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L'agression d'une jeune femme en maillot de bain à Reims enflamme les réseaux sociaux

Réseaux sociaux qui s'enflamment, personnalités politiques et associations qui réagissent promptement : l'agression d'une jeune femme en maillot de bain à Reims a provoqué un emballement ce weekend avant que l'histoire ne soit ramenée au rang de simple fait divers.

Défense de la "laïcité", menace sur le mode de vie "à la française", "morale de l'oppression" ou encore "laboratoire de la charia", les commentaires les plus orientés ont inondé la toile depuis samedi, après la publication d'un article par le journal régional L'Union-L'Ardennais relatant l'agression.

Une jeune femme qui bronzait en compagnie de deux amies mercredi au parc Léo-Lagrange, situé en bordure du stade de Reims, avait été agressée par cinq filles, dont deux mineures, "originaires de différents quartiers", au seul motif de sa tenue, selon le journal, qui prêtait à l'auteure principale présumée des faits un "discours aux relents de police religieuse".

Une formulation jugée ensuite "maladroite" par le même journal, qui publiait lundi un papier titré "Décryptage d'un emballement" sur la genèse et les aboutissements de l'affaire.

Les premiers éléments publiés samedi avaient suffi pour que l'histoire se répande comme une traînée de poudre sur internet, et notamment sur Twitter où de nombreuses personnalités politiques n'ont pas manqué de réagir. "Lynchée car vivant à la française", selon le vice-président du FN Florian Philippot, "la charia en bas d'chez soi" pour le sénateur frontiste Stéphane Ravier, ou encore "on veut nous imposer un mode de vie qui n'est pas le nôtre", publié par le député (Les Républicains) Eric Ciotti.

Alors que le mot-dièse #jeportemonmaillotauParcLeo génère pas moins de 10.684 tweets jusqu'à lundi midi, la députée européenne (LR) Nadine Morano se contentera de poster une photo de Brigitte Bardot en bikini.

Des sites souvent marqués à droite diffusent également largement l'information sous des titres chocs, comme "Reims, laboratoire de la charia?" sur bvoltaire.com, ou "agression contre la France entière" pour dreuz.info qui qualifie les mises en cause d'"apprenties djihadistes d'Allah".

- 'Une embrouille entre filles' -

Jusqu'à l'association SOS racisme qui s'empare de l'affaire par un tweet de son président Dominique Sopo, dénonçant samedi "une morale de l’oppression qui réduit nos libertés" et appelant à un rassemblement en maillot le lendemain au parc Léo-Lagrange.

Le jour dit, les journalistes dépassaient en nombre la petite dizaine de manifestants rassemblés en tenue de bain, alors que la température peinait à dépasser les vingt degrés.

L’emballement médiatique a probablement conduit dimanche après-midi les autorités jusque là silencieuses à communiquer et à ramener ainsi "l'affaire" au rang de simple fait divers.

"C'est une altercation entre jeunes filles qui dégénère après qu'une des auteures de l'agression a dit : +Allez vous rhabiller, ce n'est pas l'été+", avait alors expliqué à l'AFP la commissaire de permanence, Julie Galisson, en réfutant tout "élément à caractère religieux ou moral" pour expliquer l'agression.

Des faits confirmés lundi par le parquet de Reims, qui évoque une "embrouille entre filles".

"La jeune femme agressée, qui portait un short et un haut de maillot de bain, aurait répondu +la prochaine fois, je le ferai les seins nus+, avant que cela ne tourne en échange de gifles", selon la vice-procureure de Reims, Hélène Morton.

Des appréciations esthétiques comme "physique de déménageur" auraient fusé. Puis, "comme la victime prend le dessus dans la bagarre, les copines de la mise en cause se mêlent à l'affrontement", selon la magistrate.

La plaignante s'est vu prescrire quatre jours d'incapacité totale de travail (ITT), alors "qu'une des mises en cause a trois jours d'ITT, mais n'a pas porté plainte", a précisé la vice-procureure.

Les deux mineures ont été déférées devant un juge des enfants. Les trois majeures comparaîtront le 26 octobre (et non le 24 septembre comme annoncé auparavant par erreur) devant le tribunal correctionnel de Reims pour violence en réunion.

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