Accueil Actu

Le danseur Brahim Zaibat condamné pour un selfie avec Jean-Marie Le Pen dormant dans un avion

La justice a ordonné mercredi au danseur Brahim Zaibat de retirer un "selfie", publié à la veille du second tour des régionales, avec Jean-Marie Le Pen faisant une sieste dans un avion et l'a condamné à lui verser un euro.

Le 12 décembre, il avait publié sur les réseaux sociaux une photo le montrant avec le cofondateur du Front national endormi dans un avion, bouche légèrement ouverte, accompagnée du commentaire: "Mettez les KO demain en allant tous voter. Pour préserver notre France fraternelle !!!"

Jean-Marie Le Pen avait alors saisi la justice pour atteinte à la vie privée et au droit à l'image, demandant, outre le retrait du cliché, pris deux années auparavant, la somme de 50.000 euros.

Ce "selfie" a été réalisé par Brahim Zaibat alors qu'il se trouvait juste derrière M. Le Pen sur un vol Paris-Nice, le surprenant en pleine sieste "la tête renversée en arrière sur l'appuie-tête de son fauteuil et la bouche entrouverte, M. Zaibat apparaissant quant à lui sur la partie gauche du cliché, la mine ostensiblement réjouie par la scène qu'il photographie", décrit le tribunal de grande instance de Paris, dans une ordonnance de référé (procédure d'urgence), consultée par l'AFP.

"S'il présente un caractère humoristique et a été utilisé par le demandeur pour faire passer un message politique", "ce cliché n'en constitue pas moins une atteinte au droit exclusif dont M. Le Pen dispose sur son image", a tranché le tribunal.

Pour la juge, il a été "réalisé et diffusé sans son autorisation et sans être justifié par le sujet d’actualité politique en cause avec lequel il ne se rattache que de manière artificielle".

Relevant toutefois que le cliché, qui surprend M. Le Pen "dans un moment d'intimité", n'est "ni dégradant ni malveillant", contrairement à ce que soutient M. Le Pen, le tribunal lui a alloué un euro de provision.

Il a en outre ordonné à M. Zaibat de supprimer la photo dans les 48 heures, sous astreinte de 1.000 euros par jour de retard, lui interdit de le publier à nouveau, sous astreinte de 1.000 euros par infraction constatée. Il devra aussi lui verser 3.000 euros pour les frais de justice.

Brahim Zaibat fait appel de cette décision, a indiqué à l'AFP son avocat, Me Vincent Tolédano.

"Nous demanderons donc à la cour d’appel de Paris de rappeler que les personnes publiques doivent supporter le regard critique des citoyens et qu’aucune nécessité impérieuse ne commandait en l’espèce de limiter le droit de Brahim Zaibat à combattre l’abstention et le score de l'extrême droite à la veille d’une importante échéance électorale", a-t-il déclaré.

Cette décision "fait bien la différence" entre une volonté de "faire le buzz et ce qui aurait été une action politique", a quant à lui réagi l'avocat de M. Le Pen, Me Frédéric Joachim. "Quand Jean-Marie Le Pen gagne, on ne lui accorde qu'un euro", a souligné l'avocat, venu en tant qu'observateur au procès de Jean-Marie Le Pen pour sa dernière sortie sur le "détail" de la Seconde Guerre mondiale que seraient selon lui les chambres à gaz.

Dans cette affaire, qui devait être examinée en fin d'après-midi par le tribunal correctionnel de Paris, Jean-Marie Le Pen est représenté par un autre avocat, et invoque son immunité parlementaire.

À la une

Sélectionné pour vous