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Hollande face à quatre Français d'"en bas", à l'aise et presque "pro"

François Hollande, d'abord tendu puis plus détendu, s'est livré jeudi soir à un exercice inédit pour lui: répondre en direct à la télévision à quatre Français censés incarner les problèmes brûlants du pays, qui l'ont interpellé, très à l'aise, presque en "pro".

Une senior, chômeuse de Seine-Saint-Denis, une chef d'entreprise pugnace, un jeune homme des quartiers nord de Marseille, une assistante maternelle venue de la campagne ardennaise: telle était l'affiche réunie par TF1 et RTL pour ce rendez-vous de mi-mandat intitulé "En direct avec les Français".

Le président s'est montré attentif, courtois, n'interrompant pas ses intervieweurs "amateurs", les laissant lui couper parfois la parole, un peu chahuté par la jeune patronne.

Il s'est même offert une première: la poursuite de son interview pendant près d'un quart d'heure sur le site MYTF1news.fr, après TF1 et RTL.

Quelques moments de spontanéité ont marqué la soirée : "merde", a ainsi lâché à un moment, après un bref épisode de bafouillage, Hasen Hammou, le Marseillais.

Mais il n'y a pas eu de "moment de vérité" télévisuel crû, âpre, comme avaient pu en connaître jadis Nicolas Sarkozy face à un syndicaliste, ou celui qui était alors le président de l'UMP, Jean-François Copé, bousculé par une chômeuse.

Là, les quatre se sont succédé sans heurts, dans un décor de bandes noires et bleues ciel-nuageux.

Joëlle Madiavilla, 60 ans, longs cheveux blond vénitien, a ouvert le ban sur l'emploi des seniors. Sa situation parlait pour elle, à la recherche d'un emploi depuis deux ans, en fin de droits et percevant moins de 500 euros par mois. Ce qui n'est pas admissible, lui a dit le président.

A suivi Karine Charbonnier, blonde, la quarantaine combative, patronne d'une PME de boulons et autres écrous exportant dans le monde entier, avec des usines à Armentières (Nord) et à l'étranger.

- "Choc de complexification -

D'emblée, elle a rappelé le sort de la chômeuse de soixante ans qui l'avait précédée: "Quel gâchis ! Comment en est-on arrivés là ?".

Le thème était la simplification, mais "pour moi, 2014 a été un énorme choc de complexification", a-t-elle balancé.

Elle a réclamé des mesures de compétitivité, citant des contre-exemples britannique ou allemand. Si elle délocalisait dans ces pays, a-t-elle argumenté, son entreprise économiserait 3 millions d'euros.

M. Hollande l'a remerciée : "Nous avons besoin d'entreprises comme les vôtres". Mais sans la désarmer : elle a fini par admettre de "petits pas", mais insuffisants même si "ça va dans le bons sens". S'il le faut, a-t-il promis, le président prendra "des bottes de sept lieues".

Hasen Hammou semblait le plus hésitant, parfois un peu perdu dans ses explications, avouant "une succession d'échecs". Ca peut arriver aussi aux hommes politiques, lui a opposé le présentateur du 20H00 de TF1, Gilles Bouleau. "Même en exercice", a renchéri le chef de l'Etat. "Ancien candidat des radicaux de gauche aux municipales", crépitait Twitter à propos d'Hasen Hammou.

Catherine Faucheron, l'assistante maternelle, mère de trois enfants, habitante d'un village situé à 40 km de Charleville-Mézières, a mis sur la table son problème : si le collège local ferme, son fils de 11 ans aura deux heures de transport par jour. Alors, "comment peut-il réussir à l'école" dans ces conditions ? François Hollande lui a rappelé son passé de député et président de conseil général de Corrèze, qui l'a frotté aux problèmes de la ruralité.

Constat amer de Mme Faucheron: "on nous raye de la carte".

"Avant de fermer un collège, il faut regarder l'avenir, pas le passé", a-t-il répondu.

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