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La direction de L'Obs veut supprimer 40 postes, Rue89 en première ligne

La direction de L'Obs a présenté aux salariés un plan de départs volontaires portant sur une quarantaine de postes qui touche particulièrement le site Rue89, selon des documents consultés par l'AFP.

Ce projet, qui vise à ramener les effectifs à 143 postes contre 185 aujourd'hui, sera négocié à partir de lundi avec les représentants du personnel.

Des objectifs de réduction de postes par services ont été présentés aux salariés. Le site Rue89, racheté début 2012 par le groupe, devrait voir passer ses effectifs d'une dizaine de postes à quatre (3 rédacteurs et un chef des infos), recentrés sur les sujets de société.

Le site sera complètement absorbé sur le plan juridique à partir de janvier 2017.

Déficitaire depuis sa création, ce pionnier des sites d'info avait déjà vu sa rédaction réduite d'un tiers fin 2015 et était devenu un simple onglet sur le site de son propriétaire.

"La situation économique de notre journal, comme malheureusement celle de nombreux autres newsmagazines en france et à l'international, n'est plus viable sans une large remise à plat de toute notre organisation, au service de choix éditoriaux plus affirmés", déclare la direction du magazine dans un courriel envoyé à la rédaction.

L'hebdomadaire a vu ses ventes reculer de 13% en 2015, avec 401.000 exemplaires diffusés en moyenne, une baisse qui s'est accélérée au 1er trimestre (384.000 exemplaires).

- tensions entre rédaction et direction -

La direction, qui avait annoncé avant l'été un plan d'économies de 5 millions d'euros, a présenté jeudi dernier les détails de ce plan en interne : elle vise 3,6 millions d'euros d'économies sur la masse salariale et 1,1 million sur les frais de gestion. Elle prévoit un nouvel aménagement du temps de travail avec la suppression de 9 RTT par an.

"Si l'objectif des départs volontaires n'est pas atteint, la direction n'exclut pas des départs contraints", a indiqué une source interne à l'AFP.

Selon le courriel des dirigeants, la réorganisation vise à "préserver le coeur de notre journal", "créer des marges de manoeuvres" pour pouvoir investir et "rassembler toutes nos forces aujourd'hui trop dispersées sur le numérique".

Le numérique, le service société et le supplément Téléobs sont les plus touchés par les suppressions de postes tandis que certains services sont préservés comme la politique, débats, enquête ou culture, dit-on de source interne.

"La stratégie éditoriale du journal repose sur une ambition : réaffirmer le rôle de référence politique et intellectuelle du magazine et la traduire à travers une nouvelle dynamique sur le numérique", affirme la direction.

Le service politique a ainsi été renforcé par le recrutement d'une journaliste du JDD, dont l'embauche annoncée parallèlement au plan de départs a fait grincer des dents en interne.

Ce plan intervient dans un contexte de tensions entre la rédaction et la direction: mi-mai, plus de 80% des salariés de L'Obs avaient voté en faveur d'une motion de défiance contre le directeur de la rédaction Matthieu Croissandeau, désapprouvant son plan de relance éditorial et protestant contre le remplacement de ses deux adjoints, Pascal Riché et Aude Lancelin.

"Ce projet est tellement ciblé que les gens se reconnaissent. Cela suscite une grande inquiétude et de la démoralisation. Tout le monde se demande ce qu'il en sera dans un an, le choc est violent", raconte un journaliste.

Le rachat de l'hebdomadaire par Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse en 2014 s'était déjà traduit par une quarantaine de départs dans le cadre d'une clause de cession.

Pour la direction, ces mesures sont "malheureusement indispensables pour préserver l'avenir de l'Obs", les pertes d'exploitations du groupe s'élevant à 3,6 millions d'euros.

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