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Hand: était-ce trop facile pour les Français ?

"A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire". Cette citation de Corneille convient-elle au parcours des handballeurs français, lauréats d'un sixième titre mondial, dimanche à Paris, au terme d'une compétition où ils n'auront pas été si inquiétés que cela ?

Éléments de réponse au travers d'un bilan de la compétition et avec les commentaires de l'ancien sélectionneur Daniel Costantini (1985-2001) et de l'ex-gardien Bruno Martini, double champion du monde (1995, 2001).

Les Bleus ont-ils été avantagés ?

VRAI. Ils sont les seuls à avoir bénéficié d'au moins un jour de repos entre chaque match. Avant la finale, ils avaient même pu souffler un jour de plus que les Norvégiens. Avec la formule un billet = un match (au lieu d'une journée), les organisateurs ont programmé les demi-finales sur deux jours. La France a disputé la première, soit la plus éloignée de la finale. "C'était un peu exagéré", estime Costantini qui déplore "une tendance des organisateurs à bafouer l'esprit sportif". Pour Martini, la France a eu "le même traitement que n'importe quel pays hôte". Ce statut de pays-hôte lui a permis aussi de choisir son groupe lors du tirage au sort. Faut-il abroger ce privilège ? Pas sûr. Car cela pourrait augmenter les risques d'élimination du pays organisateur avant les quarts de finale. "Sans la France à ce niveau, le Mondial n'aurait pas eu le même retentissement", estime Martini.

Le niveau du Mondial était-il plus faible que celui des JO-2016 ?

VRAI. Les jeux Olympiques représentent le Graal de tout handballeur. Et une compétition qui suit "à cinq mois d'intervalle" des JO "est forcément moins relevée", affirme Costantini, parce que les équipes ont tout donné durant l'été et sont "moins performantes". Le Danemark, médaillé d'or à Rio, et l'Allemagne, troisième, ont ainsi échoué dès les huitièmes. La Pologne, quatrième à Rio, n'avait plus du tout la même équipe, la plupart de ses stars ayant pris leur retraite. Résultat: éliminée dès le premier tour. Dernière raison: une compétition "de transition" comme celle-ci ne délivre pas de billets pour les prochains JO. "La pression n'est pas la même", souligne Martini. Avec son sacre de dimanche, la France a seulement assuré sa place pour le prochain Mondial (2019).

Les matches des Bleus étaient-ils faciles à gagner ?

FAUX. Certes, ils n'ont croisé -fait rarissime- ni l'Allemagne, ni le Danemark, ni l'Espagne, ni la Croatie, leur principaux rivaux. Mais "la tension était permanente lors des matches couperets" et les Français "ne les ont pas dominés de la tête et des épaules", observe Martini. Le quart-de-finale contre la Suède aurait même pu leur être fatal. "On a vraiment eu peur", avait dit le coach français Didier Dinart après la victoire des siens (33-30). "L'issue du match s'est jouée sur quelques détails", analyse Costantini, séduit par la sélection scandinave. "Cette équipe est encore jeune mais elle va progressivement marquer son territoire. Elle peut devenir une rivale de la France", estime l'ancien sélectionneur.

La France n'est-elle pas simplement plus forte ?

VRAI. Cela tient à la fois à la longévité exceptionnelle des stars de l'équipe de France (Karabatic, Omeyer, Narcisse, Abalo, Guigou), "à leur amour du maillot national" et à la qualité de la formation à la française, explique Costantini. "Il y a un réservoir de joueurs français très bon et qui se renouvelle bien", renchérit Martini en évoquant les cas de Nedim Remili (21 ans), Ludovic Fabregas (20 ans) mais aussi du gardien, plus expérimenté (30 ans) Vincent Gérard, qui a éclipsé Omeyer. "L'un des effets positifs de ce Mondial a été le partage du temps de jeu prôné par Didier Dinart (coach)", conclut Costantini.

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