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Le soutien moral et financier de Hollande aux militaires de Sentinelle

Les soldats mis à forte contribution dans le cadre de l'opération Sentinelle ont reçu lundi matin l'appui moral mais aussi financier de François Hollande, qui a salué la "noblesse" de leur mission, "la même" que celle des militaires engagés au Moyen-Orient et au Sahel.

Lors d'une visite au Fort de Vincennes à Paris au côté du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, le chef de l'Etat a annoncé "de nouvelles mesures complémentaires de l'amélioration de la condition du personnel militaire", via "la revalorisation de l'indemnité de sujétion spéciale d'alerte opérationnelle et également pour compenser les permissions" supprimées, sans préciser le budget et l'ampleur de ces mesures.

Devant une centaine de soldats réunis pour son discours, celui qui est aussi chef des armées a aussi exprimé sa "reconnaissance" et sa "gratitude" à ces "sentinelles de la République" pour la "mission noble et digne" qu'ils accomplissent depuis janvier 2015. "La France a besoin de vous", a-t-il dit.

M. Hollande a longuement détaillé la "conscience" qu'il avait des "conséquences" de sa décision prise immédiatement après l'attentat meurtrier de Nice le 14 juillet, celle de maintenir l'opération à 10.000 soldats alors que la Défense avait annoncé le 7 juillet qu'elle repasserait à 7.000 soldats après l'Euro de football.

Je sais "ce que représente pour vos vies personnelles et vos familles" cette mobilisation, évoquant "les vacances reportées, les permissions annulées, les événements familiaux annulés".

Il avait peut-être aussi à l'esprit cette enquête du Cevipof de janvier selon laquelle chez les policiers et militaires, les intentions de vote fin 2015 atteignaient 51,5% en faveur du Front national.

Selon le contrat des armées défini après les attentats de 2015, le seuil de 10.000 soldats pour Sentinelle, en vigueur depuis novembre 2015, devrait en théorie n'être déclenchable que pour "un mois en cas de crise ou d'événement exceptionnel."

Ce niveau de mobilisation est jugé très lourd pour des armées déjà fortement engagées sur des théâtres extérieurs, notamment au Sahel (opération Barkhane) et au Moyen-Orient (Chammal).

Le gouverneur militaire de Paris Bruno Le Ray a évoqué devant le chef de l'Etat "l'amplitude horaire très importante" des soldats de Sentinelle, qui travaillent "deux jours sur trois avec un réveil parfois à quatre ou cinq heures du matin et jusqu’à minuit."

Le chef d'état-major des armées Pierre de Villiers a lui relevé que si ce chiffre de 10.000 "pose tant de problèmes, c'est qu'on ne peut pas mettre n'importe qui" sur le terrain, ce qui serait "extrêmement dangereux".

- "Nouvelles décisions" en août -

M. Hollande a d'ailleurs insisté sur le caractère "très différent" de Sentinelle, une "opération militaire", par rapport à Vigipirate. "Il ne s'agit pas de mettre du kaki" dans les rues, couleur traditionnelle de l'uniforme militaire, "en espérant que les gens soient rassurés". Avec Sentinelle, les militaires "peuvent intervenir" en cas d'attaque, a distingué le président.

Experts et hommes politiques s'interrogent pourtant sur l'opportunité de mobiliser autant de soldats pour une mission de sécurité intérieure. Le rapporteur de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de novembre, le socialiste Sébastien Pietrasanta, estimait ainsi que l'état d'urgence décrété après les attaques jihadistes et Sentinelle n'ont qu'"une portée limitée sur la sécurité nationale".

Les députés recommandaient de réduire progressivement le nombre de soldats de Sentinelle et de renforcer en contrepartie le plan Vigipirate avec le recrutement de 2.000 policiers et gendarmes.

"L'opération Sentinelle doit être adaptée pour maintenir sa bonne articulation avec la police et la gendarmerie", concédait Jean-Yves Le Drian juste avant le 14 juillet.

Alors que les militaires préfèrent les patrouilles aux trop nombreuses gardes statiques, M. Hollande a remarqué lundi que "Sentinelle a évolué, a bougé, elle est devenue plus mobile, couvrant plus de sites".

L'opération a été récemment rééquilibrée de Paris vers la province et focalisée sur "le contrôle des flux aux frontières, dans les gares, les aéroports, et la sécurisation des grands rassemblements estivaux".

"Nous allons encore améliorer et parfaire le dispositif. A la fin du mois d'août, j'aurai à prendre de nouvelles décisions" sur le sujet, a d'ailleurs annoncé le chef de l'Etat.

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