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Enlèvement de Bérényss: le ravisseur présumé trahi par son ADN et reconnu par sa victime

Le ravisseur présumé de Berenyss, la fillette enlevée jeudi en Meurthe-et-Moselle puis relâchée vivante, a été interpellé mardi après avoir été confondu par des analyses ADN et devrait être mis en examen pour enlèvement, séquestration et agression sexuelle.

L'ADN a parlé dans l'affaire Bérényss, enlevée jeudi en Meurthe-et-Moselle puis relâchée: un agriculteur dont l'empreinte a été retrouvée sur les sous-vêtements de la fillette a été interpellé mardi dans la Meuse et devrait être mis en examen pour enlèvement, séquestration et agression sexuelle.

Bérényss a en outre reconnu son agresseur, selon sa mère, Sonia, confiant mardi soir son "gros soulagement" de savoir le suspect arrêté.


Enlèvement, séquestration et agression sexuelle sur mineure: 10 ans de réclusion possibles

Sa garde à vue a été prolongée de 24 heures, mardi à 17H30, à la gendarmerie de Briey (Meurthe-et-Moselle). Il devait être mis en examen mercredi soir, avant un probable placement en détention provisoire à la prison de Metz-Queuleu.

Les faits qui lui sont reprochés - enlèvement, séquestration et agression sexuelle sur mineure - sont passibles de dix ans de réclusion criminelle.

Depuis le début de ses auditions, le suspect, qui n'a pas souhaité être assisté par un avocat pour le moment, "répond à côté, ou ne répond pas. Il est prostré, il ne collabore pas à la discussion", a déclaré à l'AFP le procureur de la République de Briey, Yves Le Clair.


Confondu par son ADN

L'homme a été confondu par son ADN, retrouvé notamment sur les vêtements et sous-vêtements de Bérényss. Par chance pour les enquêteurs, il venait à peine d'être répertorié au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg) lors d'une précédente garde à vue en début avril, à la suite d'une plainte fin 2014 pour des faits d'agressions sexuelles sur trois de ses proches, dont deux nièces.

Jusqu'à présent les enquêteurs étaient sceptiques sur cet autre dossier, qui présentait de nombreuses lacunes et qui en est toujours au stade de l'enquête préliminaire.


Prélèvements ADN à son domicile

Afin de recueillir un maximum de prélèvements, les enquêteurs ont largement ratissé le domicile du suspect à Montzéville (Meuse), où il a été interpellé mardi à l'aube par le GIGN.

Si des traces ADN différentes devaient être constatées, elles seraient ensuite comparées à celles d'enfants disparus ou ayant dénoncé des faits d'agressions sexuelles.

En plus de l'élément déterminant de l'ADN, le récit de Bérényss correspond en tous points aux constatations faites à son domicile par les enquêteurs.


Un père de trois enfants proche de la cinquantaine

Le suspect, un père de trois enfants proche de la cinquantaine, a été interpellé mardi à l'aube à son domicile de Montzéville, près de Verdun, par le GIGN, a déclaré le procureur de Briey, Yves Le Clair. Le GIGN est intervenu car l'homme avait des antécédents de violences avec armes, mais il n'a pas opposé de résistance. Pour le moment, il est dans le "déni complet", a relevé le procureur. Mais son ADN correspond à celui isolé sur les vêtements et sous-vêtements de la fillette, ce qui en fait "l'élément déterminant" dans l'enquête, selon le procureur.


"Les chefs d'enlèvement et séquestration avec libération avant le septième jour et d'agression sexuelle sur mineure"

Une fourgonnette blanche semblable à celle recherchée par les enquêteurs a également été retrouvée à son domicile, une maison en état de délabrement sur laquelle les enquêteurs ont posé des scellés. A l'issue de sa garde à vue qui devrait s'achever mercredi, "il sera déféré et présenté à un juge d'instruction dans le cadre d'une information judiciaire qui va être ouverte des chefs d'enlèvement et séquestration avec libération avant le septième jour et d'agression sexuelle sur mineure", a ajouté le procureur.


