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Franck Perletto acquitté 26 ans après le braquage sanglant d'un transport de fonds

Franck Perletto, une figure du banditisme méridional, a été acquitté jeudi par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône pour le sanglant braquage d'un fourgon de transport de fonds au cours duquel deux convoyeurs avaient été tués à Marseille en 1990.

En dépit de la durée exceptionnelle de l'instruction, l'avocat général Olivier Couvignou avait requis 20 ans de réclusion criminelle, estimant que le "temps n'effaçait pas la mort de deux convoyeurs" tués le 13 mars 1990, l'un dans l'explosion du véhicule, l'autre "abattu comme un chien" par les malfaiteurs.

Les avocats de l'accusé estimaient qu'il était impossible de juger après plus d'un quart de siècle, en raison du dépérissement des preuves. De nombreux témoins n'ont pas pu être entendus, décédés pour les uns, introuvables pour d'autres. L'accusation reposait sur une série de renseignements anonymes désignant, dès 1990, Franck Perletto comme l'un des auteurs de l'attaque alors qu'il ne figurait pas encore sur les écrans radar de la justice.

Franck Perletto, 53 ans, a toujours contesté être l'un des sept braqueurs d'un fourgon Securipost, attaqué au pied d'une cité des quartiers nord de Marseille. Les enquêteurs ont décrit ce vol comme "une véritable opération de guerre".

Un témoin des faits avait, en 1992, identifié l'accusé comme le malfaiteur qui, braquant son arme sur lui, lui avait lancé: "Casse-toi ou je te brûle!" A l'époque cet homme se disait formel dans sa reconnaissance de Franck Perletto, expliquant qu'"on oublie difficilement le faciès d'un individu qui veut vous tuer".

Vingt-six ans plus tard à la barre de la cour d'assises, tout en confirmant du bout des lèvres cette identification, ce témoin dépressif avait désemparé les jurés en réclamant à rentrer chez lui. Il avait quitté le prétoire en courant sans être en mesure de répondre aux questions de la défense. "Et vous voulez faire reposer une condamnation sur un témoin aussi fantasque", a plaidé Thierry Fradet, l'un des trois avocats de l'accusé.

A ce témoignage fragile, la défense a opposé "la preuve scientifique de l'ADN". "Trois analyses génétiques portant sur des traces de sang retrouvées sur les lieux de l'agression ont exclu toutes les personnes suspectées, au premier rang desquels Franck Perletto", a martelé Philippe Dehapiot.

Acquitté, Franck Perletto reste cependant en prison, où il purge deux condamnations à 8 et 14 ans de réclusion, prononcées en 2004 et 2006 pour des trafics internationaux de cocaïne et de cannabis. En 2007, la cour d'assises des Bouches-du-Rhône lui avait infligé cinq ans de prison pour une évasion par hélicoptère de la maison d'arrêt d'Aix-en-Provence, en 2003. Il est libérable en 2024.

"Lundi prochain", a expliqué l'accusé, "j'entame ma 19e année de prison. Je paie ma dette à la société. Mais en 1990, je n'ai pas participé à cette attaque, je n'étais pas là".

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