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Chômage: nouveau record avec 3,51 millions de demandeurs d'emploi

Mauvaise nouvelle à l'approche du troisième anniversaire de l'élection de François Hollande: le chômage a atteint un nouveau record en mars, avec 3,51 millions de demandeurs d'emploi sans activité en métropole, soit 15.400 (+0,4%) de plus qu'en février.

Ce nouveau record du nombre divise les éditorialistes les uns estimant que François "Hollande ne gagnera jamais la bataille du chômage" d'autres pensant que sa "mission" est "devenue, mine de rien, moins impossible".

Selon les chiffres annoncés lundi par le ministère du Travail, le chômage a également atteint son plus haut historique en incluant l'Outre-mer, à 3,77 millions (+0,4%).

La hausse est encore plus forte (+0,5% sur un mois) si l'on compte les demandeurs ayant exercé une petite activité: 5,29 millions en métropole, 5,59 millions en France entière, également des records.

Quelques minutes avant la publication des chiffres, le président a déploré un chômage "trop élevé": "Nous devons nous battre jour après jour pour que nous puissions créer le plus d'emplois possibles."

Mais le ministre du Travail François Rebsamen préfère mettre l'accent sur le chiffre trimestriel (+9.200 chômeurs sans activité supplémentaires en métropole), la "plus faible (hausse, NDLR) enregistrée depuis début 2011".

"Le début d'année 2015 demeure une phase d'amélioration de la tendance, a-t-il insisté, même si elle ne suffit pas à obtenir, pour le moment, une baisse régulière du nombre de demandeurs d’emploi".

Une analyse partagée par Mathieu Plane, de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui note la "volatilité" des chiffres mensuels: "Globalement, on est dans une phase de stagnation du chômage dans laquelle on devrait rester tout le premier semestre 2015". Son organisme prévoit "l'inversion de la courbe du chômage au second semestre".

Son confrère Philippe Waechter (Natixis) est moins optimiste: "On retourne sur la trajectoire de fin 2014, malgré une faible inflexion".

Contrairement aux mois précédents, la situation des jeunes s'est fortement dégradée en mars (+1,0% sans aucune activité). La hausse est de 1,5% sur un an. Là encore, M. Rebsamen préfère le chiffre trimestriel (-0,7%).

Selon M. Plane, les politiques ciblées sur les jeunes avaient pourtant "plutôt fonctionné", mais ce "coup d'arrêt" pourrait être lié "à des fins d'emplois d'avenir".

A l'autre bout de la pyramide des âges, la hausse du chômage des seniors ralentit un peu: +0,4% sur un mois, +8,6% sur un an.

En revanche, le chômage de longue durée, érigé en "cause nationale" par François Hollande en juillet dernier, continue de faire tâche d'huile: petite activité comprise, 2,3 millions de chômeurs sont inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an (+1,1% sur un mois, +10,1% sur un an).

- 'Triste plaisanterie' -

Les mauvais chiffres de mars n'ont rien d'étonnant. Selon M. Waechter, "les chefs d'entreprises n'ont pas d'incitations à embaucher à tout-va, parce que la croissance n'est pas encore suffisamment robuste" (+0,4% en 2013 et 2014).

Manuel Valls concède volontiers que le chômage ne baissera pas tant que la croissance ne montera pas "autour de 1,5%". Un seuil que le Premier ministre compte bien atteindre dès 2015.

Quant à M. Rebsamen, il a répété dans l'après-midi à Alençon qu'il voulait "que le nombre de chômeurs baisse (...) d'ici à la fin de l'année".

Mais pour Philippe Waechter, les mesures prises par le gouvernement - Pacte de responsabilité, lois Macron et Rebsamen, etc. - ne sont pas suffisantes. Il réclame "une politique économique encore plus pro-business".

Les attaques de l'opposition ne se sont pas fait attendre. La "promesse" d'inverser la courbe du chômage "n'est plus qu'une triste plaisanterie", a dénoncé Laurent Wauquiez (UMP).

Même tonalité chez Philippe Vigier (UDI): "Quand allez-vous vous donner les moyens de votre promesse Monsieur le Président ?"

De son côté, Florian Philippot (FN) a fustigé, dans un tweet, "l'échec d'une politique européiste d'austérité et d'écrasement des petites et moyennes entreprises".

Chez les syndicats, la CFDT a regretté que la "timide reprise" soit "insuffisante pour faire reculer le chômage". Dans la matinée, son numéro un Laurent Berger avait qualifié le chômage d'"échec collectif".

"On ne sent pas aujourd'hui une inflexion", a estimé Jean-Claude Mailly (FO), rappelant la "série de plans sociaux qui ont été annoncés ces derniers temps" (MoryGlobal, Dim, Total...).

Depuis le début du mandat de M. Hollande, Pôle emploi a vu affluer 586.600 chômeurs supplémentaires.

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