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Italie: le mouvement Cinq Etoiles de Beppe Grillo veut gouverner

Le mouvement contestataire italien Cinq Etoiles, lancé par l'humoriste Beppe Grillo en 2009, se sent prêt à gouverner, deux ans et demi après son entrée fracassante au Parlement.

"Aujourd'hui nous sommes prêts, beaucoup plus qu'en 2013", a affirmé à l'AFP l'un des principaux représentants du mouvement, Luigi di Maio.

A la surprise générale, le mouvement Cinque Stelle (Cinq Etoiles) avait raflé 25,5% des voix aux élections législatives de février 2013, devenant dès son baptême du feu électoral la deuxième force politique en Italie derrière le Parti démocrate (centre-gauche) aujourd'hui dirigé par Matteo Renzi.

Depuis, à 29 ans, Luigi Di Maio, le plus jeune vice-président de la Chambre des députés de l'histoire italienne, s'est imposé comme le nouveau visage du mouvement, reléguant au second plan son tonitruant fondateur.

Et cela d'autant plus que ce jeune Napolitain présente bien. Son physique de gendre idéal, costume cravate toujours impeccable, fait fureur et rassure après les coups de gueule et le langage cru de Beppe Grillo.

Bon orateur, diplômé en droit, il s'emploie à renforcer la crédibilité du mouvement depuis la crise de gouvernance de l'automne, qui a contraint Beppe Grillo à prendre quelques distances.

- 'Pas de sortie nette de l'euro' -

Quand Beppe Grillo réclamait encore en octobre une sortie de l'euro "le plus vite possible", Luigi Di Maio se montre beaucoup plus prudent en juillet, après la reddition du Premier ministre grec Alexis Tsipras devant ses créanciers européens.

"Nous avons une ligne en la matière qui ne prévoit pas une sortie nette de l'euro", explique-t-il dans l'entretien à l'AFP.

Et s'il est toujours question de sortir de la monnaie unique, ce sera dans le cas où celle-ci "continue à étrangler notre économie". L'euro est donc réformable, encore faut-il s'en donner les moyens, ce que Matteo Renzi ne fait pas, faute d'"autorité" en Europe, ajoute-t-il.

Le président du Conseil italien est l'adversaire numéro un du mouvement Cinq Etoiles (M5S), dans la perspective des prochaines élections, prévues en principe en 2018.

Et les "grillini", surnom donné aux sympathisants du mouvement, s'y préparent. Dans les 16 communes italiennes qu'administre le M5S, dont Livourne et Parme, les élus ont institué une sorte de taxation participative, qui permet aux citoyens de choisir eux-mêmes l'affectation d'une partie des impôts.

Luigi Di Maio rappelle aussi que le millier d'élus du mouvement (Parlement européen, parlement national et collectivités locales) renoncent depuis deux ans à la moitié de leur salaire.

Cela a permis de recueillir quelque 10 millions d'euros, intégralement reversés à de petites entreprises sous forme de micro-crédit. "Avant la fin de l'année, ce seront quelque 8.000 qui auront ainsi été aidées", affirme-t-il.

Pas de "populisme" là-dedans, assure-t-il, mais un "projet concret basé sur les préoccupations des électeurs, avec des propositions toutes couvertes financièrement".

Comme celle par exemple d'un revenu citoyen minimum de 780 euros dont le coût total de 17 milliards d'euros est, assure-t-il, intégralement compensé.

Le Mouvement Cinq Etoiles "continue à croître parce que la politique en Italie continue à être un +muro di gomma+", un mur de caoutchouc où disparaissent toutes les aspirations des citoyens, explique encore Luigi Di Maio, qui raconte s'être d'abord cogné à ce "mur" à Naples avant de suivre Beppe Grillo en 2007.

La nouvelle loi électorale, qui entre en vigueur en 2016, favorise les deux plus grandes forces politiques. Le mouvement Cinq Etoiles, avec le Parti démocrate de Matteo Renzi, est actuellement l'une d'entre elles et veut croire en son destin.

"En fait, nous avons l'impression que nous sommes élus quand les citoyens italiens voient, dans les communes, toute la saleté dont la politique est capable, quand on a touché le fond", assure Luigi Di Maio.

Son téléphone portable émet un petit bip. Un flash d'une agence italienne lui apprend que le Sénat vient de refuser de lever l'immunité d'un sénateur du centre-droit, poursuivi en justice, grâce au vote négatif de plusieurs sénateurs du PD. "Vous voyez, les choses ne changent pas", dit-il avec un grand sourire.

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