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Le bilan s'alourdit sur la Côte d'Azur: au moins 17 morts et 4 disparus (photos et vidéo)

Nuit d'enfer pour les habitants du Sud-Est de la France qui se sont retrouvés complètement inondés en quelques heures à peine. Certains sont restés coincés dans leur voiture, d'autres ont été piégés dans leur habitation. Le bilan, toujours provisoire, est de 17 morts et de 4 disparus.

Pris au piège dans un parking souterrain, coincés sous un tunnel ou noyés dans leur maison de retraite: les intempéries qui ont dévasté la Côte d'Azur dans la nuit de samedi à dimanche ont fait au moins 17 morts et 4 disparus.

Sous un franc soleil dimanche matin, c'est un spectacle de désolation qu'ont découvert les survivants dans la zone touchée par les intempéries, une trentaine de kilomètres le long du littoral, de Mandelieu-la-Napoule à Nice: parkings inondés, voitures enchevêtrées, rues couvertes de boue.

"De grosses innondations chez mon neveu à Vallauris, en France, nous a écrit une dame via notre page Alertez-Nous. Les photos ont été prises à minuit, il a dû descendre sortir des personnes qui etaient coincées dans leur voiture, tellement la pluie tombait. Il est allé au secours des gens car les pompiers ne parvenaient pas à les atteindre". 

Au fur et à mesure que passaient les heures, le bilan humain de la catastrophe a régulièrement été revu à la hausse: "le bilan n'est pas encore complet", a prévenu dès son arrivée sur la zone en fin de matinée le président de la République François Hollande, aux côtés du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.


En fin de journée, le bilan s'établissait à 17 morts, avec la découverte du corps d'une femme portée disparue à Cannes. Celle-ci a péri dans un accident de voiture dans la commune proche de Mougins provoqué par les intempéries. Quatre autres personnes étaient portées disparues (une à Antibes, deux à Cannes et une à Mandelieu-la-Napoule), a précisé Sébastien Humbert, sous-préfet des Alpes-Maritimes.

Quelque 250 personnes était logées dans des hébergements provisoires dans le département, tandis qu'un total de 11.000 foyers étaient encore privés d'électricité dans cinq communes. Lundi, 15 écoles, un collège et un lycée resteront fermés.


Malgré son importance, le bilan restait encore en deçà de celui des pluies torrentielles qui avaient fait en juin 2010 dans le Var 25 morts, 31.560 sinistrés et près d'un milliard d'euros de dégâts. A Cannes, s'adressant à une habitante, le président Hollande a souligné que l'état de catastrophe naturelle serait déclaré dès mercredi en Conseil des ministres. "Tenez bon, merci!", a-t-il lancé. Le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, a proposé le déblocage local immédiat "d'une enveloppe de 5 millions d'euros" pour accompagner les victimes. Michel Vauzelle, président PS de la région PACA, a lui annoncé le déblocage d'une aide exceptionnelle d'urgence de 4 millions d'euros.



A Cannes, à la cellule de crise dans les locaux de la police municipale, M. Hollande a pu regarder des images de vidéosurveillance enregistrées au cours de la nuit, au côté du maire David Lisnard. Les intempéries ont fait deux morts sur la voie publique à Cannes.

Le chef de l'État a évoqué aussi les conditions dans lesquelles au moins 7 personnes sont mortes dans la commune voisine de Mandelieu-la-Napoule, prises au piège dans le parking de leur résidence en essayant probablement d'aller mettre leur voiture à l'abri. "Encore une fois, il faut qu'on prévienne qu'à un moment il vaut mieux laisser sa voiture que laisser sa vie", a commenté M. Hollande.

Devant la presse, le président a fait un rapprochement avec les changements climatiques, rappelant que la France accueillerait à la fin de l'année la conférence sur le climat Cop21. "Il y a toujours eu des catastrophes, mais leur rythme, leur intensité se sont renforcés", a-t-il jugé, appelant à "prendre des décisions" pour le climat.




A Mandelieu, des lames d'eau ont surpris samedi soir les habitants de plusieurs résidences descendus dans les parkings souterrains pour mettre à l'abri leurs véhicules. Dans les sous-sols, "l'eau est tellement opaque que les pompiers ne voient pas les corps. (...) C'est apocalyptique", a décrit le maire Henri Leroy. Les secours sortaient au fur et à mesure des corps des parkings, transportés ensuite par des fourgons de pompes funèbres.

Les inondations ont également fait des victimes à Biot où trois résidents d'une maison de retraite sont morts, ainsi qu'à Vallauris-Golfe Juan où une famille de trois personnes a péri dans une voiture en empruntant un petit tunnel en cours d'inondation, et à Antibes où une femme a été emportée par les flots dans un camping.


"Coupées du monde"

Ce camping du Pylone a été dévasté: "D'habitude, nous avons le temps de prévenir les gens", explique Françoise Pauget, la propriétaire. "On a toujours une demi-heure pour prévenir tout le monde. Mais là, en 10 minutes, qu'est-ce que vous voulez faire ?" 


A Biot, les témoins du drame ont aussi évoqué l'enchaînement rapide des événements. "Nous avions deux salariés qui assuraient la surveillance de la maison de retraite cette nuit et des 48 pensionnaires: une aide-soignante et une auxiliaire de vie", a raconté à l'AFP Jean-Christophe Romersi, le responsable régional du groupe qui gère l'établissement. "Mais elles se sont retrouvées coupées du monde, dans l'impossibilité de prévenir les secours par téléphone", poursuit-il. Trois personnes âgées, logées au rez-de-chaussée, n'ont pu être sauvées.

Samedi soir, selon Météo-France, entre 19H00 et 22H00, 180 mm d'eau sont tombés à Cannes, 159 mm à Mandelieu-la-Napoule, et 100 mm à Valbonne, près de Biot.

520 sapeurs-pompiers ont été mobilisés et les secours ont reçu 3.341 appels pour 753 interventions, dont 105 hélitreuillages.

Dans son angélus, le pape François a appelé à une "solidarité concrète" avec les victimes et le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a proposé la collaboration de son pays.

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