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En Espagne, horizon plus dégagé pour un nouveau gouvernement de Rajoy

Le chef du gouvernement espagnol sortant, le conservateur Mariano Rajoy, a annoncé lundi qu'il allait engager des négociations avec d'autres partis pour mettre fin durant l'été à la paralysie politique en Espagne après sa victoire aux législatives.

"J'espère que nous pourrons éviter encore six mois" de blocage, a dit lundi M. Rajoy devant la presse, au siège de son Parti populaire (PP).

Le conservateur de 61 ans a souhaité qu'un nouveau gouvernement soit formé "au plus tard fin juillet ou début août".

M. Rajoy est sorti renforcé des nouvelles élections législatives organisées dimanche, mais reste dépourvu de majorité absolue.

Sa formation a réuni 33% des suffrages et progressé de près de 700.000 voix. Elle compte à présent 137 sièges de députés sur 350, soit 14 de plus qu'après le scrutin de décembre.

Les politologues considèrent généralement que la droite a su tirer profit d'une campagne centrée sur "la peur d'Unidos Podemos", la coalition anti-austérité qui avait le vent en poupe, systématiquement présentée comme une dangereuse "alliance d'extrémistes et de communistes".

Le PP a aussi profité d'un réflexe conservateur de l'électorat après le choc du Brexit, le départ du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Les trois autres grandes formations ont toutes perdu des plumes.

Le Parti socialiste (PSOE), avec 22,66% des voix, reste la deuxième formation d'Espagne mais avec cinq sièges de moins qu'en décembre.

Unidos Podemos - qui comptait bien dépasser le PSOE - a reculé de plus d'un million de voix à 21,1% et 71 sièges. "Nous espérions un résultat différent. Il va falloir réfléchir", avait admis dimanche soir son candidat, Pablo Iglesias, la mine sombre.

Quand au parti libéral Ciudadanos, il perd huit sièges au profit du PP.

- Appel aux socialistes -

"C'est une victoire personnelle pour Mariano Rajoy", juge Anton Losada, politologue de gauche.

Lui qui était accusé par ses détracteurs d'avoir laissé prospérer la corruption comme président du PP depuis 2004 et du gouvernement à partir de 2011, il semble redevenu incontournable.

"Nous réclamons le droit de gouverner", a-t-il lancé dans la nuit devant ses partisans en liesse, en sachant qu'il ne peut y arriver seul.

Dès lundi matin, il a donc annoncé qu'il allait "appeler les dirigeants des autres partis", "à commencer par le Parti socialiste".

Avec ses 85 députés, le PSOE va devoir trancher.

Ou il bloque l'investiture de M. Rajoy - dont il a tant dénoncé "les politiques injustes et antisociales". Ou il finit par s'abstenir pour le laisser gouverner le pays.

Lundi le PSOE ne semblait pas encore prêt à lui faciliter la tâche.

La décision "viendra en son temps mais notre vocation est d'évincer Rajoy", a déclaré Cesar Luena, numéro deux du parti, ajoutant: "nous n'appuierons Rajoy ni par action ni par omission".

Quant aux centristes de Ciudadanos, ils ont ouvert la porte à la négociation, en se disant prêt à parler de réformes.

Leur dirigeant, Albert Rivera, est cependant resté ambigü: "nous n'allons pas appuyer un gouvernement de M. Rajoy", a-t-il dit, comme s'il réclamait encore que le PP lui trouve un remplaçant pour diriger le pays.

Un nouveau blocage pourrait être mal perçu par l'électorat, en pleine tempête du Brexit.

Pour Narciso Michavila, directeur de l'institut de sondages GAD3, réputé proche de M. Rajoy, les libéraux et socialistes préfèreront négocier plutôt que de rester en dehors du jeu.

Dans la négociation, les conservateurs "pourraient par exemple céder aux socialistes la présidence du Congrès", suggère-t-il, persuadé qu'il "y aura un gouvernement avant la fin de l'été".

Mais un proche du dirigeant socialiste Pedro Sanchez a assuré à l'AFP qu'il fallait "s'attendre à de longues négociations".

Au sein d'Unidos Podemos, l'heure était lundi à l'introspection, après le premier coup d'arrêt à une ascension fulgurante. C'est "le moment d'être humbles", a admis le secrétaire d'organisation de Podemos, Pablo Echenique.

Il a de nouveau soutenu que sa formation fondée en 2014 restait "ouverte à la possibilité d'un gouvernement de progrès" avec le PSOE: une hypothèse improbable tant la gauche a semblé désunie durant la campagne.

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