Accueil Actu

Enquête sur le financement du FN: le parti convoqué le 9 septembre

Le Front national est convoqué la semaine prochaine par les juges d'instruction dans l'enquête sur son financement, a indiqué à l'AFP son trésorier Wallerand de Saint-Just, une audition à l'issue de laquelle le parti risque d'être mis en examen.

Cette audition "pour recel de produits d'abus de biens sociaux", est prévue le 9 septembre, selon le trésorier. Le FN, convoqué comme personne morale, pourrait échapper à une mise en examen et être placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté.

Une mise en examen serait un coup dur pour le parti de Marine Le Pen, à trois mois des régionales où elle ambitionne de remporter la région Nord-Pas-de-Calais/Picardie avant de se lancer dans la course à la présidentielle.

Dans le cadre de l'information judiciaire, menée depuis début avril 2014, les juges Renaud van Ruymbeke et Aude Buresi soupçonnent les responsables d'un micro-parti proche du FN, Jeanne, et de la société Riwal, gérée par un proche de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon, d'avoir mis en place un système frauduleux d'enrichissement avec de l'argent public.

Ils soupçonnent aussi un financement illégal du FN par Riwal, d'où le risque de mise en examen.

En cause, de présumées surfacturations sur les kits de campagne fournis par Riwal à 525 candidats FN aux législatives, alors que les frais étaient ensuite remboursés par l'Etat pour les candidats dépassant 5%. Selon une source proche du dossier, les juges considèrent que ces kits, aux coûts forfaitaires de 9.000 ou de 16.000 euros, ont été imposés aux 525 candidats comme "une contrepartie obligatoire de leur investiture".

En cause aussi, des prêts présumés fictifs de Jeanne aux candidats, qui n'auraient eu pour but que le remboursement des intérêts d'emprunt par l'Etat à hauteur de 600.000 euros, selon la même source. Les enquêteurs considèrent que Frédéric Chatillon, connu pour son passé de leader du GUD, syndicat étudiant d'extrême droite, était dirigeant de fait du micro-parti Jeanne.

Dans ce volet, huit personnes sont mises en examen pour escroqueries notamment Frédéric Chatillon et Jean-François Jalkh, vice-président du FN et secrétaire général de Jeanne. Jeanne, en tant que personne morale, est également mis en examen.

Les juges soupçonnent aussi Riwal d'avoir financé illégalement le FN, via la mise à disposition gratuite de locaux ou d'employés, en payant deux mois de salaires au maire de Fréjus (Var) David Rachline et au député européen Nicolas Bay pendant la campagne législative de 2012, en prenant en charge une facture de plus de 400.000 euros, en accordant à Jeanne un crédit sans intérêts ayant atteint 8 millions d'euros fin 2012 et plus d'un million d'euros fin 2013, le même procédé ayant été utilisé pour le FN à hauteur de 900.000 euros fin 2013.

Mais l'enquête a été fragilisée par un vide législatif, le délit d'acceptation par un parti politique d'un financement provenant d'une personne morale n'étant plus puni par la loi, une faille qui avait échappé au législateur, au parquet de Paris et aux juges d'instruction.

Le parquet a pris en juin un réquisitoire supplétif demandant aux juges de mettre en examen le FN pour recel d'abus de biens sociaux mais aussi pour complicité d'escroqueries dans le volet des remboursements de frais de campagne.

Il demandait aussi la mise en examen pour complicité d'escroquerie du maire d'Hénin-Beaumont, Steeve Briois, secrétaire général du FN au moment des législatives. Selon une source proche du dossier, le parquet se fonde sur un courriel de M. Briois à Frédéric Chatillon, dans lequel il lui donne des instructions.

À la une

Sélectionné pour vous