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Juppé opposé à une loi de "circonstance" interdisant le burkini

Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite, s'est dit opposé vendredi à une loi "de circonstance" interdisant le burkini, après la décision du Conseil d'Etat qui a mis un coup d'arrêt à ces interdictions, dans un entretien au Figaro publié samedi.

Alors que son rival, Nicolas Sarkozy, réclame une loi, le maire de Bordeaux affirme: "Résistons à la tentation d’exiger des lois de circonstance au fil des polémiques médiatiques". "Aujourd’hui, dans l’état de tension et de souffrance dans lequel se trouve la société française, nous serions tous bien inspirés d’arrêter de jeter de l’huile sur le feu", estime le maire de Bordeaux, qui précise qu'il avait approuvé les arrêtés d'interdiction.

L'ex-Premier ministre s'était déjà déclaré contre l'interdiction du voile à l'université prônée par Nicolas Sarkozy, alors président de LR et pas encore candidat à la primaire des 20 et 27 novembre 2016.

"La question du port de signes religieux ostentatoires est importante, notamment en ce qu’elle peut constituer pour la femme une forme d’enfermement", explique le maire de Bordeaux. "Il faudra l’aborder clairement, comme je le propose, dans un accord global entre l’État et les représentants du culte musulman", a-t-il poursuivi.

"La République doit engager un dialogue avec nos compatriotes musulmans pour fixer les règles du jeu dans un accord solennel sur les principes de la laïcité", qui comprendra "une charte de la laïcité".

A la question avec qui négocier cet accord, il répond: "c'est le problème".

"La représentativité du Conseil français du culte musulman est parfois contestée (...) Il faut qu’il soit vraiment représentatif des musulmans de France, sans connexion avec des États étrangers, ce qui suppose que nos compatriotes musulmans prennent leurs responsabilités pour s’organiser", explique-t-il.

"Ce n’est pas les culpabiliser ni les stigmatiser de dire cela", ajoute-t-il.

"Et je le dis à nos compatriotes musulmans: on note aujourd'hui dans cette religion un durcissement, un retour à ce que certains considèrent comme la rigueur originelle, qui peut aboutir à des comportements de prosélytisme proches de la provocation. Il faut calmer le jeu d’un côté comme de l’autre", a-t-il ajouté.

Alors que Nicolas Sarkozy explique que l'identité française est "menacée" et brocarde le concept d'identité heureuse promu par Alain Juppé, notamment dans son ouvrage sorti lundi, celui-ci "réaffirme" cet "objectif". "Je suis convaincu que cela correspond à une attente profonde de l’opinion", explique-t-il.

Il réfute avoir jamais parlé +d’accommodements raisonnables+, un concept venu du Canada et contesté par les tenants d'une laïcité offensive. "En revanche, pourquoi pas un peu d’intelligence et de bon sens??", a-t-il dit.

"Par exemple, et tous les maires le savent: la liberté de choix à la cantine entre différents menus, viande, poisson, végétarien, est un +accommodement raisonnable+ comme vous dites, qui permet d’apaiser complètement les choses, sans jeter inutilement de l’huile sur le feu. Il n’est pas question en revanche d’y introduire des menus préparés selon tel ou tel rite religieux", explique, là encore en désaccord avec la proposition faite il y a plusieurs mois par l'ancien chef de l'Etat.

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