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Direction du Monde: le n°2 Jérôme Fenoglio, préféré aux candidats déclarés

Les actionnaires du Monde ont créé la surprise en proposant vendredi aux salariés de confier la direction du journal à Jérôme Fenoglio, actuel n°2, le préférant ainsi aux trois candidats déclarés.

Dans un courriel envoyé à la rédaction, le trio de propriétaires (Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse) explique avoir sollicité l’actuel directeur des rédactions, Jérôme Fenoglio, 48 ans, qui n'était pas candidat. Leur choix doit encore être entériné par les salariés.

Les actionnaires ont écarté la candidature de l'actuel directeur du journal par intérim, Gilles van Kote, ainsi que celles de Christophe Ayad, chef du service international, et de Jean Birnbaum, responsable du "Monde des Livres".

"Au terme des auditions et après consultations, et malgré les grandes qualités de chacun des candidats et du bilan très positif de l'intérim assuré par Gilles van Kote, les trois actionnaires ont demandé à Jérôme Fenoglio de se porter candidat", détaillent-ils.

Certains, au sein de la rédaction, souhaitaient que le nouveau directeur "ait plus de souffle, plus de dimension" que Gilles van Kote, confiait début avril un journaliste.

Le choix des actionnaires doit être soumis au vote de la Société des rédacteurs du Monde (SRM), qui devrait se tenir d'ici mi-mai.

Jérôme Fenoglio devra recueillir 60% de suffrages favorables pour être désigné officiellement par le Conseil de surveillance.

Titulaire d'une maîtrise de lettres, diplômé de l'Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ), Jérôme Fenoglio est entré au Monde en 1991 comme reporter au service des sports. Il y a occupé plusieurs fonctions hiérarchiques: chef du service Société (2004), puis rédacteur en chef du Monde.fr, entre 2011 et 2013.

En mai 2014, il a été nommé à la tête des rédactions du Monde, sous la houlette de Gilles van Kote, devenu directeur par intérim après le départ de Natalie Nougayrède, au terme d'une crise de plusieurs mois.

Contestée, la première femme à diriger le quotidien avait démissionné après seulement 15 mois de mandat. Journalistes et chefs de service lui reprochaient une gestion "autarcique" et "rigide" et des réformes menées sans concertation.

- 'Instabilité' -

Dans un message aux salariés, vendredi, Gilles van Kote a salué un "choix qui préserve les intérêts du journal" et le travail "remarquable" de son adjoint, tout en formulant "un regret": “Jérôme sera notre sixième directeur du Monde depuis le rachat du groupe, fin 2010. Cette instabilité qui freine les nécessaires transformations du journal place nos actionnaires devant leurs responsabilités”, déplore-t-il.

S’il est adoubé par la rédaction, Jérôme Fenoglio prendra les commandes d'un journal qui, s'il a souffert comme les autres de la crise de la presse, a plutôt bien résisté l'an dernier avec une diffusion quasi-stable (-0,8%), à 273.000 exemplaires en moyenne chaque jour.

Il devra aussi mener à bien plusieurs projets dans les mois et années à venir.

Le Monde doit lancer le 11 mai une édition numérique du matin, destinée aux tablettes et aux mobiles. Visant un public jeune et présent sur les smartphones, ce format freemium (combinant une partie gratuite et des options payantes) fera un point tôt le matin sur l'actualité.

En complétant son offre éditoriale, le quotidien souhaite notamment fidéliser ses quelque 150.000 abonnés numériques.

L'année 2015 devrait également voir Le Monde sortir du métier d'imprimeur avec la fermeture de l'imprimerie située à Ivry, en région parisienne.

A l'horizon 2017, le futur siège du groupe Le Monde, dans le sud de Paris, doit permettre de faire travailler ensemble les 1.400 collaborateurs des différentes publications: Le Monde, l'hebdomadaire culturel Télérama, le magazine L'Obs, les sites d'information Rue89 et Huffington Post, Courrier international et La Vie.

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