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Jawad "le logeur" s'est confié à une amie: "Il m'a dit je suis dans la merde"

Jawad Bendaoud, l'homme soupçonné d'avoir fourni un logement de repli au jihadiste belgo-marocain Abdelhamid Abaaoud et à un autre assaillant non identifié après les attentats de Paris, a confié à une amie qu'il "était dans la merde". Cette dernière raconte la conversation qu'elle a eu avec "le logeur".

Jawad Bendaoud avait été arrêté le 18 novembre dans la rue, à proximité immédiate de l'appartement de Saint-Denis pris d'assaut par les policiers et où Abaaoud, sa cousine Hasna Aitboulahcen et un homme non identifié sont morts, l'un d'entre eux dans l'explosion d'une veste explosive. En surveillant Hasna Aitboulahcen, les enquêteurs l'ont vu discuter la veille de l'assaut avec un homme qui semble être Jawad Bendaoud, sans doute pour négocier la mise à disposition de l'appartement. Peu de temps après, Hasna Aitboulahcen a récupéré Abaaoud et un autre homme dans une zone d'entrepôts d'Aubervilliers, en bordure d'autoroute, où les deux hommes se cachaient avant de les ramener dans cet appartement, au troisième étage d'un petit immeuble du centre de Saint-Denis.


"C'est un pote qui m'a dit de les héberger"

Hayet, une amie du "logeur" a expliqué ce que l'homme lui a confié au moment des faits. "Il m'a dit je suis dans la merde, c'est un pote qui m'a dit de les héberger parce qu’ils revenaient de Belgique. Qu'ils avaient juste besoin de se reposer et d'un peu d'eau pour faire leurs prières. Ils devaient être deux. Mais ce que j'ai appris par la suite c'est qu'ils étaient peut-être cinq", a détaillé la jeune femme.


"Un ami m'a demandé d'héberger deux de ses potes"

Juste avant d'être interpellé, Bendaoud avait expliqué à une journaliste de l'AFP avoir mis cet appartement à disposition sans savoir à qui: "Un ami m'a demandé d'héberger deux de ses potes pour quelques jours."

"J'ai dit qu'il n'y avait pas de matelas, ils m'ont dit "c'est pas grave", ils voulaient juste de l'eau et faire la prière", avait-il ajouté. "On m'a demandé de rendre service, j'ai rendu service, je n'étais pas au courant que c'était des terroristes", avait affirmé cet homme, qui présente un profil de délinquant de droit commun.

Une information judiciaire va être confiée dans la journée à des juges d'instruction par la section antiterroriste du parquet de Paris qui mène les investigations depuis les attentats du 13 novembre.


Qui est Jawad Bendaoud?

Troisième d'une fratrie de cinq, il a grandi à deux pas de là, boulevard Carnot. Son père est sans emploi, sa mère a été nourrice mais "a perdu son agrément depuis longtemps", selon la mairie. Condamné en novembre 2008 à huit ans de prison pour "coups mortels", il est sorti en septembre 2013. Pour Didier Paillard, maire communiste de Saint-Denis, Jawad Bendaoud est avant tout un de ces "caïds" embauchés par "des marchands de sommeil pour loger au 'black' des personnes de passage" dans les immeubles insalubres qui pullulent dans le centre-ville.

Selon Hayet, la jeune femme qui était avec lui le soir des faits, il lui avait confié être "dans la merde" avec cette histoire."La façon dont l'appartement était préparé... Je pense qu'il a quelque chose à voir et qu'il était au courant", a-t-elle déclaré sur BFMTV une fois sortie de garde à vue, disant ignorer combien de personnes étaient réellement logées dans l'appartement.

Côté religion, dans sa ville, "Jawad" est connu comme quelqu'un de "pas du tout radical". "Il danse, il a rien a voir avec ça. C'est un mec sexe, drogue, alcool. Il sait même pas où c'est, la mosquée", le défend Sami, 29 ans.

"Quand je l'ai vu à la télé, ça m'a fait sourire", explique sous couvert d'anonymat une propriétaire d'immeuble rue du Corbillon, le décrivant comme "le petit caïd du quartier". "Je le croise souvent. Il y a encore quelques jours, il me disait qu'il avait tué un homme et qu'il était sorti il y a peu de prison... Il est pas méchant, un peu naïf", ajoute-t-elle.

Cynthia, 25 ans, connaissait "Jawad", avec qui "elle discutait comme ça", mais surtout le jeune homme qu'il a tué pour une histoire de téléphone portable. N'avait-elle pas peur de le croiser "en bas", dans la rue ? "Au début oui. Puis je me suis dit: tout le monde a droit à une deuxième chance".

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