Accueil Actu

Front national: pas de trêve estivale dans la guerre des Le Pen

Pas de trêve estivale dans la guerre des Le Pen : le père Jean-Marie, auteur de propos polémiques sur les chambres à gaz, a de nouveau été convoqué par sa fille Marine devant le bureau exécutif du Front national pour le 20 août, avec à la clé une sanction pouvant aller jusqu'à l'exclusion définitive.

La justice a donné tort à trois reprises au Front national dans le différend qui l'oppose à M. Le Pen, mais Marine Le Pen, présidente du parti, ne renonce pas. Mardi, elle a adressé une convocation signée de sa main intimant au fondateur du FN de se présenter le 20 août devant le bureau exécutif (plus haute instance du parti) "statuant en formation disciplinaire".

Convocation que Jean-Marie Le Pen a qualifiée dans un communiqué "d'abjecte et de tout à fait indigne d'un candidat à la présidence de la République", sa fille devant de nouveau être candidate en 2017.

En cause: les propos réitérés depuis début 2015 par M. Le Pen sur les chambres à gaz, "un détail de l'histoire", le maréchal Pétain, les homosexuels, sur Marine Le Pen, dont il a "honte qu'elle porte (son) nom", et à qui il ne souhaite pas la victoire en 2017.

Mme Le Pen énumère quinze griefs qui selon elle sont "susceptibles de constituer des fautes graves, sanctionnées par les statuts et les principes du FN. La sanction prononcée peut aller jusqu'à la suspension provisoire, la radiation et l'exclusion pour faute ou motif grave".

Sur les quinze mises en cause, cinq concernent directement Florian Philippot, vice-président du FN, que M. Le Pen accuse tantôt d'être "un agent double en mission" pour la droite, tantôt de procéder à une "véritable colonisation du mouvement".

Trois autres points concernent sa petite-fille Marion Maréchal-Le Pen, qui essaie tant bien que mal de se tenir à l'écart de la polémique, "un spectacle" dont elle a "honte".

Mais "les griefs exposés appartiennent tous à ma liberté d'expression d'homme politique et de parlementaire, dans une polémique dont je n'ai pas pris l'initiative", affirme le député européen.

- 'Madame Le Pen s'enfonce' -

Convoqué une première fois devant les instances disciplinaires de son parti le 4 mai, M. Le Pen avait été suspendu de sa qualité d'adhérent du FN. Puis un congrès postal avait été organisé (jusqu'au 10 juillet) pour valider les nouveaux statuts du parti, qui incluaient la suppression de la présidence d'honneur, détenue par Jean-Marie Le Pen.

A trois reprises, la justice a cassé ces procédures internes, jugeant non pas sur le fond mais sur la forme. Dans le premier cas, les juges ont estimé que la décision de suspendre M. Le Pen "viol(ait) les règles statutaires" du parti. Idem pour le congrès postal, "une pseudo-consultation" jugée "hors la loi" par M. Le Pen et également contesté en justice par lui. Seul un congrès physique est habilité à supprimer la présidence d'honneur, ont répondu les juges, en première et deuxième instance.

Selon un responsable FN, ce congrès extraordinaire pourrait se tenir début 2016, donc après les élections régionales de décembre, auxquelles M. Le Pen a plusieurs fois laissé entendre qu'il pourrait se présenter en Paca, et donc face à sa petite-fille Marion.

Dans l'attente de ce congrès, Marine Le Pen a publié le 29 juillet les résultats du vote postal, montrant une très large adhésion (94% des votants) aux nouveaux statuts, Jean-Marie Le Pen perdant ainsi selon alors "toute légitimité politique à rester président d'honneur".

Dans son communiqué, M. Le Pen ne précise pas s'il se rendra ou non à la convocation. Mais, prévient sa fille, s'il ne vient pas, "sans fournir d'excuse reconnue valable par le bureau exécutif, la sanction qui pourra être prononcée (...) n'en sera pas moins définitive".

"Madame Le Pen s'enfonce", a réagi son père sur Europe1. Toutefois, "il n'y a pas de guerre qui ne connaisse un armistice et une paix", a-t-il nuancé sur BFMTV.

À la une

Sélectionné pour vous