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Emmanuelle Bercot, actrice à fleur de peau et cinéaste fascinée par l'adolescence

Emmanuelle Bercot, qui a recu le prix d'interprétation ex aequo avec Rooney Mara à Cannes, pour son rôle dans "Mon Roi", est une actrice à fleur de peau, pleine d'énergie, et une cinéaste inspirée par l'adolescence.

Avant de recevoir cette récompense, elle avait eu l'honneur de faire l'ouverture du festival comme réalisatrice avec "La Tête haute" sur le parcours d'un délinquant.

Dans "Mon roi", récit au scalpel d'une passion destructrice, elle interprète avec sensibilité et une énergie électrique Tony, une avocate qui se retrouve après un accident de ski dans un centre de rééducation. Elle se souvient de l'histoire d'amour qu'elle a vécue pendant dix ans avec Georgio (Vincent Cassel), un séducteur et beau parleur.

En larmes, elle a rendu hommage à Maïwenn. "Maiwenn t'as cru en moi comme personne avant, tu m'as regardée comme personne avant".

"Elle a choisi une inconnue de 46 ans (…). Il n'y avait qu'elle pour oser". Ce prix récompense "l'audace, le sens aigu de la liberté" de Maïwenn, a-t-elle encore déclaré.

Comme actrice, Emmanuelle Bercot, souvent les cheveux lâchés et pleine de naturel, a joué notamment dans "La Classe de neige" de Claude Miller, "A tout de suite" de Benoît Jacquot, "Carlos" d'Olivier Assayas, et "Polisse" de Maïwenn (prix du Jury à Cannes en 2011), qu'elle a aussi co-écrit.

L'actrice, réalisatrice et scénariste a confié avoir eu "des hésitations de peur" avant d'accepter de jouer le personnage féminin de "Mon roi", dont la douleur physique et mentale est mise à nu et décortiquée.

En tant que réalisatrice, Emmanuelle Bercot était l'une des Françaises en sélection officielle à Cannes cette année, aux côtés de Maïwenn et Valérie Donzelli, avec "La Tête haute".

"On est toutes les trois des réalisatrices-actrices. On fait partie de cette vague de réalisatrices qui commence à émerger assez fortement", avait souligné à l'AFP la cinéaste, dont le premier film, "Clément", avait été sélectionné en 2001 à Cannes dans la section "Un certain regard".

- 'Aucune priorité' -

Passant avec aisance du jeu à la réalisation, Emmanuelle Bercot dit "n'avoir aucune priorité" entre les deux. "J'aime bien me démultiplier, donc plus je fais de choses différentes et plus ça me convient".

Née le 6 novembre 1967 à Paris, Emmanuelle Bercot est passée par le cours Florent puis la Fémis, où elle a réalisé son court-métrage "Les Vacances" en 1997, qui obtient le Prix du jury à Cannes.

Suivra un moyen-métrage remarqué, "La Puce", qui raconte le dépucelage d'une jeune fille par un homme plus âgé, et contribue à révéler l'actrice Isild Le Besco, soeur de Maïwenn et son actrice fétiche.

En parallèle, Emmanuelle Bercot commence à se faire un nom en tant qu'actrice, avec notamment son rôle de monitrice dans "La Classe de neige" (1997).

C'est en 2001 qu'elle signe son premier long-métrage, "Clément", qui peint la relation passionnelle entre une trentenaire et un adolescent. Elle explore ensuite dans "Backstage" (2005) la relation troublante entre une jeune fan et une star de la chanson, incarnée par Emmanuelle Seigner.

En 2013, elle dirige Catherine Deneuve dans "Elle s'en va", l'histoire d'une femme délaissée par son amant qui part à l'aventure sur les routes, prenant en chemin comme passager son petit-fils.

Souvent considérée comme cinéaste de l'adolescence, Emmanuelle Bercot aime décrire le malaise que peuvent susciter des relations singulières, et décliner l'amour sous ses différentes formes.

"Ce qui m'intéresse dans l'adolescence, c'est que c'est l'âge où tout est encore en mouvement où rien n'est fixé", a-t-elle expliqué à l'AFP. "Les adolescents s'expriment souvent dans des excès et moi j'aime ça, raconter, filmer les excès".

Les sujets sociaux sont aussi au centre de ses préoccupations. "C'est ce qui me correspond le plus, c'est que j'aime le plus faire", dit-elle.

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