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Education: pourquoi la Polynésie décroche-t-elle?

Pauvreté, parents souvent peu éduqués, confusion entre deux langues: les principales autorités éducatives en Polynésie française ont avancé mercredi (jeudi à Paris) plusieurs explications aux faibles performances des élèves, soulignées la veille dans un rapport de la Cour des comptes.

Selon le rapport annuel de la juridiction financière, 35% d'entre eux sortent du système scolaire sans diplôme, contre 10% en métropole, malgré un coût par élève plus élevé en Polynésie française.

Le ministère de l'Education local l'explique en partie par le niveau socio-culturel des familles polynésiennes, les établissements scolaires comptant "70% à 80% de boursiers". "On a vu certains élèves ne plus venir en classe, parce qu'ils n'avaient pas de quoi manger à midi", a déclaré à l'AFP la ministre Nicole Sanquer.

Cette pauvreté s'accompagne souvent d'un niveau scolaire très faible de l'ensemble de la famille. "Dans certaines îles on a même des parents qui demandent à retourner à l'école pour apprendre à lire", a précisé Mme Sanquer.

Son directeur de cabinet pointe une autre difficulté: la maîtrise d'une langue, qu'elle soit française ou polynésienne. Pour Christian Morhain, "si un enfant n'est pas structuré dans sa langue maternelle au départ, il a du mal à se structurer en français ensuite ; et on a une majorité d'élèves qui naviguent dans un bilinguisme mélangé, non structuré, qui ne permet pas la réussite".

La ministre souligne aussi "la dispersion des îles" dans les cinq archipels polynésiens: 12% des élèves sont scolarisés hors du noyau familial, le plus souvent dans une autre île, en internat ou en famille d'accueil dès le collège.

- Premier bachelier en 1965 -

Quant au "coût par élève" relevé par la Cour des comptes (8.223 euros en Polynésie française contre 7.700 euros en métropole), Nicole Sanquer estime qu'il est au moins en partie "lié à l'indexation". Il s’agit d'une majoration de rémunération pour les fonctionnaires exerçant outre-mer. D'autres coûts importants sont liés au transport des élèves, notamment en bateau.

Le rapport a aussi fait réagir le vice-recteur, qui représente l'Etat dans le système éducatif polynésien. "Ça n'a pas de sens de comparer les résultats des élèves métropolitains et polynésiens", a affirmé à l'AFP Jean-Louis Baglan. "Le premier bachelier en Polynésie, c'est 1965, ça ne date pas de l'époque de Napoléon comme en métropole", a-t-il poursuivi.

La scolarisation systématique des enfants polynésiens est aussi bien plus récente. "Les premiers collèges ont été construits relativement tard en Polynésie, et les enfants ne vont massivement à l'école maternelle que depuis les années 90", a rappelé M. Baglan.

Tout en reconnaissant "des performances trop faibles", il a avancé des motifs de satisfaction: "plus de 50% d'une classe d’âge qui arrive au bac, c'est déjà une performance, vu d'où l’on vient, et c'est un chiffre en progression constante".

Nicole Sanquer relève aussi une note positive: les bons élèves sont de plus en plus nombreux. "On a eu 119 mentions très bien sur 2.630 bacheliers l'an dernier", se félicite-t-elle. Malgré l'éloignement et les différences culturelles, le baccalauréat est une épreuve nationale similaire pour les élèves métropolitains et polynésiens.

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