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Double infanticide dans les Landes: 15 ans de prison pour la mère, 5 ans pour le père

Floriane Saint-Genez et son compagnon Romain Lamarque ont été condamnés vendredi respectivement à quinze et cinq ans de prison par la cour d'assises des Landes qui les jugeait pour le meurtre de leurs deux nouveau-nés en 2012 et 2013.

Reconnue coupable des deux infanticides, la mère de famille a été condamnée à 15 ans de réclusion, assortis d'un suivi socio-judiciaire de cinq ans.

Les jurés de la cour d'assises ont en revanche acquitté le père des deux meurtres, le condamnant à cinq ans de prison, dont un an avec sursis, pour "non assistance à personne en danger" envers un des deux nouveaux-nés.

Les jurés n'ont pas suivi les réquisitions de l'avocat général qui avait réclamé 22 ans de réclusion à l'encontre des deux accusés. Ils encouraient la réclusion criminelle à perpétuité.

Ces crimes, où aucun déni de grossesse n'a été constaté, sont survenus à Serres-Gaston (Landes), à une trentaine de kilomètres de Mont-de-Marsan. Les corps d'Arthur et Nicolas, étouffés ou étranglés puis dissimulés dans le congélateur familial, avaient ensuite été mis dans des sacs poubelle et enterrés dans un fossé proche de la ferme des parents de l'accusée.

Jugée avec son compagnon depuis lundi, Floriane Saint-Genez, âgée de 30 ans, a confirmé avoir étranglé dans la baignoire le premier bébé dès sa naissance en septembre 2012. Elle assure que c'est Romain Lamarque, 31 ans, qui l'a placé dans le congélateur, ce qu'il nie en bloc.

Quant au bébé qu'elle a mis au monde dans sa voiture tout juste un an après, elle affirme que le père l'a étranglé avec une serviette dans le garage moins de 24 heures après la naissance, le cachant des trois autres enfants du couple, alors âgés de deux à six ans. Romain Lamarque affirme avoir cru qu'elle avait abandonné l'enfant à l'hôpital, et a seulement reconnu son "inaction".

Mais pour l'avocat général, Jean-Philippe Récappé, la décision de tuer les bébés a bien "été prise en commun" par les deux parents, "c'est l'évidence dans ce dossier, c'est mon intime conviction". A l'issue d'un réquisitoire de deux heures, il a demandé aux jurés de "prononcer contre l'un et l'autre au minimum 22 ans de réclusion criminelle", assortis d'un suivi socio-judiciaire de cinq ans au moins.

M. Récappé a décrit un "couple oisif", "devenu au fil du temps pathologique" et vivant dans une certaine "crasse", entre alcoolisme du père et grosses difficultés financières. Il a sévèrement mis en doute les versions des parents, notamment celle du père qui se place dans une position "responsable mais pas coupable".

Durant sa plaidoirie, l'avocat de Romain Lamarque, Me Charles Dufranc, a mis en garde les jurés devant le manque de preuves et l'insuffisance des expertises psychiatriques : "l'erreur judiciaire vous guette", a-t-il lancé. Accusant l'avocat général d'avoir cédé à la facilité, Me Benoît Ducos-Ader a averti : "Quand on ne sait pas, on ne sait pas. On n'a pas à rougir" d'un acquittement.

L'avocate de Floriane Saint-Genez, Me Katy Mira a insisté sur la toute puissance de Romain Lamarque sur sa cliente : "c'est la bonne exécutante dans ce dossier, elle fait ce qu'il dit".

A l'audience, un expert psychiatre a qualifié le père de "pervers manipulateur", tandis qu'un autre le jugeait plutôt "passif". Quant à la mère, elle est dépeinte comme pouvant être "manipulatrice" et "mythomane", mais aussi, selon d'autres, "sous l'emprise" de son compagnon.

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