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Chelsea Manning, l'informatrice de WikiLeaks, icône transgenre

Militaire discret devenue symbole de la lutte contre les secrets des gouvernements puis icône transgenre, l'ancienne informatrice de WikiLeaks Chelsea Manning, 29 ans, a un parcours étonnant, couronné mardi par une remise de peine accordée par le président Barack Obama.

Lors de son procès fleuve en 2013, l'accusation avait présenté le frêle militaire au cheveux blonds rasés de près qui se tenait devant elle comme un être égoïste et téméraire, qui savait bien qu'en transmettant des documents secrets à WikiLeaks, ils seraient mis en ligne et consultés par les ennemis des Etats-Unis, en premier lieu Al Qaïda.

Son avocat David Coombs avait de son côté décrit celui qui s'appelait encore Bradley Manning comme un être "jeune, naïf et bien intentionné", poussé à divulguer les documents secrets après avoir avoir été choqué par ce qu'il avait vu en Irak.

Analyste du renseignement, il avait téléchargé puis envoyé au site internet, entre novembre 2009 et mai 2010, des milliers de documents classifiés du gouvernement américain sur les guerres en Irak et en Afghanistan, et 250.000 télégrammes du département d'Etat.

Juste après sa condamnation à 35 ans de prison, le jeune homme avait créé la surprise en manifestant sa volonté de devenir une femme, entamant un combat judiciaire pour obtenir de l'administration militaire le droit d'obtenir le traitement hormonal nécessaire.

"A partir de maintenant, pour cette nouvelle phase de ma vie, je veux que tout le monde sache qui je suis vraiment. Je suis Chelsea Manning, je suis une femme", avait-elle déclaré dans une brève déclaration lue sur NBC, en présence de son avocat David Coombs.

Fragile, mais déterminée et bien soutenue, Chelsea Manning a remporté une grande victoire en février 2015, lorsque l'armée avait annoncé qu'elle lui fournirait, dans sa prison, le traitement hormonal qu'elle demandait.

Mais Chelsea Manning a dû ensuite poursuivre son combat pour être traitée comme une femme, alors qu'elle est toujours détenue dans la prison pour homme de Fort Leavenworth (Kansas).

- Jeté dehors par son père -

La détenue qui a désormais une poitrine féminine et le droit de porter des sous-vêtements féminins, veut notamment porter ses cheveux plus longs que les 5 centimètres réglementaires.

Malgré ses nombreux soutiens, qui lui permettent de tweeter ou d'avoir une chronique dans le Guardian, Chelsea Manning a craqué plusieurs fois, faisant notamment deux tentatives de suicide en 2016.

Bradley Manning était entré dans l'armée en 2007 après une enfance abandonnée à des parents alcooliques dans une ferme isolée de l'Oklahoma (sud), passée à subir les quolibets de ses camarades en raison de son côté "intello" ou de ses troubles d'identité sexuelle.

Son homosexualité lui avait valu d'être jeté dehors par son père.

Après son arrestation, le jeune homme avait précisé qu'il ne s'intéressait qu'aux documents dont il était "absolument sûr qu'ils ne causeraient pas de tort" à la sécurité nationale.

Féru de géopolitique et de technologies de l'information, il avait expliqué qu'il voulait "provoquer un débat public sur les forces armées et la politique étrangère" des Etats-Unis.

Mais la "fuite" du siècle avait provoqué une tempête dans la diplomatie mondiale et la fureur des Etats-Unis.

Ses partisans, eux, avaient même lancé une pétition pour qu'il obtienne le prix Nobel.

"Je n'ai pas complètement saisi l'étendue des conséquences de mes actes", avait-elle tout de même avoué à la fin de son procès.

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