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Le "Frexit" du FN, encore flou mais potentiellement plus radical que le "Brexit"

Le Front national de Marine Le Pen souhaite un "Frexit" aux contours encore assez flous mais potentiellement plus radical que le "Brexit" britannique, avec pour la France la sortie de l'euro, du marché unique, de Schengen...

Si elle accédait à l'Elysée en mai 2017 -les sondages la donnent tous qualifiée pour le second tour de la présidentielle de 2017 mais perdante au final- que ferait Mme Le Pen concernant l'UE, principale source selon elle des maux français ?

En apparence, c'est simple: sur la nouvelle affiche frontiste dévoilée vendredi, des mains se libèrent de chaînes, la case "Brexit" est cochée et le message est écrit en gros : "Et maintenant, la France!"

Devant la presse, Marine Le Pen l'a assuré: "oui", "il est possible de sortir" de cette UE qualifiée de "totalitaire" ou de "prison des peuples".

La ligne est pourtant plus complexe au FN. En cas de victoire, Marine Le Pen engagerait "dans les six mois" un référendum sur la sortie de l'UE.

Pendant cette période, elle négocierait à Bruxelles le "retour en France de quatre souverainetés essentielles: territoriale, monétaire, législative et économique".

Le FN souhaite en effet sortir à la fois le pays de l'espace Schengen, afin de "retrouver la maîtrise" des frontières, du marché unique, pour établir un "protectionnisme intelligent", et de l'euro.

La Grande-Bretagne, qui tente de mettre en oeuvre depuis vendredi la sortie de l'UE qu'elle a votée, était déjà un membre "allégé" de l'UE, ne faisant pas partie des zones euro et Schengen, et les "Brexiters" semblent vouloir conserver l'accès au marché unique.

Cette discussion avec Bruxelles, que le FN évoquait déjà en 2012, vise à ne pas brusquer des électeurs qui, hors FN (largement favorables), sont aux trois quarts hostiles à une sortie de la France de l'UE, selon un sondage Odoxa publié vendredi.

- "Un discours radicalisé" -

Sur l'euro précisément, la position frontiste est généralement résumée par "la sortie de l'euro", qui sous-entend un retour au franc. C'est écrit noir sur blanc sur le site internet du parti.

Mais en parallèle, le parti défend aussi ("depuis 2008", assure Bernard Monot, "stratégiste économique" du parti) la transformation de l'euro en monnaie commune aux Etats européens volontaires, "un euro commercial pour les échanges internationaux" aux côtés d'un nouveau franc.

Cette position est rarement mentionnée par les dirigeants frontistes dans leurs discours, absente du programme présidentiel complet de Marine Le Pen ou de sa profession de foi.

A ce flou, s'ajoute la position de Marion Maréchal-Le Pen, pour qui la suppression de l'euro n'est pas "l'alpha et l'oméga des solutions" frontistes là où la direction du parti en fait la clé de voûte pour démolir l'édifice "européiste".

Pour la députée du Vaucluse, le FN doit d'abord agir sur "les comptes publics, le droit du travail, le statut des fonctionnaires, la fiscalité, la simplification administrative". Une fois ces réformes "accomplies, nous serons alors en position d'une sortie concertée de la zone euro sans nous mettre à la merci de nos créanciers", expliquait-elle début février.

Le FN veut-il au final donc "son" UE à la carte ou un retrait net ? "Marine Le Pen élue le dimanche, on casse pas l'euro le lundi. Ca se prépare, ça s'anticipe", prévenait un dirigeant en janvier.

"Nos positions ont pu prêter le flanc à la caricature, à cause d'une radicalisation de notre discours depuis 2012", s'inquiétait un autre récemment.

Dans un édito de janvier 2013, le maire FN d'Hénin-Beaumont Steeve Briois décryptait ainsi l'annonce par David Cameron du référendum britannique: "L’Europe à la carte, en fonction du seul intérêt national."

Devant l'Assemblée nationale mardi, Manuel Valls a pourtant prévenu, évoquant la discussion actuelle avec la Grande-Bretagne, que "l'entre deux, l'ambiguïté ne sont pas possibles" entre un pays de l'UE et celle-ci.

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