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Le Conseil de Paris approuve la piétonnisation des berges de Seine rive droite

Le Conseil de Paris a voté lundi la piétonnisation des berges de Seine rive droite au cœur de la capitale, un projet critiqué par la droite et les élus de banlieue, et dont les effets sur la circulation sont contrastés.

Il a approuvé la "déclaration de projet de piétonnisation définitive" de ces berges, avec toutes les voix des partis de gauche (PS-PCF, PRG, PG) et des écologistes. À droite, LR et UDI ont voté contre, le MoDem s'est abstenu, lors de débats pugnaces mais courtois dans l'ensemble.

La maire de Paris, Anne Hidalgo (PS), a salué une "décision historique, la fin d'une autoroute urbaine à Paris et la reconquête de la Seine".

Ce projet ferme définitivement la voie Georges-Pompidou à la circulation automobile sur 3,3 km du quai bas, de l'entrée du tunnel des Tuileries (Ier arrondissement) à la sortie du tunnel Henri-IV (IVe arrondissement). La décision prévoit également un principe de réversibilité, avec un bilan à six mois et un an.

Quelque 43.000 véhicules circulaient chaque jour sur ces berges classées au patrimoine mondial de l'Unesco.

Un arrêté municipal définitif suivra le vote dans quelques semaines. Il doit comprendre un avis conforme du préfet de police de Paris, qui a voix au chapitre en matière de circulation dans la capitale.

Avant les débats, Mme Hidalgo avait affirmé que cette décision était "souhaitée par les Parisiens, bénéfique sur les plans urbain et culturel, et absolument indispensable sur le plan sanitaire et environnemental".

La maire, qui veut réduire la place de la voiture à Paris, a rappelé que la pollution de l'air provoquait "2.500 décès chaque année" dans la capitale et 6.500 dans la métropole parisienne. Le trafic "génère aujourd’hui deux tiers des émissions de dioxyde d’azote et 56% des particules fines dans Paris", a-t-elle dit.

- Une décision sous surveillance -

Côté opposition, Nathalie Kosciusko-Morizet, cheffe du groupe Les Républicains, a dénoncé un projet "conduit en force", sans concertation et qui "ne pouvait se concevoir qu'à l'échelle de la métropole". C'est aussi "un projet mal préparé, aux effets sur la qualité de l'air bien incertains".

Pour le président du groupe UDI-MoDem, Éric Azière, ce projet a été exécuté trop rapidement car il "prend en compte un calendrier politique", avant l'élection présidentielle.

Yann Wehrling a expliqué l'abstention du MoDem en déplorant une décision "ponctuelle, inutilement polémique" et en souhaitant un plan "métropolitain".

Pendant les débats, dans la tribune du public, quelques élus LR, venus notamment du Val-de-Marne et portant leur écharpe tricolore, ont chahuté à plusieurs reprises la séance.

Le projet est critiqué depuis des mois, principalement à droite et en banlieue, où on crie à la "thrombose" annoncée pour le trafic routier. La mairie de Paris affirme au contraire que les effets seront "concentrés et temporaires" dans l'hyper-centre, avec des reports en banlieue "extrêmement mineurs".

Une étude de la Ville sur les trois premières semaines de septembre, dévoilée dimanche, a montré une hausse du trafic de 13% à 73% selon les heures sur les quais hauts. Et la situation est "tendue" en termes de temps de parcours, par exemple sur le boulevard Saint-Germain. Des chiffres "conformes, voire inférieurs aux prévisions", selon la mairie.

La piétonnisation a été mise sous surveillance avec la mise en place de divers observatoires de la région Ile-de-France et de la Métropole du Grand Paris (MGP).

Le préfet de police de Paris, Michel Cadot, a annoncé lundi qu'un "comité technique de suivi" se réunira pour la première fois le 3 octobre et tous les deux mois, avec État, collectivités, organismes de transports et d'études de qualité de l'air, et associations d'usagers.

Après le vote du Conseil de Paris, le Medef Grand Paris, qui "redoute les impacts négatifs" sur les entreprises, a annoncé qu'il ferait un bilan au bout de trois mois.

Le Front national d'Ile-de-France a dénoncé un "mépris de classe pour les habitants de banlieue". Sylvain Berrios, député-maire LR de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), a annoncé qu'il attaquerait en justice une décision "contraire aux intérêts métropolitains".

À l'inverse, la fédération France Nature Environnement s'est réjouie que "Paris ouvre la voie à la ville de demain".

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