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Le Maire et Vallaud-Belkacem s'accusent mutuellement d'avoir "saccagé" l'éducation nationale

Bruno Le Maire et Najat Vallaud-Belkacem se sont accusés mutuellement d'avoir "saccagé" l'éducation nationale, jeudi lors d'un débat sur la réforme du collège, au cours duquel le député UMP et la ministre PS ont campé sans surprise sur leurs positions.

M. Le Maire, invité à s'exprimer le premier par tirage au sort lors de ce débat d'une heure sur Europe1 et iTELE, a regretté que la confrontation se tienne au lendemain de la publication au Journal officiel du décret sur la réforme.

"Cette réforme se prépare depuis longtemps, elle est prévue dans la loi de refondation sur l'école adoptée il y a vingt-deux mois. Ce décret est bien tardif", a répondu la ministre de l'Education nationale.

"Je suis convaincu que cette réforme du collège va entraîner plus d’inégalités et plus d'injustice en France", a répliqué M. Le Maire, répétant que la droite supprimerait cette réforme si elle gagnait en 2017.

"Votre idéal de société, c'est un collège qui ne soit pas accessible à tous les enfants", lui a rétorqué Mme Vallaud-Belkacem, lui reprochant de promouvoir "un collège à deux vitesses", avec une "sélection" des enfants dès 11 ans.

Le dialogue a été courtois entre ces deux personnalités politiques, toutefois marqué par un vif échange, quand ils se sont mutuellement accusés d'avoir "saccagé" l'école.

A la ministre qui venait de reprocher à la droite d'avoir "saccagé l'éducation nationale - pour employer un terme parfaitement approprié", a-t-elle insisté, le député UMP a répliqué: "Vous aussi, vous l'avez saccagée, vous avez supprimé les bourses au mérite, les internats d'excellence".

Mme Vallaud-Belkacem, qui dénonce régulièrement la suppression par la droite de la formation initiale des enseignants, a également reproché à son adversaire la réduction du nombre d'heures de cours en primaire lors du passage à la semaine de quatre jours.

- Points de discorde -

Sans répondre directement à la ministre sur ce point précis, M. Le Maire a demandé à la ministre d'ajouter "quinze heures de français" en primaire, pour permettre aux élèves de "maîtriser notre langue, une priorité absolue", à l'entrée au collège.

Bruno Le Maire, qui a présenté ses propres mesures en faveur du collège il y a quelques jours dans Libération, a répété qu'il voulait la suppression du collège unique au profit d'un "collège diversifié", avec un tronc commun pour les enseignements fondamentaux.

"Vous ne l’assumez pas mais vous réduisez l’apprentissage des matières fondamentales", a également reproché M. Le Maire à la ministre, un temps qui sera pris, selon lui, pour "l'accompagnement personnalisé" des élèves et "l’interdisciplinarité" prévus par la réforme.

"Cette réforme n'invente rien", elle "généralise des choses qui ont fonctionné" sur le terrain, a réitéré la ministre.

"Vous voulez empêcher les meilleurs de devenir encore meilleurs et ceux qui ont des difficultés de progresser", a affirmé M. Le Maire. "Nous voulons nous adapter à la singularité de chaque collégien", grâce à la part d'autonomie accordée à chaque établissement, a plaidé Mme Vallaud-Belkacem.

Autre point de discorde: le bilinguisme (Le Maire est contre la deuxième langue vivante obligatoire, estimant qu'il faut d'abord "maîtriser le français", Vallaud-Belkacem veut au contraire un LV2 dès la 5e pour tous) et l'apprentissage.

"Je suis contre (le fait d')envoyer tous nos enfants dans l'enseignement général", alors qu'"au contraire, il faut reconnaître le talent de chacun", a-t-il dit.

Pour lui, l'objectif ne doit pas être 80% d'une classe d'âge au bac, mais "100% d'une classe d'âge avec un emploi".

Réplique de Mme Vallaud-Belkacem: "Vous êtes donc contre le collège unique, l'ambition d'amener toute une classe d'âge à maîtriser le socle commun", dont la première version a été conçue sous François Fillon en 2005, a-t-elle rappelé. "Votre objectif est de revenir à avant le collège unique", avec seulement 30% des élèves qui obtiennent le bac", a-t-elle critiqué. Au contraire, dans le monde actuel, "on a besoin d'être qualifié".

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