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La droite tente de masquer ses divergences pour sauver les meubles

Les couteaux sont tirés au sein des Républicains après la défaite de François Fillon au premier tour de la présidentielle, même si la droite va essayer de sauver les meubles, voire davantage, aux législatives de juin.

Au lendemain de cet échec historique, LR se retrouve face à deux échéances majeures, le second tour le 7 mai, puis les législatives, en juin, potentiellement explosives pour un parti construit en 2002 pour justement éviter le cas de figure actuel, son éviction au premier tour d'une présidentielle.

Le principal enjeu pour Les Républicains est de rester unis, ne serait-ce qu'en apparence, afin de ne pas perturber davantage des électeurs sonnés par la défaite et tentés, pour certains, de voter FN.

M. Fillon, intervenant en fin d'après-midi devant le bureau politique de LR, a invité ses principaux ténors "à rester unis" et à ne pas se "disperser dans des combinaisons pré-électorales". "Je n'ai plus la légitimité pour mener" le "combat" des législatives, "je vais redevenir un militant de cœur parmi les autres", a-t-il affirmé, prévenant qu'il allait désormais "penser (sa) vie autrement", sans plus de précision.

L'ancien patron de la droite étant désormais sorti du jeu, certains remettent en cause le programme radical qui avait été le sien pendant la campagne. "Après l'échec, il faut revoir la ligne politique" du parti, a estimé Alain Juppé. Des élus proches du maire de Bordeaux ou de Bruno Le Maire ont mis en garde leur "famille" contre le "rétrécissement de la droite sur une ligne politique exclusivement identitaire et conservatrice", qui serait "sans issue".

En vue du second tour, faut-il ou non appeler explicitement à voter Macron, méthodiquement honni par la droite depuis des mois, au risque que les électeurs de droite s'y perdent?

Réunis lundi matin, les membres du Comité politique de LR ont fini par trouver un compromis qu'il devait soumettre en soirée au BP, et qui exclut l'abstention face à Mme Le Pen.

- Une "position claire" -

La discussion a été houleuse entre les partisans du vote explicite pour le candidat d'En marche! - Nathalie Kosciusko-Morizet, Valérie Pécresse, Jean-François Copé, Luc Chatel, Thierry Solère, Xavier Bertrand, Christian Estrosi, Gérard Larcher - et ceux qui appelaient à "faire barrage au FN" (Laurent Wauquiez, François Baroin, Éric Ciotti, Jean-Frédéric Poisson), sans évoquer M. Macron.

"Notre position doit être claire", a plaidé NKM. Mais "c'est suicidaire de se rallier à Macron et ensuite, aux législatives, d'appeler à se battre contre lui", a argué Wauquiez.

Les législatives de juin constitueront peut être une autre pierre d'achoppement. Y aura-t-il fuite de candidats LR vers le camp macroniste, à l'instar de nombreux élus de droite, la plupart chiraquiens, qui avaient soutenu l'ancien ministre?

Christian Jacob, président des députés LR, a demandé, lors du comité politique, "l'exclusion et l'investiture de candidats contre nos candidats qui iraient chez Macron".

A M. Wauquiez, qui proposait de "corriger le point fiscal" en enlevant du programme la hausse de la TVA, prévue dans le programme de M. Fillon, Jean-François Lamour a répliqué: "Je demande à ceux qui ne sont pas candidats de nous laisser faire. C'est trop compliqué pour qu’on ait, en plus, affaire à des aventures personnelles qui nous plomberaient." Une flèche décochée contre le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, que l'interdiction de cumul empêche de briguer un nouveau mandat de député mais qui pourrait briguer plus tard la présidence du parti.

Les Républicains peuvent au moins être rassurés sur un point: le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde, qui a appelé à voter Macron au second tour, a exclu lundi une suspension de l'accord entre son parti et LR pour les législatives, excluant toute négociation avec En Marche!.

"Dès demain, nous engagerons, en accord avec nos partenaires de l'UDI, la campagne des législatives pour le projet d'alternance, seul capable de redresser la situation de la France", a indiqué M. Larcher.

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