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Enlevé et torturé en 2009, il raconte sa nuit de cauchemar: "Je ne vais pas me plaindre, j'aurais pu être mort"

"Je ne vais pas me plaindre, j'aurais pu être mort": l'agent de change enlevé et torturé en janvier 2009 a raconté vendredi à la cour d'assises de Seine-et-Marne cette nuit où il a failli perdre la vie. C'est en boitillant, séquelle d'une balle reçue dans le bas du dos, que cet homme de 48 ans s'est avancé à la barre. Droit devant la cour qui juge en appel six accusés, il a exposé, entre réminiscences confuses et détails précis, les souvenirs qui lui restent de cette nuit de cauchemar.


"Je savais que ce n'étaient pas de vrais policiers"

Ce vendredi 23 janvier 2009, après sa journée de travail et un apéritif entre amis, il rentre chez lui vers 19h30. Devant son immeuble, une voiture surgit. Deux hommes en descendent, ils prétendent être des policiers, ont des brassards et portent des armes à la ceinture. "N'ayez pas peur", lui dit-on, avant de le menotter, de le faire monter en voiture, de lui mettre une cagoule sur la tête et de démarrer. "Je savais que ce n'étaient pas de vrais policiers", explique la victime. "Ils m'ont demandé les codes de l'alarme et des coffres de l'agence pour perquisitionner. J'ai répondu que je voulais d'abord voir la vraie police".


"Un homme m'a dit: 't'as compris, ce qu'on veut c'est l'oseille, pense à ta petite femme et à tes enfants'"

Alors, tout s'emballe. On le fait descendre de voiture, toujours cagoulé. "Un homme m'a dit: 't'as compris, ce qu'on veut c'est l'oseille, pense à ta petite femme et à tes enfants'". Mais l'agent de change refuse. "Ce n'est pas un choix de Superman, c'est simplement mon cerveau qui a choisi cette voie et qui l'a gardée", explique la victime pour justifier son refus. "On n'est plus dans la vraie vie, on est comme dans un film. On a juste envie que ça s'arrête".


"Le coup n'est pas parti, alors il a changé d'arme. Puis il m'a tiré une deuxième fois dessus, dans le dos"

Mais les agresseurs se montrent de plus en plus violents. Ils l'aspergent d'essence, menacent de le brûler vif, avant de le charger dans le coffre d'une voiture et de l'emmener sur les bords de la Marne. "Là ils m'ont jeté à terre, ils ont posé ma main à plat et braqué un pistolet, en me disant qu'ils allaient me tirer dessus pour me faire parler", relate l'agent de change. "Le coup n'est pas parti, alors il a changé d'arme. Puis il m'a tiré une deuxième fois dessus, dans le dos".


"J'ai entendu l'un d'entre eux dire 'si tu veux, je le fume', et un autre a répondu 'non, laisse-le'"

S'il a hurlé, il ne s'en souvient plus. "Ca m'a fait mal", dit-il sobrement. Très ému, il poursuit: "J'ai entendu l'un d'entre eux dire 'si tu veux, je le fume', et un autre a répondu 'non, laisse-le'". Les malfaiteurs le laissent alors pour mort, en sang et en hypothermie. C'est un riverain, alerté par son chien, qui le retrouvera et donnera l'alerte.

Près de sept ans après, il tente de se reconstruire. Physiquement d'abord: il a mis longtemps à remarcher, et a toujours des douleurs à la jambe. Psychologiquement, il tente de vivre avec. "Je ne vais pas me plaindre, j'aurais pu être mort, ou en fauteuil roulant, et je suis aujourd'hui debout devant vous". Dans ses propos, aucune haine. Il fait même preuve de compassion pour celui qui s'est opposé à ce qu'on "le fume". "J'ai du mal à lui en vouloir". "Car s'il avait dit oui... notre vie aurait basculé", glisse-t-il, en larmes.

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