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Italie: Renzi fait un pas décisif au Sénat sur la voie du changement

Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi était en passe mardi de remporter une victoire "historique" avec l'adoption par le Sénat d'une loi le réformant radicalement, censée donner à l'Italie une stabilité gouvernementale inédite dans son histoire récente.

La réforme en question prévoit la fin du bicaméralisme parfait existant actuellement en Italie, qui avait été jugé indispensable en 1947 pour éviter tout retour au fascisme.

Mais il a conduit aussi le pays à une forme de paralysie politique et d'instabilité gouvernementale: pas moins de 63 gouvernements se sont succédé en Italie depuis l'après-guerre.

La réforme réduit fortement les prérogatives du Sénat. Ce dernier, qui ne comptera plus que 100 élus contre 315 actuellement, ne votera plus la confiance au gouvernement et ne s'occupera que d'un nombre limité de lois.

Le président du Conseil italien, qui avait promis en février 2014 en arrivant au pouvoir d'envoyer "à la casse" la vieille Italie, ne compte pas s'arrêter là. Le vote au Sénat, attendu dans l'après-midi, devrait l'y aider.

"Je ne recule pas d'un centimètre. Les réformes dont le pays a besoin, nous les réaliserons jusqu'au bout", a promis samedi le chef du gouvernement, au cours d'une réunion avec des industriels dans le nord du pays.

Ce projet est une des pièces maîtresses dans sa stratégie de modernisation du pays. Un succès qu'il compte bien mettre en avant auprès de la Commission européenne, appelée à examiner prochainement le projet de budget italien. Le conseil des ministres devrait l'approuver jeudi, avant de le remettre aux autorités européennes, auprès de qui Matteo Renzi espère obtenir la flexibilité budgétaire, jugée indispensable pour ranimer une croissance encore timide.

- "Une grande victoire" -

"C'est une grande victoire pour Renzi. Avec ce succès il fera voir à l'Italie et à l'Europe qu'il est capable de réformer un pays irréformable", a jugé pour l'AFP le politologue Roberto D'Alimonte, professeur à l'université Luiss de Rome.

"C'est une réforme dont le pays avait vraiment besoin, le système politique italien était devenu absolument ingérable. Le pays était paralysé et il l'a été pendant trop longtemps", a renchéri de son côté le professeur Franco Pavoncello de l'université américaine John Cabot de Rome, interrogé par l'AFP.

"Un système dangereux qui met un homme seul aux commandes", a cependant dénoncé l'ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi.

Matteo Renzi a également fait voter une réforme de la loi électorale à la Chambre des députés, qui permet au chef du parti de nommer les têtes de liste dans les 100 circonscriptions du pays. Une manière, dénoncent ses opposants, d'assurer aussi son pouvoir à la Chambre, en cas de victoire électorale.

Pour Sergio Fabbrini, politologue et directeur de l'école d'administration publique (School of government) de la Luiss, ce genre d'accusations ne sont que des prétextes car "en Italie, un chef de gouvernement ne pourra jamais avoir le contrôle de tous les députés de sa majorité".

"La force de Renzi a été de prendre l'initiative. C'est certainement une victoire pour lui car il a réussi à obtenir un changement qu'aucun gouvernement auparavant n'a pu réaliser", a ajouté M. Fabbrini auprès de l'AFP.

Le vote des sénateurs sur ce projet de réforme constitutionnelle représente le dernier passage délicat pour Matteo Renzi, contesté par la minorité de gauche de son Parti démocrate (PD, centre gauche) pour certaines de ses réformes, jugées trop libérales.

Il y aura un nouveau vote à la Chambre des députés qui devrait simplement entériner le texte adopté au Sénat, puis un nouveau passage rapide au Sénat, sans débat, avant un référendum, vraisemblablement vers la mi-2016.

En cas de victoire très probable du oui, cette réforme constitutionnelle, la plus importante de l'après-guerre, pourra alors entrer en vigueur avant les élections législatives prévues en 2018.

M. Renzi a promis de démissionner s'il ne parvenait pas à mener à bout cette réforme du Sénat. "Rien en Italie n'est jamais sûr à 100%, mais les dieux sont décidément en sa faveur", a jugé M. D'Alimonte.

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