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Prisons: moindre mobilisation des gardiens, appel au blocage maintenu pour jeudi

La mobilisation des gardiens de prison lancée après une série d'agressions de surveillants a marqué une pause mercredi alors que deux syndicats ont appelé à nouveau au blocage jeudi matin, dans l'attente d'un arbitrage de Matignon sur un document établi après des discussions avec l'administration pénitentiaire.

Vingt-huit établissements sur 188 ont été touchés par le mouvement, "essentiellement des établissements où le syndicat FO est très présent", selon un décompte de la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP). "Il s'agit essentiellement de retards à la prise de fonction ce matin."

Deux autres syndicats de gardiens de prison, l'Ufap-Unsa (majoritaire) et la CGT Pénitentiaire, ont appelé mercredi soir à reprendre le "blocage général" jeudi dès 06H00, à l'issue de discussions débutées mardi soir jusque tard dans la nuit avant de reprendre dès 08H00 mercredi et se sont arrêtées à 20H00, selon un communiqué de ces deux syndicats publié dans la soirée.

"Un premier document est à l’arbitrage de la garde des Sceaux et de Matignon. Une fois les arbitrages rendus, les discussions reprendront afin de faire un point et finaliser ou pas un document que nous soumettrons aux personnels", précisent l'Ufap-Unsa et la CGT Pénitentiaire qui réclament, outre une "gestion spécifique pour les détenus terroristes islamistes et radicalisés", une revalorisation d'un métier n'attirant "plus personne".

En outre, deux surveillants, l'un mardi et l'autre mercredi, ont été agressés à la maison d'arrêt de Grenoble-Varces (Isère). Le premier a "failli se faire crever un oeil" avec un stylo lorsqu'il "s'est approché pour regarder dans la cellule avant d'ouvrir", selon un responsable syndical local, tandis que le second qui refusait au prisonnier d'aller immédiatement à l'infirmerie, a reçu des "coups de poing dans l'abdomen".

Dans la matinée, la mobilisation était bien moins importante que lundi et mardi dans les Hauts-de-France même si Vendin-le-Vieil, épicentre de la mobilisation, restait bloqué.

- "La mobilisation devrait reprendre jeudi" -

C'est dans cet établissement du Pas-de-Calais qu'un détenu islamiste a agressé trois surveillants la semaine dernière, suscitant une "énorme colère" des agents pénitentiaires qui réclament notamment des moyens supplémentaires pour surveiller de tels détenus radicalisés.

Selon la Direction de l'administration pénitentiaire, il y a environ 4.000 agressions physiques par an de surveillants par des détenus (3.923 en 2017) et plus de 8.000 agressions par an entre détenus. Les prisons françaises comptent près de 70.000 détenus pour 28.000 surveillants, dans 188 établissements.

La mobilisation "devrait reprendre de plus belle demain (jeudi, ndlr)", a prévenu Guillaume Pottier, le secrétaire Ufap-Unsa pour les Hauts-de-France.

En Ile-de-France, aucune prison n'a été bloquée. Dans la matinée, une trentaine de membres du syndicat FO pénitentiaire a effectué une visite surprise à la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Paris (DISP), située à Fresnes (Val-de-Marne). Une petite délégation a été reçue par le directeur interrégional, qui a "écouté attentivement" leurs doléances, selon un délégué FO.

Dans le Grand Est, la mobilisation a été presque totalement suspendue, tandis qu'aucun mouvement n'a été observé en Occitanie et en Auvergne-Rhône-Alpes.

En Provence-Alpes-Côte-d'Azur, les blocages ont été levés, notamment au centre de détention de Tarascon (Bouches-du-Rhône), totalement isolé par un mouvement intersyndical après l'agression mardi d'une surveillante par un détenu suivi pour radicalisation, jusqu'à la mi-journée et une rencontre des syndicats avec la direction inter-régionale de l'AP.

En Centre-Val-de-Loire, seule la prison de Châteauroux (Indre) était toujours bloquée par une vingtaine de surveillants, selon le secrétaire interrégional FO Pascal Sabourault.

Sur France Inter, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a qualifié la situation des surveillants de "très difficile" et dit "mesurer vraiment la difficulté" de leur travail.

La garde des Sceaux s'est rendue mardi à Vendin-le-Vieil et s'est engagée à "aller vers un accroissement des effectifs des personnels d'encadrement" sur place, à étudier les transferts "d'un certain nombre de détenus" et à proposer des formations pour les surveillants.

Le centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil est censé accueillir en février prochain Salah Abdeslam, dernier membre vivant du commando jihadiste du 13 novembre 2015, pendant son procès pour une fusillade en Belgique.

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