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La France en alerte: explosion, grenades et tirs dans plusieurs lieux de culte musulmans

Une explosion a eu lieu jeudi matin vers 06H00 à Villefranche-sur-Saône (Rhône) dans un restaurant près d'une mosquée, sans faire de blessés. Dans le sud de la France, des coups de feu ont été tirés dans une salle de prière.

Des lieux de culte musulmans ont été visés depuis mercredi dans l'Aude, le Rhône et la Sarthe par des tirs d'armes à feu et une explosion, sans faire de blessés, après l'attentat contre Charlie Hebdo à Paris.

Dans la nuit de mercredi à jeudi au Mans, vers 00H30, des déflagrations ont réveillé les riverains du quartier populaire des Sablons qui accueille une mosquée. Selon le parquet, trois grenades d'exercice, dites grenades à plâtre, ont été lancées contre le lieu de culte installé dans une grande bâtisse.

Une seule a explosé dans une petite cour sans faire de dégâts majeurs et un impact de balle a été relevé sur une fenêtre du 1er étage. Elu de la Sarthe, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, se rendra jeudi après-midi au Mans.

"Il s'agit clairement d'une provocation à l'encontre de la communauté musulmane, nourrie par un sentiment d'islamophobie. Dans le climat général, ce n'est pas un acte banal. Il faut le prendre au sérieux. Mais la communauté musulmane ne répondra pas à la provocation", a souligné Mohamed Bentahar, responsable local de l'association des travailleurs maghrébins en France.

Dans l'Aude, mercredi vers 20H00, à Port-la-Nouvelle, un ou plusieurs coups de feu de "pistolet à grenaille" ont également été tirés en direction d'une salle musulmane, une heure environ après la fin de la prière, alors que la salle était vide.>-- 'Peur que ces actes s'amplifient' --

Jeudi matin enfin, à l'aube, une explosion s'est produite à Villefranche-sur-Saône (Rhône) devant un snack kebab jouxtant la mosquée de la ville. "Un engin artisanal déposé devant l'entrée du snack, à quelques mètres de la mosquée, a explosé à 05h45. La façade a été soufflée", a déclaré le procureur de la République à Villefranche-sur-Saône, Grégoire Dulin, lors d'un point-presse.

"Aucune hypothèse n'est privilégiée" sur l'origine de cet acte, selon le magistrat, dans l'attente d'éléments de la police scientifique.

"C'est lié à priori à la situation dramatique" de Paris, a estimé le député-maire UMP de la ville, Bernard Perrut. "Une telle situation est inquiétante et bouleversante et m'amène à lancer un message de cohésion, d'unité et de respect dans cette période douloureuse que traverse la France", a ajouté l'élu qui a demandé la protection de la mosquée.

"Je suis choqué, on a visé le snack mais c'était la mosquée qui était visée", a réagi Fayssal, 28 ans, habitant du quartier. "Il y a des gens qui mélangent tout, il faut arrêter de mêler les musulmans aux cochonneries qui se sont passées à Paris", a-t-il ajouté, qualifiant les auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo "d'extraterrestres, de chiens".

Selon le secrétaire de la mosquée, Foued Medjoub, celle-ci n'avait jamais été menacée. "Est-ce que ce sont des gens qui veulent allumer un conflit ou de petits idiots, on ne sait pas", a-t-il déclaré, désireux d'apaiser les esprits car "il y a déjà douze morts, cela suffit".

"Je suis inquiet que des actes anti-musulmans puissent se commettre. On en est à trois et la journée n'est pas terminée. J'ai peur que ces actes s'amplifient dans les jours à venir", a déclaré à l'AFP Abdallah Zekri, président de l'Observatoire contre l'islamophobie, rattaché au Conseil français du culte musulman (CFCM), en demandant aux autorités "d'assurer la sécurité".

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