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La CFE-CGC élit un président qui appelle l'exécutif à reculer sur la loi travail

Les militants de la CFE-CGC ont élu mercredi à la présidence de la confédération François Hommeril, ouvertement opposé à la loi travail et qui a appelé le jour même le gouvernement à "avoir le courage" de faire marche arrière.

Réunie mercredi et jeudi en congrès trisannuel à Lyon, la Confédération française de l'encadrement-Confédération générale des cadres (CFE-CGC) a également confirmé la nomination d'Alain Giffard pour le secrétariat général et Franck Zid pour la trésorerie.

L'élection de ce trio, plébiscité avec 90,83% de votes, est sans surprise: poussée vers la sortie par des querelles internes de personnes, la présidente sortante Carole Couvert avait annoncé dès fin avril la nomination de ce trio, pour un mandat de trois ans.

Candidat malheureux lors des élections de 2013, M. Hommeril, géologue de formation, 55 ans en juillet, réputé charismatique, a fait toute sa carrière chez Pechiney (devenu Alteo). Il envisage de travailler dans la continuité du mandat de Mme Couvert, qui a eu droit à une ovation mercredi. A peine élu, il l'a nommée présidente d'honneur de l'organisation.

Le nouveau président compte mettre en valeur un "syndicalisme utile" et "rendre plus opérationnelle" la CFE-CGC, quatrième syndicat français derrière la CGT, la CFDT et FO. Au cours d'une conférence de presse, M. Hommeril n'a d'ailleurs pas caché son objectif de faire de la CFE-CGC "la troisième organisation syndicale", mettant en avant une croissance des effectifs de 3% par an.

Son programme est axé sur le "développement de la représentativité", la "reconnaissance du parcours syndical", l'intégration des jeunes.

Il souhaite également "intensifier" les efforts pour renforcer la parité, "point sur lequel il faut le dire, nous ne montrons pas le bon exemple". De fait, avec le départ de Carole Couvert, aucun syndicat représentatif français n'est plus dirigé par une femme en France.

- "Pas un toutou" -

Surtout il semble bien parti pour faire emprunter à la CFE-CGC, traditionnellement classée du côté des "réformistes" comme la CFDT ou la CFTC, une troisième voie dans le paysage syndical, celle du "réformisme militant".

"Mal à l'aise" avec la formule de syndicat "réformiste", M. Hommeril assure que son organisation "n'a pas vocation à être un toutou qui salue toutes les réformes".

La confédération a pris ses distances avec les "réformistes" dès 2014 en n'approuvant pas le pacte de responsabilité, compliquant ainsi ses relations avec le Medef. Elle a confirmé cette ligne avec son opposition au projet de loi travail, "qui sent le moisi" selon le nouveau président.

Son organisation est contre la plupart des mesures du texte, dont la primauté de l'accord d'entreprise sur la branche, essence même du projet de loi, mais aussi les accords offensifs, les référendums en entreprise ou la réforme de la médecine du travail.

"Le gouvernement devrait avoir le courage politique de faire marche arrière", plaide-t-il, appelant l'exécutif à avoir "la sagesse d'accepter de mettre de côté le projet qu'il a fait à l'envers" et renvoyer "le sujet à la négociation entre les partenaires sociaux, en s'engageant à en accepter le résultat".

Pour autant, la CFE-CGC n'appelle pas à manifester, comme la CGT ou FO car ce n'est pas dans ses "habitudes". Il a également lancé une diatribe contre "les gouvernants" qui ont, depuis plus de 20 ans, "abandonné" la classe moyenne à un "capitalisme devenu fou".

Myriam El Khomri, interrogée lors d'une conférence de presse sur les propos de M. Hommeril, a déclaré que le dialogue social ne se faisait "pas à travers les médias". "Il se fait en respectant les acteurs, donc il se fera dans mon bureau avec le futur président de la CFE-CGC", a dit la ministre du Travail.

La centrale des cadres, qui compte 160.000 adhérents, se porte plutôt bien dans les entreprises: elle a remporté la première place à Air France, conforté sa première place chez Renault, et est parvenue à la deuxième place à EDF.

Fondée sous le nom de CGC en octobre 1944 à l'initiative d'ingénieurs et de cadres, elle est devenue CFE-CGC en 1981 et représente les cadres, les techniciens et les agents de maîtrise.

Elle est surtout présente dans le secteur privé, puisque 80% de ses adhérents en sont issus.

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