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Le déficit du budget de l'Etat français au plus bas depuis 2008

Le gouvernement a appelé mardi les candidats à la présidentielle à s'engager à poursuivre la réduction du déficit public, critiquée au sein même de la majorité, alors que le "trou" du budget de l'Etat a atteint l'an dernier son plus bas niveau depuis 2008.

Selon des chiffres rendus publics par Bercy, le déficit budgétaire de l'État s'est établi en 2016 à 68,98 milliards d'euros, soit une baisse de plus d'un milliard par rapport à 2015 (70,5 milliards d'euros).

"Un milliard, ce n'est pas rien, sachant que c'est le budget de l'Etat qui porte la quasi-totalité des baisses d'impôt" dont bénéficient les ménages et "des baisses de charges" accordées aux entreprises, s'est félicité le ministre de l'Economie et des Finances Michel Sapin lors d'une conférence de presse.

Le gouvernement avait prévu dans son projet de loi de finances initiale un déficit budgétaire de 72,3 milliards d'euros. Cet objectif a été revu à la baisse à l'automne à 69,9 milliards, en raison des bonnes rentrées fiscales perçues par l'administration.

"L'Etat a tenu son objectif de dépenses, les dépenses du budget général ont été maîtrisées", a insisté Michel Sapin, ironisant sur les critiques formulées ces derniers mois par l'opposition sur le pilotage des comptes publics.

Cette dernière s'était inquiétée au printemps de la multiplication des nouvelles dépenses annoncées par le gouvernement, en faveur notamment de l'emploi ou des agriculteurs, jugées peu conciliables avec l'amélioration des comptes publics.

"Dire que les dépenses et le déficit de l'Etat explosent, comme le dit parfois l'opposition, c'est une ânerie", a jugé le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert. "Pour la troisième année d'affilée, on fait mieux que prévu", a-t-il ajouté.

Selon le ministère des Finances, les dépenses du budget général (hors charge de la dette) ont en effet diminué de 2,8 milliards d'euros en 2016 par rapport à 2015, pour atteindre 294,8 milliards.

Depuis 2012, et à périmètre constant, les dépenses de l'Etat ont par ailleurs reculé de 6 milliards d'euros, permettant une réduction de 17,3 milliards du déficit budgétaire, passé en cinq ans de 87,2 milliards à 69 milliards d'euros.

- "vaisselle cassée" -

"Au moment ou nous abordons l'élection présidentielle, il faut dire des choses simples: ce gouvernement a réussi à maîtriser la dépense public et à diminuer les déficits", a souligné le Premier ministre Bernard Cazeneuve à l'Assemblée nationale.

Le déficit budgétaire n'est qu'une des composantes du déficit public, qui intègre également les comptes des collectivités locales et de la sécurité sociale. Ce chiffre ne sera dévoilé que le 24 mars par l'Insee, mais Bercy a d'ores et déjà laissé entendre que les objectifs seraient tenus.

Pour 2016, le gouvernement a prévu de ramener le déficit public à 3,3% du produit intérieur brut (PIB). Pour 2017, l'objectif est de 2,7% - soit un niveau inférieur aux 3% exigés par les traités européens, pour la première fois depuis 10 ans.

Ces derniers mois, plusieurs candidats à la présidentielle ont toutefois rejeté cet objectif, y compris au sein de la majorité, à commencer par Benoît Hamon ou Arnaud Montebourg, chantre de la relance budgétaire, qui a promis de "casser de la vaisselle" à Bruxelles pour obtenir une révision des règles en vigueur.

"Je ne vois absolument pas quel serait l'intérêt de se mettre volontairement en infraction avec les règles européennes", a mis en garde mardi Michel Sapin, soutien de Manuel Valls dans le cadre de la primaire organisée par le PS.

"L'intérêt de la France, l'intérêt des Français, c'est d'avoir une trajectoire de réduction des déficits, sans contrarier la reprise de l'activité", a-t-il ajouté, vantant une "politique de bon sens".

Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici avait lui aussi mis en garde lundi les candidats à la présidentielle contre la tentation de s'affranchir des règles budgétaires européennes, jugeant cette stratégie contre-productive.

"A vouloir casser de la vaisselle à Bruxelles, on finit à la table des enfants. On se trouve réduit à la dînette", a déclaré l'ancien ministre de l'Economie, assurant que "jamais la France" n'obtiendrait "quoi que ce soit de ses partenaires européens" en jouant "l'arrogance" et "la brutalité".

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