d'Al-Qaïda en Syrie projette des attentats de grande ampleur contre l'Occident", a prévenu jeudi le chef du service de renseignement intérieur britannique (MI5) Andrew Parker. Une très forte émotion a saisi la France après l'attaque dans laquelle ont notamment été tués certains des caricaturistes français les plus connus, comme Wolinski ou Cabu, père du "Beauf" et du "grand Duduche". Mais aussi Charb, Tignous et Honoré, des historiques de "Charlie" connus pour leurs dessins irrévérencieux, le chroniqueur économique Bernard Maris, deux policiers, une chroniqueuse, un correcteur, un invité de la rédaction et un agent de maintenance. Au lendemain de la journée de deuil national en France, marquée par un slogan -- "Je suis Charlie" -- et une minute de silence qui a figé le pays jeudi midi, "les imams de toutes les mosquées de France" ont été invités par les grandes fédérations musulmanes à condamner "avec la plus grande fermeté la violence et le terrorisme" lors de la grande prière du vendredi.

"Ce n'est pas la connerie qui va gagner"

Dimanche, ce sera le tour de "marches républicaines" à l'appel des principaux "partis républicains" de tous bords, de syndicats, d'associations et des grandes fédérations musulmanes. Mais "l'unité nationale" annoncée s'est fissurée, Marine Le Pen dénonçant "l'exclusion" du Front national, contre laquelle s'est également élevée l'UMP. L'hommage a dépassé les frontières. A Washington, le président américain Barack Obama s'est ainsi rendu jeudi soir à l'ambassade de France pour écrire "Vive la France!" dans le livre de condoléances. Les survivants de la rédaction de "Charlie" ont décidé de sortir mercredi un nouveau numéro tiré à un million d'exemplaires. "Ce n'est pas la connerie qui va gagner", a lancé l'urgentiste Patrick Pelloux, chroniqueur de l'hebdomadaire.


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