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Hand: le cartel des gauchers adroits

Denrées rares du handball, les gauchers adroits pullulent dans la base arrière de l'équipe de France. Leur variété et leur complémentarité représentent un véritable atout dans la quête d'un sixième titre mondial.

"Nous sommes des privilégiés", affirme Didier Dinart qui n'avait jamais eu autant l'embarras du choix au poste d'arrière droit. Outre le titulaire Valentin Porte, l'entraîneur des Bleus et son binôme Guillaume Gille bénéficient d'une pléiade d'alternatives.

Il y a le colosse (2,02 m, 102 kg) Adrien Dipanda (28 ans), défenseur rigoureux mais également habile en attaque, comme la Russie a pu le constater mardi (8 buts en une mi-temps)... Mais aussi le "lance-roquettes" Nedim Remili (21 ans) et le benjamin Dika Mem (19 ans), qui a effectué une entrée remarquée en toute fin de match contre l'équipe slave et est promis à un grand avenir.

"Une telle densité à ce poste, c'est irréel", commente le directeur technique national Philippe Bana. Tellement irréel que les sélectionneurs ont pu se passer de Xavier Barachet, triple champion du monde (2009, 2011, 2015), une fois champion d'Europe (2010) et olympique (2012) pour ce Mondial à domicile.

Après les "Barjots" Stéphane Stoecklin, champion du monde en 1995, et Patrick Cazal (1995 et 2001), les Bleus ont longtemps manqué de ressources à ce poste. Tant est si bien que le droitier Jérôme Fernandez a régulièrement dépanné de ce côté de la base arrière.

"La tactique de Claude Onesta (sélectionneur de 2001 à 2016 devenu manager général), c'était quand même d'utiliser des gauchers pour équilibrer le jeu même s'il n'apparaissaient pas comme les plus performants du monde", souligne Philippe Bana.

- Le miracle Burdet, le pari Porte -

Parmi eux, l'histoire retiendra le nom de Cédric Burdet, joueur-clé de la demi-finale des Jeux de Rio contre la Croatie. Personne ne l'attendait pourtant, certainement pas l'équipe balkanique qui avait oublié d'étudier son jeu et fut terrassée par ses six buts, dont un 5/5 en première période. Mais c'était lors d'un match et "considéré" comme un miracle.

Pour pallier des forfaits, Claude Onesta avait aussi tenté un pari - gagnant - lors de l'Euro-2014 en faisant reculer l'ailier droit Valentin Porte. Devenu un pilier de l'équipe de France, le Montpelliérain est désormais soumis à une rude concurrence.

Comment les "Experts" se sont-ils retrouvés face à une telle offre presque d'un seul coup? "On a accentué notre surveillance sur les gauchers lors des détections", explique Bana, sans toutefois en faire "une obsession".

La Fédération française de handball (FFHB) a aussi tout simplement la chance de bénéficier d'une conjoncture exceptionnelle. Car en plus des joueurs déjà cités, il y a le talentueux Melvyn Richardson (19 ans), le fils du légendaire Jackson (417 sélections, un record), qui sera "peut-être un jour le demi-centre gaucher des Bleus" selon Dinart.

- Un avantage -

Les gauchers n'en demeurent pas moins une espèce très prisée et mieux payée en général que les droitiers.

L'explication est simple: il y a 10 à 15% de gauchers dans la population. Et dans une équipe de handball, pour une question d'angle de tir, il en faut au moins 28%, soit deux joueurs sur sept: l'ailier et l'arrière droit.

Être gaucher est clairement un avantage, explique Dika Mem, orienté vers ce sport alors qu'il voulait à la base s'inscrire dans un club de foot: "Si j'avais été droitier, je n'aurais sans doute pas fait de hand. J'ai commencé parce qu'on m'a dit que les gauchers étaient recherchés et que je pourrais jouer en sélection départementale."

Adrien Dipanda renchérit: "J'ai d'abord joué au tennis. Mais comme j'étais grand, mobile et gaucher, on m'a expliqué que j'avais quelque chose à tenter dans le handball. C'est comme cela que j'ai commencé à 15 ans." Essai réussi...

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