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Décès de Michel Durafour, centriste et ministre d'ouverture

Figure du centre, Michel Durafour, ancien maire de Saint-Étienne et ministre sous les septennats de Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand, est décédé jeudi à l'âge de 97 ans, a annoncé sa famille à l'AFP.

Hospitalisé depuis six mois, Michel Durafour, cet homme politique et homme de lettres, est mort entouré de son épouse Maryse et de ses deux enfants.

Son nom avait fait irruption au premier plan de la scène médiatique quand, en 1988, ayant lancé un appel pour "exterminer le Front national", il s'était attiré, en riposte, un calembour plus que douteux de Jean-Marie Le Pen: "Obscur ministre de l'ouverture (...) M. Durafour-crématoire".

Ces propos avaient valu en 1993 au dirigeant du FN une amende de 10.000 francs (environ 1.500 euros) pour "injure publique".

Ministre du Travail de 1974 à 1976 sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, Michel Durafour s'était rallié à François Mitterrand au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle de 1988. Il était alors devenu un ministre d'ouverture, chargé de la Fonction publique, dans le gouvernement de Michel Rocard (1988-91).

"Je m'incline devant la mémoire de cet homme de bien, un exemple pour tous ceux qui ont eu la chance de le côtoyer, lui qui sera resté jusqu'au bout, écouté et très populaire dans sa ville, avec une volonté intacte de lutter contre l'intolérance et le rejet de l'autre", a souligné l'actuel maire de Saint-Étienne Gaël Perdriau (LR) dans un communiqué.

C'est "un ministre qui a beaucoup compté pour moi", alors jeune fonctionnaire au ministère du Travail, a dit la maire de Lille Martine Aubry (PS).

"Il n’avait pas peur de s’opposer aux siens pour défendre ceux qui, disait-il, ne peuvent être défendus que par l’Etat", a ajouté Mme Aubry. "Je me souviens surtout de la façon très humaine et personnelle avec laquelle il regardait chaque dossier de licenciement."

Par tradition familiale -son père, Antoine, avait également été ministre et maire de Saint-Étienne-, Michel Durafour avait entamé une carrière politique après des études de droit et de sciences politiques. Né en 1920, il devient, de 1944 à 1946, membre de plusieurs cabinets des gouvernements de Gaulle et Gouin. Parallèlement, il est élu conseiller municipal de Saint-Étienne à partir de 1947, avant d'en devenir maire en 1965. Il perdra la mairie en 1977 au profit du communiste Joseph Sanguedolce.

- Rassembler le centre-gauche -

Michel Durafour représentera à plusieurs reprises le département de la Loire au Sénat comme non-inscrit (1965-67), puis à l'Assemblée nationale (1967, réélu en 1968, 1973, puis en 1978) comme député radical-socialiste, avant de revenir au Sénat de 1983 à 1988, cette fois dans le groupe de la Gauche démocratique.

En 1974, ce centriste met entre parenthèses son mandat parlementaire pour devenir ministre du Travail dans le gouvernement de Jacques Chirac. L'année suivante, il tente en vain de lancer le mouvement de la "gauche réformatrice" pour rassembler les différents courants du centre-gauche. Il fera une nouvelle tentative en 1988 avec l'Association des démocrates, regroupant les ministres non socialistes du gouvernement de Michel Rocard.

Après un bref passage (1976-77) au poste de ministre délégué chargé de l’Économie et des Finances dans le gouvernement de Raymond Barre, il reprend ses mandats électifs, devient membre du conseil national de l'UDF, tout en enseignant à l'université Lyon III.

En 1981, il œuvre avec Jean-François Deniau à la candidature de Valéry Giscard d'Estaing à la présidentielle. Et se ralliera à François Mitterrand en 1988, le jugeant "seul capable de rassembler les Français, rompant le cycle infernal et manichéen gauche-droite".

Il deviendra alors ministre de la Fonction publique et des Réformes administratives dans les gouvernements Rocard jusqu'en 1991.

Michel Durafour était aussi un homme de lettres. Ancien journaliste, il était l'auteur d'une dizaine d'ouvrages, dont plusieurs primés, comme sa pièce "Les Démoniaques" (Grand Prix du théâtre, 1950), et sous le pseudonyme de Pierre Jardin, "Agnès et les vilains messieurs" (Grand Prix du roman d'aventures, 1963).

Il avait pris sa retraite en 1997 pour se consacrer à l'écriture.

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