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2017: Hollande face au défi d'une majorité éclatée

Y a-t-il une issue pour François Hollande après la démission fracassante d'Emmanuel Macron? Le président voit son éventuelle candidature en 2017 encore un peu plus hypothéquée par la fragmentation accélérée de sa base électorale, mais son camp contre-attaque, emmené par le Premier ministre Manuel Valls.

La désertion de Macron, tout à la fois fils prodige, ex-protégé et poulain du président, "ce n'est pas ça qui empêchera François Hollande d'être candidat", a estimé mercredi le porte-parole du gouvernement Stéphane le Foll.

Dans une allusion transparente, François Hollande a réagi lui-même aux ambitions de son ex-ministre à l'occasion d'une remise de prix à des projets d'actions solidaires, soulignant que l'"on ne peut rien faire tout seul".

Quant à Manuel Valls, excédé depuis des mois par le cavalier seul de l'ex-ministre, il a lâché ses coups. Évoquant sa propre "loyauté" à l'égard du chef de l’État, il a asséné : "On ne peut pas déserter", avant de lancer : "On ne s'improvise pas candidat à la présidentielle".

"Emmanuel Macron n’est ni de gauche, ni de droite. La vérité, c’est qu’il ne sait pas où il est", ironise pour sa part Nicolas Sarkozy dans un entretien aux Échos daté de jeudi.

Dans l'immédiat, les sondages s'avèrent mitigés. 47% des Français souhaitent qu'Emmanuel Macron soit candidat à l’Élysée, contre 53% qui sont d'un avis contraire, selon une enquête Ifop. Pour l'institut Elabe, ils ne sont que 34% à vouloir le voir se lancer dans la campagne présidentielle.

Au palais présidentiel, on veut voir dans la démission d'Emmanuel Macron une "clarification" bienvenue après l'ultime avertissement adressé le 14 juillet par le président à son jeune et ambitieux ministre, leader du mouvement En Marche! "Cette situation n'était confortable ni pour Emmanuel Macron ni pour nous, à l’Élysée", fait-on valoir.

Mais un proche de François Hollande l'admet crûment: "Ce n'est pas une bonne nouvelle pour le président. Ça représente un nouveau rétrécissement de sa majorité et montre bien le désarroi de celle-ci à l'approche de la présidentielle".

Selon Le Monde, François Hollande a eu mardi soir cette phrase amère lors du dîner qui réunit chaque mardi les responsables de la majorité présidentielle à l’Élysée: "Emmanuel Macron m'a trahi avec méthode". L'un des convives, le patron du groupe PS à l'Assemblée Bruno Le Roux, dément mais confie que le président a reconnu: "J'ai peut-être sous-estimé le caractère transgressif d'Emmanuel Macron".

"Dans ce moment, on a besoin de cohésion, pas d’un nouveau candidat, pas d’un nouveau parti, pas d’une confusion supplémentaire. (…) Et je n’ai vu hier (…) qu’un facteur de confusion supplémentaire", a déploré Bruno Le Roux.

"Comment François Hollande peut-il s'en sortir ? Ça devient extrêmement compliqué alors qu'il affronte une fragmentation de plus en plus spectaculaire de son ex-majorité présidentielle", observe le politologue Jérôme Fourquet (Ifop).

- "Un affaiblissement supplémentaire" -

Avant Emmanuel Macron, emportant avec lui l'aile droite de la majorité, l'aile gauche avait déjà été amputée par les départs de ses ministres emblématiques, l'écologiste Cécile Duflot ou les socialistes Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, devenus autant de rivaux potentiels du chef de l’État pour 2017.

François Hollande dira en décembre s'il brigue un nouveau mandat mais "la stratégie de l'ex-ministre de l’Économie est de tout faire pour qu'il renonce à se présenter en lui mettant la pression pour qu'au fil des mois, ne voyant pas sa cote remonter, il décide de jeter l'éponge", analyse Jérôme Fourquet (Ifop).

Brice Teinturier (Ipsos) est sur la même ligne : le départ d'Emmanuel Macron "n'est évidemment pas une bonne nouvelle, c'est un affaiblissement supplémentaire du chef de l’État" et l'entrée en lice de son ancien ministre de l’Économie comme candidat potentiel "constitue une contrainte supplémentaire et forte".

"Le jeu est encore très ouvert", estime-t-il toutefois, notant que "beaucoup de paramètres ne sont pas encore décantés" comme "le potentiel électoral de Macron" ou "le résultat de la primaire de la droite".

François Hollande pourrait aussi compter sur le retour d'une baraka qui semble l'avoir quitté à son arrivée à l’Élysée.

Surnommé "Monsieur 3%", le score que lui prêtaient les sondages au tout début de la campagne de la primaire socialiste de 2011, il avait été propulsé au sommet de l’État par la chute du favori, Dominique Strauss-Kahn.

"Le tout sauf Hollande, je l'ai vécu, à l'époque où il était à 3%. A un moment donné tout le monde s'y rallie pourquoi ? Parce que c'est un homme stable, qui est fort, qui quoi qu'il se passe (...) est inébranlable", a observé la sénatrice PS Frédérique Espagnac, proche du chef de l’État.

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