Il a raconté à l'enfant qu'il était marchand de bonbons

L'homme est soupçonné d'avoir enlevé Bérényss, 7 ans, en l'attirant avec des bonbons alors qu'elle faisait du vélo à quelques pas du domicile familial, jeudi vers 15H00, dans le village de Sancy (Meurthe-et-Moselle). Selon le général de gendarmerie Jean-Régis Vechambre, il a raconté à l'enfant qu'il était marchand de bonbons. Il est ensuite soupçonné de l'avoir emmenée chez lui à Montzéville, avant de la relâcher vers 23H00 dans le village de Grandpré, dans le département voisin des Ardennes, où elle a sonné à la porte d'une médecin.


Elle a bien été victime d'agressions sexuelles

Bérényss n'a pas été entravée pendant sa séquestration, a précisé le procureur. Si elle "n'a pas subi des violences au sens commun du terme", elle a bien été victime d'agressions sexuelles, "c'est-à-dire d'actes contraires à la pudeur de la victime mettant directement en cause son corps", a poursuivi le magistrat.


Plainte pour agression sexuelle sur des membres de sa famille

L'homme encourt une peine de 10 ans d'emprisonnement et de 150.000 euros d'amende. Condamné à quatre reprises, en 2000, pour des infractions à la chasse, des dégradations et des violences, l'homme venait de subir un prélèvement d'ADN "à l'occasion d'une très récente plainte en cours d'enquête pour des faits d'agression sexuelle sur des membres de sa famille", a précisé Yves Le Clair. Les plaignantes de cette première affaire - qu'il nie également - sont ses deux nièces et une troisième proche, de la même tranche d'âge que Bérényss, a souligné le procureur.


"Un mec dangereux... Mais je ne l'aurais pas imaginé s'en prendre à des gamins"

A Montzéville et dans les environs, la nouvelle suscite l'étonnement. Sous couvert d'anonymat, un de ses voisins évoque "un mec dangereux", qui a déjà attaqué une voiture avec un tracteur à fourche. "Mais je ne l'aurais pas imaginé s'en prendre à des gamins", dit l'homme. Un ami d'enfance, le maire du village voisin de Lemmes, Hervé Corvisier, évoque "un bon gars" avec qui il allait chasser. A la tête d'une exploitation de 80 hectares avec génisses et céréales, il connaissait d'importantes difficultés financières. "C'est un garçon très gentil mais il ne faut pas trop l'énerver", concède un autre voisin, à Chattancourt. Ce village de 169 habitants abrite l'autre domicile du suspect, où vivent sa compagne et ses trois enfants: une maison au jardinet envahi par la ferraille et les jouets d'enfants, devant laquelle est garée une caravane à l'abandon.


Depuis l'enlèvement de Bérényss, "les enfants du village ne sortent plus"

Dans le village de Bérényss, Sancy, après "un premier soulagement quand la petite a été retrouvée, il y a un deuxième vrai soulagement aujourd'hui" avec l'interpellation du suspect, a déclaré le maire, Daniel Matergia. Depuis l'enlèvement de Bérényss, "les enfants du village ne sortent plus", a-t-il relaté. "Il va falloir que le village retrouve une vie normale, un incident de ce type ne laisse jamais indemne".

Les gendarmes avaient interrompu samedi en fin de journée leurs recherches sur le terrain après deux jours de ratissage qui avaient mobilisé quelque 200 hommes et plusieurs hélicoptères. Très tôt, l'enquête s'était orientée vers le profil d'une personne souffrant de penchants pédophiles. Le plan "alerte enlèvement", déclenché dans cette affaire pour la 14e fois en France, s'est jusqu'à présent révélé efficace dans tous les cas en permettant de retrouver les enfants enlevés.

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