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Guyane: Fekl et Bareigts sur place après la "journée morte"

Le ministre de l'Intérieur Matthias Fekl et la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts sont attendus mercredi en Guyane, au lendemain du succès de la "journée morte" en Guyane qui a donné lieu à "la plus grosse manifestation jamais organisée" sur le territoire, de l'aveu même de la préfecture.

Alors que 250.000 personnes vivent dans ce territoire, la préfecture a comptabilisé mardi midi (17H00 heure de Paris) respectivement entre 8.000 et 10.000 participants à Cayenne et entre 3.500 et 4.000 à Saint-Laurent-du-Maroni, les deux plus grandes villes guyanaises.

"C'est la plus grosse manifestation jamais organisée en Guyane", a commenté la préfecture de région, interrogée par l'AFP, qualifiant ces chiffre d'"énormes".

Prenant acte "que les rassemblements qui se sont tenus aujourd'hui n'ont fait l'objet d'aucun débordement et se sont déroulés dans un esprit d'apaisement", le Premier ministre Bernard Cazeneuve a annoncé que Matthias Fekl accompagnerait dès mercredi Mme Bareigts, dont la visite était initialement attendue d'ici à la fin de la semaine.

M. Fekl et Mme Bareigts "poursuivront ainsi le dialogue avec tous les acteurs économiques, sociaux, politiques et les représentants de la société civile" lancé par la mission interministérielle arrivée samedi en Guyane, en vue de la conclusion d'un "pacte d'avenir" dont la signature "pourrait intervenir dans les meilleurs délais", a précisé M. Cazeneuve dans un communiqué.

Dans Cayenne, l'avenue du Général-de-Gaulle, qui mène à la vieille ville, était noire de monde à 10H00 locales. Beaucoup de drapeaux guyanais étaient brandis, ainsi que des banderoles reprenant le slogan "nou bon ké sa" - "ça suffit" en créole guyanais - qui a fleuri ces derniers jours sur les nombreux barrages installés dans les villes du territoire.

"Nous voulons que l’Etat nous donne les moyens. Ça fait trop longtemps que ça dure, l’Etat doit reconnaître la population guyanaise", a fait valoir une manifestante.

Après l'affluence décevante de lundi, premier jour de "grève générale illimitée", les manifestations de la "journée morte" relèvent du plébiscite pour l'Union des travailleurs guyanais (UTG), dont les 37 syndicats membres ont voté à la quasi-unanimité en faveur de l'arrêt du travail.

Le collectif des protestataires "Pou La Gwiyann dékolé" ("pour que la Guyane décolle", qui regroupe autant des collectifs contre la délinquance et pour l'amélioration de l'offre de soins, que l'UTG ou les avocats guyanais) s'en est trouvé renforcé, alors qu'il avait refusé de rencontrer la délégation interministérielle arrivée samedi, préférant attendre des discussions au niveau ministériel.

- Appels aux élus -

De son côté M. Cazeneuve a affirmé la volonté du gouvernement "de poursuivre son engagement constant aux côtés des Guyanaises et des Guyanais pour construire l'avenir de la Guyane, notamment en matière de sécurité et de justice, d'éducation et de formation, de développement économique, d'approvisionnement énergétique, de santé et pour la reconnaissance des peuples autochtones".

"Il appartient désormais à chacun, en particulier aux élus, de prendre ses responsabilités et de s'associer à ces discussions dans l'intérêt de la Guyane, en vue de la conclusion d'un pacte d'avenir ambitieux", a-t-il ajouté, alors que l'ancienne garde des Sceaux, la Guyanaise Christiane Taubira, avait de son côté appelé au "dialogue" avec une "plus grande implication des élus locaux".

Bernard Cazeneuve avait eu lundi soir l'évêque de Guyane, Emmanuel Lafont, au téléphone pour "lui faire passer des messages d'apaisement", a-t-on appris à Matignon.

Une mission de hauts-fonctionnaires, envoyée par Paris, présente depuis samedi en Guyane, a déjà obtenu, selon le préfet Jean-François Cordet qui la pilote, de "premiers résultats", tels que "la fidélisation d’un escadron de gendarmes mobiles à Cayenne".

Il y a "un vrai stress sur l'insécurité. Viennent ensuite la santé et l'éducation", a estimé Michel Yahiel, ancien "conseiller social" de François Hollande et membre de la délégation.

La situation en Guyane a trouvé un écho dans la campagne présidentielle, à moins de quatre semaines du premier tour. "Il faut aller encore plus vite pour aller à la rencontre des Guyanais", a tonné le président du Sénat, Gérard Larcher (LR), sur franceinfo.

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