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Commissariat contre mosquée: un maire FN défend son projet en appel

Le maire de Mantes-la-Ville (Yvelines), le seul d'Ile-de-France membre du Front national, a défendu de nouveau lundi devant la cour administrative d'appel de Versailles son projet de commissariat de police municipale qu'il veut installer à l'emplacement d'une future mosquée.

Le 20 août, le tribunal administratif de Versailles, saisi en référé (procédure d'urgence), a suspendu la décision du maire Cyril Nauth du 22 juillet de préempter un local devant accueillir une salle de prière musulmane. Le juge des référés a également suspendu une délibération du 29 juin instaurant une étude de travaux pour un poste de police municipale.

Le juge donnait ainsi raison au préfet des Yvelines d'alors, Erard Corbin de Mangoux (depuis remplacé par Serge Morvan), qui avait attaqué les deux décisions entachées selon lui d'un "détournement de pouvoir", visant à faire échec au projet de lieu de culte. Le maire frontiste avait fait appel. Le juge des référés de la cour administrative d'appel doit rendre sa décision dans quelques jours.

Lundi, par la voix de son avocat, Me Olivier Mathieu, l'élu a redit que ce poste de police était "réel et réfléchi, pas fictif" et qu'il répondait à "une mission d'intérêt général, le maintien de l'ordre public", dans un secteur "pertinent", un quartier dense et sensible.

Au coeur de la bataille judiciaire entre l'Etat et l'édile: l'ancienne trésorerie municipale, un local inoccupé de 500 m2, en zone de sécurité prioritaire.

L'Association des musulmans de Mantes-sud (AMMS), qui représente la communauté musulmane, veut racheter ces locaux pour y aménager une salle de prière, alors que l'actuel lieu de culte, un pavillon vétuste, doit être démoli.

Mais le projet entériné il y a trois ans et soutenu par l'ancienne municipalité PS est ardemment combattu par son successeur.

A la place, le maire a officialisé au printemps son intention d'y transférer l'actuel poste de police municipale - un pavillon de 90 m2, exigu et inadapté selon lui - dans le cadre d'un renfort de ses effectifs, une promesse électorale.

Pour la préfecture, représentée par Me François Benech, le maire a "saboté" le dossier de la mosquée. "Il met tout en branle pour que soit monté un projet de substitution justifiant son droit de préemption", a plaidé l'avocat, soulignant notamment l'existence d'autres biens immobiliers disponibles.

Un local de "512 m2 et 70 places de stationnement pour onze agents municipaux, est-ce sérieux?", a-t-il questionné.

Depuis la campagne des municipales de 2014, le dossier de la mosquée empoisonne la vie de cette commune populaire de banlieue parisienne où vit une importante communauté musulmane.

Fin 2013, la municipalité PS décide de racheter les lieux à la communauté d'agglomération de Mantes-en-Yvelines (Camy) pour les revendre à l'AMMS. Mais le projet s'effrite avec l'arrivée en mars 2014 du maire FN, qui bloque la vente. Devant l'impasse, le préfet s'était emparé du dossier en suggérant à la Camy de vendre directement le local à l'association, ce qu'elle a autorisé en mai 2015.

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