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Grande-Bretagne: le gouvernement abandonne une réforme fiscale dénoncée comme anti-pauvres

Le gouvernement britannique a dû renoncer à réduire les crédits d'impôt des plus démunis face à la multiplication des critiques, et promis qu'aucune coupe budgétaire ne toucherait la police dans une atmosphère marquée par la crainte d'attentats.

"Le plus simple est d'abandonner ces changements" annoncés en juillet, a déclaré le ministre des Finances George Osborne dans un discours à la Chambre des communes à l'occasion de la présentation du budget rectificatif du gouvernement conservateur.

Le revirement du chancelier de l'Echiquier a provoqué la surprise tant il avait présenté ces coupes comme indispensables pour restaurer l'équilibre budgétaire.

"J'ai entendu les inquiétudes. Je les entends et je les comprends", a-t-il fait valoir tout en maintenant la ponction de 12 milliards de livres sur les aides sociales déjà décidée et qui sera répartie différemment, touchant entre autres les aides au logement.

Cette réforme des crédits d'impôt était vigoureusement critiquée, non seulement par l'opposition de gauche mais aussi par une partie des conservateurs. Fin octobre, M. Osborne avait subi un humiliant revers à ce sujet lorsque la Chambre haute du Parlement, la Chambre des Lords, avait refusé de voter cette baisse.

Ces coupes devaient réduire de quelque 4,4 milliards de livres (6,2 milliards d'euros) les crédits d'impôts, des allocations qui permettent de compléter les revenus des travailleurs précaires et qui représentent une facture de 30 milliards de livres pour l'État.

Un organisme indépendant, l'Institute for Fiscal Studies, avait estimé que trois millions de familles auraient perdu en moyenne 1.000 livres (1.400 euros) par an si la réforme des crédits d'impôt avait été menée jusqu'au bout.

Traditionnellement proches des milieux d'affaires, les conservateurs, réélus avec une majorité absolue aux élections législatives de mai, étaient d'autant plus attaqués sur cette réforme qu'ils s'étaient présentés pendant la campagne électorale comme aussi le parti des "gens qui travaillent".

- Budgets ministériels sabrés -

M. Osborne a souligné que son gouvernement pouvait abandonner cette réforme impopulaire grâce à l'"amélioration des finances publiques" enregistrée par ailleurs.

La croissance devrait en effet rester assez vigoureuse au Royaume-Uni, avec 2,4% prévu l'an prochain (+0,1 point par rapport à la prévision publiée cet été), comme cette année, d'après les prévisions officielles.

M. Osborne assure en outre que les efforts d'austérité consentis portent leurs fruits: le déficit public devrait passer de 5,1% du produit intérieur brut (PIB) lors de l'année budgétaire écoulée (avril 2014 à mars 2015) à 3,9% cette année, avec une poursuite de l'amélioration espérée par la suite jusqu'à dégager un léger excédent budgétaire en 2019-2020.

A titre de comparaison, la France s'était engagée à ramener son déficit public à 3,8% du PIB en 2015 et à 3,3% en 2016, puis sous les 3% en 2017. Mais le Premier ministre Manuel Valls a prévenu que ces objectifs budgétaires seraient "forcément dépassés" dans le nouveau contexte sécuritaire post-attentats de Paris.

L'Allemagne devrait pour sa part présenter des comptes à l'équilibre cette année et dégager un excédent de 0,5% du PIB l'an prochain.

Pour rééquilibrer son budget, l’État britannique a mis en place des coupes drastiques dans les moyens administratifs des ministères, 37% de moins pour celui des Transports, 22% pour celui de l’Énergie et du Changement climatique et 24% pour le Trésor lui-même par exemple.

Ces réductions n'ont toutefois pas affecté la police, préservée dans un climat de crainte d'attentats sur le sol britannique.

"Ce n'est pas le moment de réduire davantage les moyens de la police", a concédé M. Osborne, "la police nous protège et nous allons la protéger."

Le grand argentier britannique évalue à pas moins de 12 milliards de livres annuelles les économies promises par les ministères.

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