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Patrouilles "anti-burkini" sur la Côte d'Azur: Cazeneuve met en garde contre la "stigmatisation" des musulmans

Confronté à une vague d'indignation sur les réseaux sociaux et dans la presse étrangère, après les photos du contrôle sur une plage de Nice d'une femme voilée, Bernard Cazeneuve a mis en garde mercredi contre la "stigmatisation" des musulmans.

Les photos du contrôle mardi d'une femme portant un foulard turquoise et une tunique, publiées par le Daily Mail, ont provoqué une réunion en urgence entre gouvernement et responsables musulmans, sur fond de polémique autour des arrêtés dits "anti-burkini" sur laquelle les responsables politiques ne manquent pas de rebondir.

"La mise en œuvre de la laïcité et la possibilité de prendre ces arrêtés ne doit pas conduire à des stigmatisations ou à +l'antagonisation+ des Français les uns contre les autres", a jugé le ministre de l'Intérieur, à l'issue de cette rencontre réclamée par président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Anouar Kbibech.

Ce dernier a expliqué à la presse qu'il était venu faire part au ministre de la "forte émotion et forte inquiétude au sein des musulmans de France".

Anouar Kbibech, qui a réaffirmé "l'attachement des musulmans de France aux valeurs de la République", s'est dit "totalement rassuré par l'engagement pris par le ministre (d'être) dans un État de droit", à l'issue de l'entretien.

"Comme l'a indiqué le Premier ministre", "il peut être pris des arrêtés en cas de troubles à l'ordre public, mais ces arrêtés doivent être pris dans un cadre où les mesures sont rigoureusement proportionnées et permettent de faire cesser ou de prévenir les troubles à l'ordre public", a jugé M. Cazeneuve, qui a renvoyé sur le fond au Conseil d’État.

La plus haute juridiction administrative française se penchera jeudi sur l'arrêté "anti-burkini" de Villeneuve-Loubet avec pour délicate mission d'évaluer, une fois pour toutes, la légalité de ces interdictions.

- Incompréhension à l'étranger -

Pour Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de la droite, "ne rien faire" contre le burkini "serait acter un nouveau recul de la République", dans un entretien au Figaro Magazine. L'ancien chef de l’État propose une loi "qui interdise tout signe religieux à l'école mais également à l'université, dans l'administration et aussi dans les entreprises".

Le Front national va encore plus loin, en se prononçant pour "une loi d'interdiction générale des signes religieux ostensibles dans l'ensemble de l'espace public".

A Nice, théâtre d'un sanglant attentat jihadiste qui a fait 86 morts le soir du 14 juillet, la polémique est née des photos prises au téléobjectif d'une estivante voilée, qui apparaît d'abord allongée sur les galets de la Promenade, tandis que quatre policiers municipaux s'approchent. On la voit ensuite assise, entourée des fonctionnaires, puis faisant le geste d'ôter sa tunique.

Selon la mairie de Nice, contactée par l'AFP, elle ne s'est pas dévêtue, ni n'a été forcée à le faire. Elle venait de se baigner, selon la mairie, et a montré aux policiers qu'elle avait un maillot de bain sous sa tunique, portée sur un legging descendant jusqu'aux chevilles. Comme elle refusait de se baigner autrement, elle a eu une amende puis a quitté la plage.

"La police municipale a parfaitement fait respecter l'arrêté", s'est défendu le premier adjoint au maire, Christian Estrosi.

Après la publication mardi soir des photos, le hashtag #WTFFrance (What the fuck France) était utilisé dans plusieurs dizaines de milliers de tweets mercredi après-midi.

Pour la militante Sihame Assbague, retwittée plus de 7.000 fois, la scène ridiculise la France: "Ça va jusqu'à déshabiller des femmes sur la plage. Risée du monde que vous êtes". L'actrice Susan Sarandon fait elle aussi part de son incompréhension en retweetant la photo.

Nice, où au moins 24 femmes ont été verbalisées depuis le début de la semaine, fait partie de la trentaine de communes qui a interdit cet été la plage à toute personne n'ayant pas une tenue "respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité".

A Cannes, l'arrêté a conduit à verbaliser le 16 août une jeune mère de famille musulmane, venue à la plage coiffée de son voile, sous l'œil de badauds lui criant "rentre chez toi !".

Sur ce cas, le Parti socialiste a dénoncé "une dérive particulièrement dangereuse", émanant de l'intervention de police et "de l'attitude de la foule présente ce jour-là sur cette plage".

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