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Le cours de religion sur la sellette dans les écoles publiques d'Alsace-Moselle

Faut-il maintenir une heure hebdomadaire de religion dans les écoles publiques d'Alsace et de Moselle? Le gouvernement a lancé une concertation sur le sujet, dans l'espoir d'aboutir à un "consensus", comme l'a souligné cette semaine le président Hollande à Strasbourg. Mais les associations pro-laïcité s'impatientent.

Dans les trois départements concernés - qui étaient allemands de 1871 à 1918 - les lois sur la laïcité votées en France durant cette période ne s'appliquent pas. Les cours de religion y sont donc toujours au programme des écoles publiques - même si la dispense est de droit pour toutes les familles qui la demandent.

Ces leçons sont dispensées par des intervenants payés par l'Education nationale mais choisis par les représentants des cultes reconnus (catholique, protestant et juif) qui en définissent aussi les contenus.

En avril dernier, un collectif d'organisations laïques et de syndicats enseignants - ainsi que la fédération de parents d'élèves FCPE - avait lancé depuis Paris un appel à réformer les modalités de cet enseignement, conformément aux préconisations formulées en mai 2015 par l'Observatoire de la laïcité, rattaché à Matignon.

"Ce que nous demandons, c'est que les parents qui ne veulent pas du cours de religion ne soient plus obligés de demander une dispense. A l'inverse, ce sont les familles qui le souhaitent qui devraient faire la démarche de s'y inscrire. Cela deviendrait une option", résume Michel Seelig, du collectif "Laïcité d'accord".

Sur ce point, les Eglises catholique et protestante n'ont pas manifesté d'opposition frontale. En revanche, elles sont beaucoup plus réservées quant à l'autre demande des militants pro-laïcité, qui voudraient que l'heure de religion ne soit plus intégrée dans les 24 heures de cours hebdomadaire des enfants du primaire, mais que ce soit une 25e heure, optionnelle. Ceci afin que les élèves alsaciens et mosellans bénéficient d'autant d'heures de cours consacrées aux enseignements fondamentaux que leurs homologues du reste de la France.

- "On n'y arrivera jamais !" -

Jeudi, les militants laïcs avaient mis tous leurs espoirs dans le déplacement à Strasbourg de François Hollande, venu ouvrir le congrès de la Ligue de l'enseignement, qui fête ses 150 ans.

Sur ce thème de l'enseignement religieux, le président s'est toutefois contenté d'évoquer la "concertation" récemment lancée par le ministère de l'Education auprès des élus locaux, des représentants des cultes et du monde éducatif. Mais il n'a pas fait d'annonce, soulignant seulement qu'il fallait "respecter" le droit local "parce qu'il fait partie de l'Histoire". L'objectif de la concertation est de dégager un "consensus" et des "solutions intelligentes", a-t-il ajouté.

Pour les associations pro-laïcité, "le verre est à moitié plein". "Si le consensus, ça veut dire que tout le monde doit être d'accord, on n'y arrivera jamais!", s'inquiète Christian Chevalier, secrétaire général du syndicat des enseignants SE-UNSA. Notamment si cela suppose que les cultes consentent à abandonner une partie de leurs "privilèges", renchérit M. Seelig, de "Laïcité d'accord".

Interrogée par l'AFP, la ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, s'est dite confiante quant à la possibilité d'arriver à des "solutions" qui préserveraient à la fois le droit local et l'égalité de tous les élèves. "Quand on fait confiance aux acteurs locaux, à l'intelligence collective, on peut trouver des solutions", a-t-elle affirmé.

Pour les militants pro-laïcité, il y a cependant "urgence" à agir avant un éventuel retour au pouvoir, en 2017, d'une droite peu encline à réformer en la matière.

Le président (LR) du conseil départemental du Haut-Rhin, Eric Straumann, a ainsi clairement pris position pour le "statu quo", et contre un "nouveau grignotage du droit local totalement inacceptable". "Si cette première digue tombe, c'est l'ensemble du Concordat qui est menacé", a ajouté M. Straumann, convaincu que "l'Etat cherche des solutions à des problèmes qui n'existent pas".

Reste que, réforme ou pas, le cours de religion est de moins en moins plébiscité par les familles. L'an dernier, seuls 53% des élèves du primaire en Alsace le fréquentaient, alors qu'ils étaient encore 71% en 2006. Et au lycée, ils n'étaient plus que 13% en 2015.

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