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Budget: Trump veut sabrer l'aide sociale pour en finir avec les déficits

Un coup de pouce pour la défense, des coupes claires pour l'aide sociale ou l'environnement: le premier budget de l'ère Trump promet un retour à l'équilibre au prix d'une cure d'austérité jugée dangereuse par les démocrates.

Baptisé "Une nouvelle fondation pour la grandeur américaine", le projet de loi de finances 2018 dévoilé mardi a peu de chances d'être adopté en l'état par le Congrès mais il fait la part belle à la doctrine de "l'Amérique d'abord" qui lui a permis de conquérir la Maison Blanche.

"Je veux l'appeler le budget du +contribuable d'abord+ (...) Nous avons regardé ce budget avec les yeux de ceux qui payent les factures", a commenté Mick Mulvaney, le directeur du budget à la Maison Blanche, devant la presse.

Conformément aux promesses du candidat Trump, ce budget prévoit une hausse de 10% des dépenses militaires sur un an, et 2,6 milliards de dollars supplémentaires pour la protection des frontières.

"Dans ces temps dangereux, notre attention accrue portée à la sécurité publique et nationale envoie un message clair au monde: un message de force et de détermination", écrit en préface de ce document Donald Trump. En déplacement à l'étranger, le président n'a pas défendu en personne son premier budget.

L'administration entend notamment consacrer 1,6 milliard de dollars à la construction du mur que le président Trump veut ériger le long de la frontière américano-mexicaine. Ce montant reste toutefois très éloigné du coût de ce chantier colossal, estimé à au moins 20 milliards de dollars.

- Coupes drastiques -

Dans le même temps, ce projet censé financer l'Etat fédéral après la fin de l'exercice actuel fin septembre se veut vertueux et opère des coupes drastiques pour renouer avec un excédent budgétaire en 2027.

Jugé non-prioritaire, le département d'Etat, en charge de la diplomatie américaine, voit ainsi ses dotations fondre de près d'un tiers tout comme l'agence de protection de l'environnement (EPA), honnie par les républicains et l'industrie pétrolière.

Sur le plus long terme, c'est toutefois l'aide sociale qui est la plus mise à contribution pour assainir les finances publiques.

Sur les dix prochaines années, l'exécutif veut ainsi économiser 1.700 milliards de dollars en réduisant de 800 milliards le programme d'accès aux soins des plus pauvres (Medicaid) et en baissant les dotations sur les coupons alimentaires (-193 milliards) et l'aide aux handicapés.

L'administration s'est toutefois défendu de tout manque de "compassion".

"La compassion doit se trouver des deux cotés de l'équation. Oui nous devons avoir de la compassion pour les gens qui reçoivent des fonds fédéraux mais nous devons également avoir de la compassion pour les gens qui les financent", a assuré M. Mulvaney, en ajoutant qu'aucune "personne qui en a vraiment besoin ne sera écarté des programmes" d'assistance sociale.

L'administration, fait-il valoir, laisse intactes la couverture santé pour les plus de 65 ans (Medicare) et les retraites (Social Security) et crée un congé parental payé de six semaines, pour un coût estimé à 18 milliards sur 10 ans.

Ces coupes dans les programmes sociaux ont provoqué une levée de boucliers de l'opposition démocrate. Leur chef de file au Sénat, Chuck Schumer, a ainsi dénoncé "une violation colossale et flagrante de la promesse faite aux travailleurs américains".

Centre de réflexion indépendant, le Center on Budget and Policy Piorities a lui aussi estimé que le budget "enterrait définitivement l'idée que le président Trump entendait prendre soin des millions de personnes que l'économie a laissées sur le bas-côté".

Le budget a également été critiqué pour son manque de réalisme: il est bâti sur une croissance économique de 3%, soit quasiment le double de celle atteinte en 2016 (1,6%). Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a soutenu mardi que ce projet de budget et la réforme à venir de la fiscalité allaient "créer de la croissance".

Un de ses prédécesseurs, le démocrate Larry Summers, n'a pas été convaincu. "On ne peut être d'accord qu'à condition de croire aux contes de fées".

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